Forum Suisse pour la durabilité environnementale du système de santé. Comment réussir la transformation ?

Introduction

Une rencontre pour imaginer concrètement comment rendre le système de santé durable et respectueux des limites planétaires. Voilà l’objectif que s’était fixé le Forum suisse pour la durabilité du système de santé organisé par l’Académie suisse des sciences médicales (ASSM) qui s’est tenu à l’Eventforum de Berne le 8 juin 2023. L’événement a réuni non seulement de nombreux professionnels de la santé mais aussi des étudiants, des personnalités politiques, des représentants d’associations et des patients-partenaires pour débattre de ce sujet.

Source de grandes préoccupations autour de l’augmentation des coûts, du nombre de patients, des primes d’assurance, des attentes en matière de soins, le système de santé, qui contribue de façon significative à la crise environnementale, doit en effet être repensé (figure 1), comme l’a relevé le Pr Henri Bounameaux, président de l’ASSM, ancien doyen de la Faculté de médecine de Genève dans son introduction.

Triple constat : vision systémique pour un système de santé durable

Fig 1

« Le système de santé suisse est responsable de 5 à 8 % de l’empreinte carbone du pays. Or, comme pour le climat, les ressources à disposition du fonctionnement des soins ne sont pas inépuisables ». Comment le rendre plus durable et respectueux des limites planétaires ?

Une des mesures phares proposées par l’ASSM lors de cette journée de réflexion a été la création du Consortium suisse pour la santé durable et la transition écologique du système de santé,¹ une initiative élaborée en étroite collaboration avec la Plateforme durabilité et santé de la Faculté de biologie et médecine de l’Université de Lausanne (UNIL) et réunissant différents acteurs de la santé.^a. Pour le Pr Henri Bounameaux, ce consortium doit permettre d’améliorer la concertation et l’implémentation des mesures qui ont prouvé leur efficacité. « Malgré les engagements forts qui se multiplient autour de l’urgence écologique, les initiatives restent peu coordonnées et souvent invisibles aux yeux du grand public, a-t-il déploré dans son allocution. Il est apparu essentiel à l’ASSM d’offrir une plateforme, sous la forme de ce Consortium, pour avancer ensemble face à l’urgence de la transition écologique. »

Lors de cet événement réunissant près de 200 personnes et modéré par Jean-Daniel Strub, deux grandes thématiques ont été abordées. La première a porté sur les mesures proposées à travers la feuille de route de l’ASSM pour des services de santé suisses durables dans les limites planétaires et au travers des 43 projets innovants et créatifs.
La seconde a mis en lumière les différentes implications citoyennes au travers de voix transgénérationnelles et a permis les échanges entre participants lors d’une assemblee-participative. La journée s’est close par un podium interactif.

¹ www.assm.ch/consortium-durabilite
^a Composition du Consortium (état juillet 2023) : Académie Suisse des Sciences Médicales (ASSM), Association suisse des Commissions d’éthique de la recherche (swissethics), Association Suisse des Étudiants en Médecine (swimsa), Association suisse des infirmières et infirmiers (SBK – ASI), Médecins en faveur de l’environnement (MfE), Médecine Universitaire Suisse (unimedsuisse), Santé Publique Suisse, Swiss School of Public Health (SSPH+) ; institution hôte : Office fédéral de la santé publique (OFSP).

I.Pour des services de santé suisses durables dans les limites planétaires

« Le dérèglement climatique est la menace majeure pour la santé publique au 21^e siècle, souligne la Dre Julia Gonzalez Holguera, coordinatrice de la Plateforme durabilité et santé de la Faculté de biologie et de médecine de UNIL. Et pourtant, même la définition de la santé proposée par l’OMS n’intègre pas les facteurs environnementaux parmi les déterminants de la santé. » Une réalité qui appelle dès aujourd’hui à une prise de conscience collective et à la mise en place d’actions concrètes et adaptées au contexte pour mener à une transformation majeure dans tous les secteurs, dont le système de santé.

C’est pour mener concrètement cette transformation que l’ASSM a publié, en 2022, une feuille de route qui énumère trois leviers d’action prioritaires : réduire l’utilisation des services de soin, adapter les pratiques de soins et améliorer l’efficience environnementale (figure 2). Élaborée en collaboration avec une soixantaine d’experts en durabilité et santé, réunis à Lausanne en mai 2021, « ce cadre de réflexion représente une première étape pour repenser nos modes de fonctionnements », indique le Pr Nicolas Senn, chef du Département de médecine de famille à Unisanté et coauteur, avec Julia Gonzalez, de cette feuille de route.²

Sept propositions concrètes ont ainsi été rédigées :

Réduire la demande des services de santé

1. Renforcer l’engagement citoyen, communautaire et institutionnel pour accélérer la transition écologiques de la société 2. Repenser le concept et la définition de la santé comme étant liée aux déterminants environnementaux 3. Dé-(bio)médicaliser et resocialiser la santé

Adapter les pratiques de soins de santé

4. Développer un nouveau paradigme pour une médecine et des soins durables 5. Promouvoir d’autres pratiques de soins et intégrer des questions environnementales dans la pratique médicale

Améliorer l’efficacité environnementale

6. Engager les institutions de soins dans une démarche de durabilité forte

Action transversale

7. Former et sensibiliser des professionnels de la santé aux enjeux de durabilité environnementale

Fig 3

Selon les deux auteurs, le « verdissement des chaînes d’approvisionnement », bien que nécessaire, ne suffira pas à mener une transition socio-écologique cohérente du système de santé. Le modèle économique actuellement prédominant, centré sur une logique de production de soins, est incompatible avec une vision durable. Un shift complet s’impose, en tenant compte du système fragmenté et non régulé qui caractérise la Suisse.

² www.assm.ch/forum-durabilite

II.43 projets pour une meilleure durabilité du système de santé

La santé humaine est de plus en plus affectée par les dégradations environnementales. Par ailleurs, les services de santé contribuent de façon importante à la crise climatique actuelle. Finalement, on observe que ces mêmes services de santé montrent leurs limites en termes de capacité à fournir des soins de qualité, efficaces, efficients et équitables. Dès lors, comment peut-on les repenser, pour les rendre plus durables et respectueux des limites planétaires ? C’est la question qui fut au cœur de l’appel à projets lancé par l’ASSM en novembre 2022, ouvert à tout projet ambitieux, innovant et créatif s’inscrivant dans l’une des sept propositions de la feuille de route.

43 projets (figure 4) ont ainsi été sélectionnés et présentés lors du Forum sous forme de présentations orales et de posters.

Ces travaux, recouvrant des domaines aussi divers que la médecine, les sciences de la santé, les sciences humaines et sociales et les sciences de l’environnement, ont pu être répartis selon deux axes :

Thématique (gouvernance, formations/sensibilisation, analyse d’impact environnemental des soins, outils/ressources)
Géographique (local, cantonal, fédéral ou international)

Carte interactive

Cliquez sur les puces pour lire le détail des projets

Légende

Outils/ressources

Gouvernance

Formations/sensibilisation

Analyse d’impact environnemental des soins

Fig 4

III.Voix transgénérationnelles sur les services de santé du futur

La transition du système de santé vers une forme plus durable préoccupe toutes les tranches d’âge. D’après une étude internationale,³ 84% des jeunes de 16 à 25 ans se disent inquiets, voire « extrêmement » inquiets, face au changement climatique. Les organisations suisses engagées pour le climat comptent dans leurs rangs des activistes de toutes les générations. L’ASSM a choisi de donner la parole lors du Forum à la jeunesse et aux aînés, pour montrer à quel point le changement climatique est une préoccupation sociale globale. Les quatre interventions sont synthétisées sous forme de deux questions posées à chaque intervenant.

84%

des jeunes de 16 à 25 ans se disent inquiets, face au changement climatique.

³ Marks, Elizabeth and Hickman, Caroline and Pihkala, Panu and Clayton, Susan and Lewandowski, Eric R. and Mayall, Elouise E. and Wray, Britt and Mellor, Catriona and van Susteren, Lise, Young People’s Voices on Climate Anxiety, Government Betrayal and Moral Injury: A Global Phenomenon. Available at SSRN: https://ssrn.com/abstract=3918955 or http://dx.doi.org/10.2139/ssrn.3918955

Dre Estelle Delamarejeune médecin, coordinatrice nationale de la Planetary health report card (Health for future Genève)⁴

Quel est, selon vous, le lien le plus important entre le changement climatique et la santé ?

Ce lien est en fait un processus qui va dans les deux sens. D’un côté, le système de santé est très polluant et va donc influencer le changement climatique. De l’autre, le changement climatique – tout comme les autres limites planétaires comme l’érosion de la biodiversité, la consommation d’eau douce ou l’appauvrissement des sols – va impacter notre santé. Et ce qui ressort de ce schéma, c’est la forte inégalité entre les pays. Tandis que les régions riches sont celles qui émettent le plus de gaz à effet de serre, ce sont paradoxalement elles qui subissent le moins les conséquences du changement climatique sur leur santé. Inversement, les pays pauvres, faibles émetteurs, sont déjà fortement touchés par ces changements climatiques.

Comment est né votre engagement pour la santé planétaire ?

J’ai pris conscience du problème il y a quatre ans, lors de ma quatrième année de médecine à l’Université de Genève. J’ai toujours été sensibilisée aux questions écologiques et j’ai été frappée que ces enjeux ne soient jamais abordés au cours de nos études. J’apprenais les dernières avancées en neurochirurgie, en imagerie médicale, en immunologie, alors que leurs coûts financiers et environnementaux sont désastreux. L’absence des questions environnementales en médecine est assez assourdissante, alors qu’il n’y a rien de plus scientifiquement prouvé que la catastrophe qui se profile. Tout cela me semblait absurde. Comme beaucoup, je ne savais ni où ni comment m’engager. Je me suis alors renseignée par moi-même et, plus je m’informais, plus je me rendais compte que la crise environnementale était avant tout une crise sanitaire.

J’ai compris que la marge d’action était énorme et que tout restait à faire. Je suis alors allée à Lausanne lors de la conférence Santé et climat en 2019, où est née une certaine émulation avec d’autres étudiants. Nous avons décidé de créer un réseau national⁴ pour une meilleure formation sur les impacts environnementaux dans le cadre des études de médecine, à travers l’association Health for Future.

Anne Mahrerancienne conseillère nationale du canton de Genève, coprésidente des Aînées pour la protection du climat suisse⁵

Votre association a porté plainte contre la Suisse pour inaction climatique devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) à Strasbourg. Dans quelle mesure pensez-vous que l’argument de la santé va pouvoir convaincre ?

La Cour est justement le lieu spécialisé des droits fondamentaux, notamment le droit à la vie et le droit à la santé. Je pense vraiment que celle-ci va jouer son rôle pour nous donner raison. Car c’est un fait, la canicule tue. Le changement climatique pose un problème majeur pour notre santé, non seulement pour nous, les femmes âgées, mais aussi pour toute la population. Nous attendons donc de la Cour une décision courageuse.

Comment a été prise cette décision de porter plainte ?

Nous avons présenté dès 2016 une requête au gouvernement suisse, demandant la cessation des atteintes par omission en matière de protection du climat.

Tous les rapports depuis la grande canicule de 2003 le montrent : les personnes âgées sont particulièrement impactées par les changements climatiques et les femmes en particulier.

Malgré ces statistiques, la Confédération, faisant fi des accords de Paris, n’est pas entrée en matière. Elle a décidé que nous ne pouvions pas nous prévaloir de la qualité de victimes, que nous n’étions pas encore assez atteintes dans notre santé et que, par ailleurs, n’ayant pas encore atteint les 2 degrés supplémentaires annoncés, elle avait encore le temps pour agir.

Nous avons donc décidé de faire recours au tribunal fédéral qui a malheureusement soutenu la position de la Confédération. Nous n’avons pas baissé les bras pour autant et nous avons, en 2020, porté notre action juridique à la CEDH, qui a qualifié notre requête de « prioritaire ». L’audition publique a eu lieu à Strasbourg le 29 mars 2023, une journée historique, durant laquelle, pour la première fois, la Cour a traité du climat et des droits fondamentaux. J’en garde en mémoire des moments chargés d’émotion et cette conclusion d’une des observatrices qui s’est adressée ainsi aux juges : « Peu de gens ont le pouvoir de changer le cours de l’Histoire : vous l’avez. »

Maria Rosa Jolleréconomiste de la santé, Association suisse des infirmiers et infirmières (SBK-ASI)⁶

Pouvons-nous vraiment développer un comportement respectueux du climat dans les institutions du système de santé ?

Je l’espère ! Je trouve que la prise de conscience grandit. Et c’est d’ailleurs notre rôle, en tant qu’Association suisse des infirmiers et des infirmières, de faire grandir cette prise de conscience chez les soignants. La crise climatique est un enjeu majeur pour nous, soignants. Car le constat est clair : la crise climatique est la plus grande menace pour la santé humaine. On peut déjà observer des conséquences sur la santé des populations, comme les canicules, les tempêtes, les inondations, les feux de forêt ou encore les pandémies. En Suisse, les personnes vulnérables telles que les enfants et les personnes âgées sont particulièrement touchées.

L’association SBK-ASI compte 26 000 membres et possède un très fort impact politique au niveau des soins en Suisse. Notre rôle principal est de participer à développer la qualité des soins pour la population et de représenter les intérêts des infirmiers et infirmières. Mais face au défi climatique urgent, nous avons aussi pour but de sensibiliser les soignants aux effets du changement climatique sur la santé, afin qu’ils s’engagent pour des améliorations.

Concrètement, quelles pistes met en œuvre votre association pour y parvenir ?

Selon moi, la crise climatique n’est pas seulement une grande menace pour l’humanité mais aussi une grande opportunité. Afin d’avancer, nous avons axé notre stratégie sur trois niveaux :

1. Réduire les émissions de gaz à effet de serre lors de la pratique des soins (par exemple, en baissant la température des locaux à 21 degrés, en adoptant des plateaux végétariens ou véganes).

2. Convaincre nos patients : la population a confiance en nous. Il faut que l’on arrive à convaincre nos patients que la protection de l’environnement est aussi un acte de prévention pour la santé.

3. Montrer notre engagement public : en communiquant lors d’événements publics comme celui-ci et en soutenant la votation pour la loi climat par exemple.

Dr René Jaccardancien médecin spécialiste en médecine interne et membre de la Commission scientifique de l’association Grands-parents pour le climat⁷

Vous avez écrit : « Là où il y a une volonté, il y a aussi un chemin. » Certes, le chemin est clair, mais la volonté ne semble pas encore vraiment là, n’est-ce pas ?

En effet, les faits sont connus depuis longtemps. De nombreux facteurs participent à une meilleure santé tout en ayant un impact positif sur le climat : une alimentation écologique, la mobilité douce, un air sain. Pourtant, on en parle encore très peu et le changement climatique continue à une vitesse folle. Comme le dit l’écrivain engagé Jonathan Safran Foer : « Même s’ils ne sont pas assez convaincants pour changer nos comportements, les faits peuvent changer nos esprits, et c’est par là qu’il faut commencer. Nous savons que nous devons faire quelque chose, mais « nous devons faire quelque chose » est généralement l’expression d’une incapacité, ou du moins d’une incertitude. Pour se mettre en action, il faut déjà identifier les comportements à adopter. »⁸

Quels seraient alors ces « comportements » dans le domaine de la médecine ?

Mes propositions sont diverses. Tout d’abord, que nous prenions nos responsabilités en tant que médecins, pharmaciens, industriels et citoyens, chacun à son échelle individuelle. Que nous soyons également respectueux envers les humains, mais aussi tout le vivant dans son ensemble. Enfin, plus de transparence est nécessaire, afin d’avancer de manière responsable. Il existe, par exemple, des étiquettes d’énergie de A à G pour les voitures et les appareils ménagers. Ce n’est pas parfait, mais au moins, ce système fournit des informations concrètes. Concernant le cycle des médicaments (leur production, leur distribution, leur emballage, leur recyclage, etc.) on ne sait rien, il n’y a pas de transparence. Il est donc difficile de mettre en place une utilisation plus écologique des médicaments, qui est pourtant extrêmement nécessaire.

⁴ Planetary Health Report Card : phreportcard.org ⁵ https://ainees-climat.ch/ ⁶ https://sbk-asi.ch/fr/ ⁷ https://www.gpclimat.ch/fr/ ⁸The Guardian https://www.theguardian.com/books/2019/sep/28/meat-of-the-matter-the-inconvenient-truth-about-what-we-eat

IV.Assemblée participative

« Comment, en tant qu’acteurs et actrices du système de santé, pouvons-nous contribuer à la transformation ? » Telle fut la question au cœur des ateliers organisés lors du Forum dans le cadre de l’Assemblée participative.

S’appuyant sur la plateforme The Academic Citizens’ Assembly (ACA),⁹ élaborée par le Dr Sascha Nick et son équipe (EPFL Business School Lausanne), la méthodologie a été déployée par onze groupes de 10 à 15 participants, réunis autour de l’un des quatre grands thèmes repris de la feuille de route de l’ASSM :

Réduire l’utilisation des services de soins

Réduire les émissions et améliorer l’efficience

Adapter les pratiques de soins

Former les professionnels de santé

Après un moment d’échange où trois personnes endossaient un rôle prédéfini pour garantir le déroulement optimal des discussions (facilitation, observation, prise de notes), chaque groupe a pu formuler des propositions visant à transformer le système de santé et les soumettre au vote. Les quelque 185 participants ont pu, lors de la dernière phase de ces ateliers, abonder ou non dans le sens des différentes propositions établies (figure 5). Un rapport regroupant les propositions semblables et proposant des pistes concrètes à destination des institutions a été établi et peut être consulté sur : www.academiccitizensassembly.ch/assm-2023.

⁹ https://www.academiccitizensassembly.ch/assm-2023

Les résultats de l’Assemblée participative

Ces moments d’échanges ont permis la rédaction de 68 propositions, avec une convergence sur la plupart d’entre elles. Parmi les grands axes évoqués :

L’importance de la formation et de la sensibilisation du public et des professionnels

La nécessité de simplifier et défragmenter le système de santé

La perspective de repenser les limites de la médecine et la perception de la mort

Fig 5

V.Podium interactif : comment réussir la transformation

Dans le fil des discussions qui ont eu lieu durant la journée, le podium s’est attelé à élaborer des pistes de réponse à la question des défis que le système de santé suisse doit relever en vue d’atteindre l’objectif fixé par les Accords de Paris. Cet enjeu anime depuis plusieurs années, avec un intérêt grandissant, la sphère sociétale et politique. Pour le conseiller national PS (Vaud) Pierre-Yves Maillard, nous sommes « face à un système contradictoire : d’un côté, un incitatif à produire des actes autant que possible et, de l’autre, des cantons qui essayent tant que faire se peut d’introduire un peu de sobriété là-dedans ». Pour lui, la priorité est de s’attaquer au « cœur du monstre », le système qu’il juge « absurde » de paiement à l’acte, nourrissant une course au profit. « Tant que tout le monde ne trouvera pas un intérêt à changer les choses, rien ne changera », déplore-t-il.

« Avancer »

Regarder devant, tout en tirant les leçons du passé, voici peut-être le premier chemin à suivre. « Il faut désormais se tourner vers l’avenir et regarder ce qui peut être fait, insiste le Pr Frank J. Rühli, doyen de la Faculté de médecine de l’Université de Zurich. Il ne suffit pas de définir des objectifs qu’on ne pourra jamais atteindre, il vaut mieux mettre en place des actions concrètes, dans la formation des étudiants par exemple. »

Mais face au défi qui s’impose à tous les acteurs du système de santé aujourd’hui, une prise de conscience rapide est nécessaire. « Nous devons tous prendre la mesure de cette question et assumer le rôle que nous pouvons jouer face à la crise, en répondant aux besoins immédiats de la population », souligne Michael Jordi, secrétaire général de la Conférence des directrices et directeurs cantonaux de la santé (CDS).

Car la nécessité de sobriété que requiert la construction d’un système plus durable peut engendrer une hostilité face aux nouvelles technologies, à la surmédicalisation, voire à la recherche médicale qui repousse ses limites en permanence. « Nous ne devons pas revenir à l’âge de pierre ni promouvoir une culture de l’interdiction », ajoute le Pr Rühli.

« Montrer l’exemple »

Éviter les doubles prises en charge, les examens et soins inutiles relève ainsi de la vigilance de chacun. « Dans les soins infirmiers, c’est une problématique qui est traitée depuis de nombreuses années, relève Sophie Ley, présidente de l’Association suisse des infirmières et infirmiers (SBK–ADI). Nous avons rapidement inscrit dans notre stratégie cette question de la durabilité en santé. » Au niveau national, les initiatives de ces associations de professionnels de santé peuvent donner une impulsion et une communauté d’esprit.

C’est le cas pour les infirmiers, comme pour les médecins. « Les questions environnementales (pollution de l’air, bruit, pesticides, etc.) se sont infiltrées dans le domaine de la médecine, note le Dr Bernhard Aufdereggen, président de l’Association des médecins en faveur de l’environnement. Le rôle des médecins est un rôle d’exemple. Nous avons une responsabilité, une tâche à accomplir, désormais abordée lors de la formation des futurs médecins. »

« Changer de paradigme »

Mettre en place des mesures à l’échelle individuelle, c’est bien, réformer le système en profondeur, c’est mieux. La Suisse s’est fixé des objectifs ambitieux en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre (-8 % entre 2008 et 2012, - 20 % entre 2013 et 2020, - 50 % entre 2020 et 2030).¹⁰ Pour les atteindre, une réflexion globale est nécessaire, notamment dans le domaine de la santé, qui concentre 4 à 6 % des émissions. Pour Bea Albermann, cofondatrice de Health for Future Switzerland, c’est toute la vision de l’être humain dans son environnement qui doit être repensée. « Nous avons un système binaire. Il existe pourtant d’autres modèles qui n’appliquent plus cette scission homme/nature. » Elle cite, par exemple, en modèle certains pays de l’hémisphère sud, déjà très touchés par les conséquences du changement climatique, qui « mettent en place de nouveaux systèmes de santé, sans perdre en qualité de soins mais en y ajoutant la possibilité d’épargner la nature ».

La construction de cette nouvelle approche pose néanmoins la question sensible du profit économique. Pour Sonia Roschnik, directrice exécutive du Geneva Sustainability Center, c’est, plus globalement, tout notre rapport à la santé qui doit être repensé : « Il faut changer de paradigme et voir le système comme une promotion de la santé, plus que comme la prise en charge de la maladie. Mais pour cela, les laboratoires, les pharmacies, les cliniques doivent arriver à penser leur profit en termes de service rendu et non pas de produits vendus. »

¹⁰ https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/climat/dossiers/conference-paris-cop21-climat/la-suisse-reduit-les-emissions-de-gaz-a-effet-de-serre.html

Les étudiants du projet « Planetary Health Report Card » reçoivent le Prix du meilleur abstract

Parmi les 43 propositions reçues dans le cadre de l’appel à projets lancé en vue du Forum suisse pour la durabilité du système de santé, le Prix du meilleur projet a été décerné par la secrétaire générale de l’ASSM Valérie Clerc à une délégation composée notamment d’Angeline Buser, étudiante en médecine à l’Université de Berne, Pauline Cottet, médecin assistante à Bienne, Estelle Delamare, médecin assistante aux HUG et coordinatrice régionale du PHRC pour la Suisse, Michelle Fankhauser, étudiante à l’Université de Zurich, et Cristian Martucci, doctorant au Swiss Tropical and Public Health Institute à Bâle, pour leur implication dans le projet « Planetary Health Report Card ».⁴ Développé au niveau international par des étudiants en médecine, cet outil a pour but d’évaluer l’engagement envers la santé planétaire des différentes formations en santé. Parmi les demandes des étudiants suisses figurent des revendications proches des recommandations de l’ASSM :

L’implémentation de l’enseignement en santé planétaire

La décarbonation des activités sur le campus

Le renforcement des collaborations avec les autres institutions et écoles de santé

La promotion de la santé planétaire au sein de sa communauté et envers le grand public

Le Pr Nicolas Senn conclut cette journée en remerciant tous les participants et les projets présentés : « Cette manifestation fut l’opportunité, pour la première fois en Suisse, de réunir des acteurs de la santé de tous horizons et de poser les premières pierres à un nouveau récit pour la santé et des services de soins qui intègrent pleinement notre interconnexion aux autres vivants non humains. Note défi sera de ne pas lâcher le fil de cette nouvelle histoire ! »

Durant la journée, six capsules vidéo ont été enregistrées avec des participants et des intervenants au Forum.

⁴ Planetary Health Report Card : phreportcard.org

À lire pour aller plus loin

Nachhaltiges Gesundheitssystem in der Schweiz: Wie kann der Wandel gelingen?, Patrick Hetzel (Kinderärtze.Schweiz)

Als Follow-up ihres Positionspapiers zur umweltbewussten Gesundheitsversorgung organisierte die SAMW am 8. Juni 2023 im Eventforum Bern eine ganztägige Tagung mit dem Titel «Schweizer Forum für ein nachhaltiges Gesundheitssystem: Wie kann der Wandel gelingen?». Dabei sollten bereits bestehende Initiativen präsentiert und Anregungen für weitere Aktionen gegeben werden.

Éco-empathie, par Jean-Luc Vonnez (Revue médicale suisse)

« Avec deux collègues de cabinet, nous avons décidé de participer au Forum suisse pour la durabilité du système de santé mis sur pied par l’ASSM le 8 juin dernier à Berne pour réfléchir aux moyens de concrétiser la feuille de route que l’académie a publié l’an passé… »

Un engagement contre le dérèglement climatique et pour la décarbonation, par Jean Martin (Le Temps)

« (…) Une partie de la journée a été consacrée à une Assemblée citoyenne académique, en une dizaine de groupes, selon le modèle développé par le professeur Sascha Nick. De ces travaux sont ressorties de nombreuses propositions d’amélioration du système de santé pour le rendre moins producteur en gaz à effet de serre. »
À lire sur letemps.ch, édition du 3 juillet 2023

Vers un réenchantement du système de santé grâce à la crise écologique ? par Anne Voeffray (Bon pour la tête)

« Pollution des sols, de l’eau, de l’air, effondrement de la biodiversité, raréfaction des ressources fossiles, émissions de CO2 : la crise environnementale a un impact négatif sur le vivant, sur la santé des populations d’ici et d’ailleurs. Notamment à cause de notre surconsommation de produits pharmaceutiques, notre système de santé contribue aux pollutions environnementales. »

Tous droits réservés © 2023
Conception : M&H Communication

Objectif : le but du projet est d’imaginer, à partir de sites d’investigations focalisés sur la médecine de premier recours (par exemple, cabinets médicaux, maisons de santé, etc.), quelques interventions pour permettre des cobénéfices santé-environnement à fort impact dans le canton.

Méthodes : le projet puise son outillage méthodologique dans les méthodes participatives. La coordination est assurée par Le ColLaboratoire. Le projet démarrera concrètement le 27 avril 2023, lors d’une 1 soirée de formation thématique sur la médecine durable coorganisée avec la FRC ; une seconde soirée aura lieu le 9 mai 2023. Pensées comme des interfaces de rencontre entre experts et citoyens, elles offriront aux participants des outils pour défendre une position informée et critique. À l’issue de ces soirées, les participants seront invités à rejoindre le collectif d’enquête. En plus des participants à ces soirées, d’autres membres seront recrutés parmi le Collège citoyen de cochercheurs en matière de santé affilié au ColLaboratoire et de la MSS. D’ici au 8 juin 2023, le collectif de 10 à 20 personnes pourra présenter un dispositif d’enquête-intervention affiné, dont l’originalité résidera dans le croisement des expériences, expertises et pratiques mobilisées. Les résultats, attendus pour décembre 2023, et dont le format précis reste à définir avec le collectif (par exemple, poster, texte collaboratif, plaidoyer, prototype, etc.), viseront à inspirer l’évolution des politiques de santé par rapport aux particularités du contexte vaudois. En parallèle, le projet vise à équiper le collectif afin qu’il puisse s’autonomiser et être éventuellement pérennisé, par exemple, au sein de réseaux existants du type Plateforme durabilité et santé (FBM-UNIL). Dans le cadre d’un partenariat au sein de la Mission santé et société, la FRC et Le ColLaboratoire de l’UNIL proposent des ateliers de formation au sein du programme « Consomm’acteurs de la santé ». Ils portent sur des enjeux de santé publique et sont ouverts à toute personne intéressée. Après avoir traité de la thématique de la vaccination (2021) et de la santé intégrative (2022), l’édition de 2023 sera consacrée à la médecine durable et se déroulera sur deux soirées.

Autres institutions ou personnes impliquées :
Alain Kaufmann, Directeur, Le ColLaboratoire, Université de Lausanne, Suisse
Yannis Papadaniel, Responsable santé, Fédération romande des consommateurs, Suisse
Diane Golay, Responsable terrain durabilité et santé, Fédération romande des consommateurs, Suisse

Objectif : le projet présenté ici s’est concentré sur l’examen de la durabilité des différentes approches et l’élaboration d’un outil d'analyse d'impact.

Méthodes : la littérature sur les approches de la coordination intégrée a été examinée sous l'angle de la durabilité. Sur la base des conclusions de la littérature, les dimensions pertinentes de la durabilité pour le secteur de la santé et les critères d'évaluation ont été développés. En outre, l’efficacité des instruments existant pour l'évaluation de la durabilité dans l'environnement a été évaluée.

La mise en œuvre a lieu dans le cadre d'un processus participatif - un élément important du développement durable. Des représentants de différents groupes d'intérêt, issus aussi bien du domaine de la santé que de celui de la durabilité, ont participé à la définition du projet. Ensuite, la preuve de concept de l’outil a également été réalisée avec ces représentants.

Résultats : il en est résulté un instrument facile à utiliser, basé sur Excel, pour l'évaluation des mesures d'évaluation de la durabilité et de celles visant à une meilleure coordination des soins de santé. L'analyse d'impact s'articule autour de six dimensions avec un total de 53 champs thématiques :

Les trois dimensions classiques de la durabilité : économie, société et environnement.
Deux autres dimensions pertinentes pour le secteur de la santé : qualité, organisation et processus.
La dimension éthique, qui s'appuie sur les valeurs des fondements de l'Agenda 2030 pour la durabilité des Nations Unies.

Les résultats sont présentés de manière très claire sous forme de diagrammes en réseau. Cet outil est à la disposition des personnes intéressées et doit être validé par des applications concrètes.

Commentaires : ce projet a été réalisé dans le cadre du CAS Développement durable de l'Université de Berne. L'outil d'évaluation de la durabilité des éléments de la santé publique en résultant est disponible gratuitement. Nous recherchons des projets et des personnes intéressées par la vérification et l'utilisation de l'outil. L'instrument pourra ainsi contribuer à une forte contribution au développement de la durabilité dans le système de santé suisse.

Objectif : devant l’importance de surveiller les effets des mesures de santé publique mises en place, et afin d'évaluer l'impact de la chaleur sur la santé, nous avons mis au point une nouvelle méthode de surveillance nationale de la mortalité liée à la chaleur.

Méthodes : afin d'estimer la mortalité attribuable à la chaleur pour les années 2003 à 2022, nous avons tout d'abord établi une association température-mortalité pour chaque été, à l'aide de mesures de la température moyenne quotidienne et de la mortalité quotidienne toutes causes confondues de l'été en cours et des neuf étés précédents. Nous avons ensuite couplé ces données avec le nombre quotidien de décès observés afin d'estimer le nombre annuel de décès attribuables à la chaleur pour la Suisse, par régions, par sexe et pour deux groupes d'âge (< 75 ans et > 75 ans).

Résultats : entre 2003 et 2022, le nombre estimé de décès attribuables à la chaleur était le plus élevé en 2003 (1351 cas), suivi de 2015 (747 cas), et le plus bas en 2021 (87 cas) (voir figure ci-dessous). Les analyses préliminaires pour l'été 2022 ont abouti à 472 décès attribuables cette cause. Malgré des températures estivales très élevées en 2022, les décès attribuables à la chaleur ont été moins nombreux que pendant les étés chauds de 2003 et 2015. Cela suggère que les stratégies d'adaptation ont pu contribuer à réduire le nombre de décès dus à la chaleur.

À noter : la forte surmortalité observée par l'Office fédéral de la statistique au cours de l'été 2022 pourrait être principalement due au Covid-19.

Commentaires : à partir de 2024, les agences fédérales rapporteront systématiquement le nombre annuel de décès liés à la chaleur avec la méthode décrite.

Avec l'augmentation du stress thermique et des vagues de chaleur plus extrêmes, il est important de disposer d'estimations solides de la mortalité liée à la chaleur. Cette nouvelle surveillance permettra de disposer d'estimations solides de la mortalité liée à la chaleur, de sensibiliser les praticiens et de contribuer à la prévention.

Autres personnes impliquées :
Florian Schule, Transformation scientist, Swiss Tropical and Public Health Institute, Bâle
Cristian Martucci, Médecin, Swiss Tropical and Public Health Institute, Bâle
Martin Röösli, Associate Professor, Swiss Tropical and Public Health Institute, Bâle

Objectif : notre recherche devrait permettre d’améliorer les dispositifs en y intégrant les limites planétaires (voir figure ci-dessous) et la théorie du « Donut » lors d’un choix de métier, de formation, de reconversion professionnelle, de mal-être au travail, mais aussi lors d’intervention autour des problématiques de carrière ; permettre aux personnes de penser la transformation du monde du travail en tant que citoyen-ne en déconstruisant l’objectif de succès de carrière individuelle couramment valorisé.

Méthodes : méthode qualitative par focus group : environ trente personnes couvrant un maximum de domaines professionnels. Analyse thématique de contenu afin d’identifier les représentations, les pratiques professionnelles, le sens, les motivations et les contraintes chez des personnes « en chemin » vers la transformation de leurs métiers.

Résultats (intermédiaires) : un dispositif innovant sous forme d’ateliers dispensés à un public sensibilisé aux enjeux de la durabilité professionnelle est le sujet d’une recherche-action. Création de nouveaux outils intégrant la théorie du « Donut ».

Commentaires : la transformation du monde du travail, en le désintensifiant, permettrait d’alléger l’impact sur les écosystèmes et d’ainsi respecter davantage toute forme de vie. La psychologie vocationnelle pourrait devenir un partenaire de changement sociétal en proposant un espace qui permette la re-coconstruction de récits envisageant le monde professionnel au sein des limites écologiques et des nécessités sociétales. (Adaptée de Graham M. Turner, 2012)

Objectif : pour répondre à cette question, notre projet évalue la santé cardiovasculaire d’une cohorte lausannoise (CoLaus) au regard de son alimentation.

Méthodes : la cohorte concerne le suivi de santé de 5064 personnes sur plus de 10 ans. En comparant l’alimentation des membres de la cohorte et les recommandations Lancet EAT, une distance, proche ou éloignée à l’alimentation durable est quantifiée. Ceci permet d’identifier dans un premier temps les caractéristiques sociodémographiques et de style de vie ainsi que le statut nutritionnel des personnes proches ou éloignées des recommandations. Ensuite, les liens entre les résultats de santé cardiovasculaire sont établis à l’aide d’analyses statistiques.

Résultats : cette étude fournit des informations essentielles sur les profils des personnes à cibler pour la mise en œuvre de changements alimentaires durables, les composants du régime alimentaire Lancet EAT sur lesquels se concentrer, et surtout les cobénéfices potentiels pour la santé individuelle à long terme. Sur cette base, des recommandations pour une alimentation écologiquement et humainement saine, adaptées à la population suisse pourront être établies. Les choix alimentaires durables peuvent avoir de multiples bénéfices pour la santé. Des preuves scientifiques permettront de les promouvoir dans les services de la santé et de les rendre plus durables.

Autres institutions ou personnes impliquées :
Pre Séverine Vuilleumier, Vice-doyenne de la Recherche à l'Institut et Haute école de la santé La Source, HES-SO, Lausanne
Pr Pedro Marques-Vidal, Service de médecine interne, Centre hospitalier universitaire vaudois, Lausanne

Objectif : il s’agit d’augmenter notre capacité à traiter les problèmes de santé les plus courants avec des moyens économiques, locaux et naturels, ce qu’on a appelé la « Pharmacie verte », avec la rigueur de l’approche « evidence-based medicine ».

Méthodes : le développement de l’outil d’aide à l’autoprise en charge est basé sur une approche de science participative, où les patients eux-mêmes participent à l’amélioration de leurs possibilités de soins.

Enquête par questionnaire pour déterminer le niveau de recours à l’application web par les participants pour faire face à leurs problèmes de santé.
Focus group pour collecter les retours d’expérience des utilisateurs vis-à-vis de cette application.

Résultats (intermédiaires) : 94 % des 273 participants appréciaient l’utilité de l’application web et 97 % avaient une forte intention de l’utiliser. À l’usage, elle a apporté une réponse au problème de santé, partielle dans 35 % des cas et complète dans 55 %.

Commentaires : l’application web, qui comporte aussi les traitements naturels valides disponibles en zones tempérées, sera diffusée (par un livre, un site et des référencements) dans d’autres régions francophones, dont la Suisse. D’ailleurs, à titre pilote, un cabinet médical genevois propose « un jardin santé » autour de cette pharmacie verte pour une démarche « éco-labellisée ». Ce développement de « Pharmacie verte » avec démarche participative apporte un nouveau paradigme d'une médecine evidence-based, durable, écologique et centrée sur le patient. Elle promeut un bénéfice santé/environnement vertueux : soigner l'humain tout en respectant son environnement.

Autres institutions ou personnes impliquées :
Université de Genève
Cabinet de médecine générale de la Dre Rola Darwiche à Genève
Faculté de médecine et des sciences biomédicales à Yaoundé, Cameroun

Objectif : en partant d’une analyse de la gouvernance du système de santé, cette étude, menée pour le compte de l’Académie suisse des sciences médicales (ASSM), identifie les principaux leviers et obstacles à sa transformation. Cette analyse permet de proposer des pistes concrètes pour optimiser le système de gouvernance et tenter d’aller vers un système de santé plus durable.

Méthodes : l’étude s’appuie sur une méthode qualitative combinant : a) une analyse juridique des bases constitutionnelles et légales qui structurent la gouvernance du système de santé ; b) une synthèse de la littérature sur cette thématique et c) des entretiens avec des experts et parties prenantes.

Résultats : le système de santé suisse se caractérise par une gouvernance complexe, qui se joue à plusieurs échelons politiques (Confédération, cantons, communes) et mobilise de nombreux acteurs (élus, exécutifs, fournisseurs de soins, assureurs, patients/citoyens/usagers). Globalement, il existe une compréhension limitée de la dimension « santé » dans les textes constitutifs de la Suisse et une absence de consensus quant aux ambitions du système de santé. De plus, les rôles et responsabilités entre les différents niveaux de pouvoir et avec les différents acteurs sont peu explicites. En l’absence d’une vision et d’objectifs partagés sur la santé, et vu le manque d’attribution claire de responsabilités aux différents acteurs, les tentatives de réformes se heurtent aux intérêts multiples et souvent divergents des différentes parties prenantes.

Commentaires : la transformation du système de santé doit s’appuyer en premier lieu sur une clarification de son système de gouvernance. Un dialogue politique et citoyen permettant de poser, sur la base d’analyses documentées et d’une démarche participative, les finalités d’un système de santé durable et les critères de sa bonne gouvernance semble indispensable.

Autres institutions ou personnes impliquées :
Chantal Grandchamp, adjointe de direction, Unisanté, Centre universitaire de médecine générale et santé publique, Université de Lausanne
Nelly Courvoisier, Unisanté, Centre universitaire de médecine générale et santé publique, Université de Lausanne
Stéphanie Pin, Cheffe du Département promotion de la santé et préventions, Unisanté, Centre universitaire de médecine générale et santé publique, Université de Lausanne

Objectif : la présente étude a évalué le volume de déchets produits par la chirurgie générale et l'intérêt de la mise en place d'un système de tri écoresponsable de la production et de la gestion des déchets.

Méthodes : dans cette étude transversale prospective en deux phases, les déchets de deux blocs opératoires de chirurgie générale ont été collectés pendant deux semaines (phase I). Les déchets ordinaires et ceux à risque ont été pesés séparément.

Ensuite, le « kit vert » a été appliqué : séparation méticuleuse des déchets dans les poubelles ordinaires et les poubelles à risque biologique, recyclage systématique du papier et ouverture du matériel à usage unique uniquement sur demande.

Des informations et une formation spécifiques sur le «kit vert » ont été fournies à l'ensemble du personnel du bloc opératoire.

Après 6 mois (phase II), un processus identique de pesée des déchets a été répété dans les deux mêmes blocs opératoires.

Résultats : au cours de la phase I, 41 opérations ont eu lieu dans les deux salles d'opération étudiées, produisant un volume total de déchets de 420 kg (voir figure ci-dessous).

Le poids moyen des déchets par opération était de 10,8 kg, tandis que 77 % (321,6 kg) de l'ensemble des déchets ont été triés dans les matières à risque biologique.

Au cours de la phase II, 48 opérations ont produit un volume total de déchets de 443 kg ; le poids moyen des déchets était de 9,2 kg (écart-type 4,8), soit une réduction de 14 % (voir figure ci-dessous).

Seuls 5,6 % (26 kg) des déchets ont été triés dans des bacs à risque biologique, et 41,8 kg (8 %) de papier ont été recyclés.

La masse moyenne des déchets dangereux a été réduite de 9,4 kg (écart-type 3,5) à 0,6 kg (écart-type 2), soit une réduction de 14 %.

Commentaires : des mesures simples de gestion des déchets peuvent limiter l'impact écologique de la chirurgie. Le volume des déchets à risque biologique, nécessitant un processus d'élimination à haute énergie, peut être massivement réduit par un tri systématique et adéquat des déchets. Il est essentiel que ces pratiques soient développées dans tous les blocs opératoires afin de réduire leur impact écologique.

Autres personnes impliquées :
Dr Styliani Mantziari, Service de chirurgie viscérale, Centre hospitalier universitaire vaudois, Lausanne
Dre Emilie Uldry, Service de chirurgie viscérale, Centre hospitalier universitaire vaudois, Lausanne
Pr Nicolas Demartines, Service de chirurgie viscérale, Centre hospitalier universitaire vaudois, Lausanne

Objectif : accompagner une transition des représentations des professionnel-le-s de la santé (PDS) autour de notre système de santé (SDS) et un renforcement de leurs valeurs fondamentales, afin de rapprocher nos pratiques et, à terme, notre SDS, d’un fonctionnement compatible avec les limites planétaires ainsi que les besoins de la population et des soignant-e-s.

Méthodes : lors d’ateliers d’une journée, suivant la logique proposée par l’écopsychologue Joanna Macy, nous offrons aux PDS un temps pour faire l’expérience du lien avec soi-même, les autres et la Nature, pour s’ancrer dans le moment présent et le corps, ainsi que dans le groupe, de partager le constat de l’échec actuel et les difficultés de notre métier, d’explorer les possibilités d’un nouveau paradigme de santé pour finalement chercher des pistes accessibles, personnelles ou collectives, pour aller de l’avant dans une transition vers un SDS durable. Les ateliers se déroulent dans la forêt, ce qui permet de faire l’expérience de l’interdépendance du vivant. Les compétences pour cet aspect sont assurées par un certificat de pratique basée en nature (soutenu par le Royal College of Psychiatrists anglais) d’un des facilitateurs.

Résultats : deux ateliers pilotes ont eu lieu en mars et avril 2023. Par la suite et après les adaptations qui en découleront, nous proposerons des ateliers régulièrement, idéalement en partenariat avec des institutions de notre SDS.

Commentaires : développer un SDS durable dans les limites planétaires et qui répond aux besoins de la population et des PDS nécessite des prises de décisions politiques radicales après consultation de la population et des experts du domaine (voire, après modifications du modèle politique pour les permettre). Toutefois, cet aspect macro de la transition doit être accompagné d’un travail collectif et personnel sur les représentations, croyances et attentes des citoyen-ne-s et des PDS. La remise au centre des valeurs profondes des participant-e-s et le passage de l’impuissance à des actions à leur portée permettront également d’augmenter leur bien-être au travail en redonnant du sens à leur participation à la santé de la population.

Autres institutions ou personnes impliquées :
Aymone Kaenzig, psychomotricienne et BSc psychologie, Cabinet de la Treille, Neuchâtel
Thomas Richard, logistique

Objectif : au niveau de la formation, un nouveau dispositif a débuté en 2021 à la Haute école de la santé La Source, ou deux patientes-partenaires contribuent étroitement à une formation continue postgrade. Son but est de renforcer les capacités des étudiant-e-s à : a) travailler de manière collaborative et partenariale avec les parties impliquées, en valorisant les savoirs expérientiels des patient-e-s et b) questionner les attentes des patient-e-s et les intégrer au même titre que celles des professionnel-le-s, dans le but de garantir la qualité et sécurité des soins dans un système durable.

Méthodes : dans la phase pilote de ce projet 2021-2022 (1 volée du CAS Coordination des soins et travail en réseau), la faisabilité et l’acceptabilité de cet engagement ont été mesurées au moyen de méthodes mixtes. Les différents niveaux d’engagement de patient-e-s dans l’enseignement (Modèle de Montréal), ont été mis en œuvre avec deux patientes-partenaires diplômées : co-élaboration des contenus, présence durant les cours pour contribuer aux discussions ; cours autonomes et co-validation des travaux.

Résultats : un focus group, un journal de bord et des travaux réflexifs ont permis d’explorer l’acceptabilité et les plus-values de cet engagement, pour les étudiant-e-s, pour les patientes-partenaires, pour les enseignantes et pour leur organisation. Des freins et des leviers organisationnels à cet engagement ont été identifiés. L’évaluation de l’engagement de patient-e-s-partenaires sera approfondie lors de la 2 volée du CAS (2023-2024). Cette évaluation inclura la fidélité de la mise en œuvre et la mesure de l’évolution des postures des étudiant-e-s et de leurs employeurs à l’égard de cet engagement. Ultérieurement, nous explorerons la transférabilité de l’engagement de patient-e-s-partenaires dans les pratiques, voire son impact sur l’adéquation des prestations aux attentes et aux ressources.

Commentaires : à notre connaissance, ce partenariat dans le contexte de la formation continue en santé en Suisse est une innovation pédagogique et organisationnelle. Elle doit être approfondie pour pouvoir être stabilisée et disséminée.

Autres institutions ou personnes impliquées :
Sylvie Rochat, Patiente-partenaire diplômée
Lisa Laroussi Libeault, Patiente-partenaire diplômée
Sandra Gaillard Desmedt, Vice-doyenne de la Formation continue postgrade, Haute école de la santé La Source, HES-SO, Lausanne

Objectif : dans ce travail, il s’agira de comparer les impacts environnementaux de deux itinéraires à la suite d’une rupture du ligament croisé antérieur : chirurgical et conservateur. Les revues systématiques et méta-analyses analysant ces deux choix thérapeutiques estiment qu’ils sont comparables du point de vue de la santé. Ce travail permettra de quantifier et comparer les impacts liés à ces itinéraires, discuter de la pertinence d’inclusion d’un critère environnemental dans le raisonnement et la décision cliniques, ainsi que de montrer quelles sont les activités les plus émettrices de polluants dans ce contexte.

Méthodes : l’évaluation environnementale se fera par une analyse de cycle de vie. Ceci implique que les éléments considérés pour la réalisation de ces services de santé (équipement, demande énergétique, déplacements, etc.) comprendront l’extraction de matières premières, la production, l’utilisation, la fin de vie, ainsi que les éventuels transports entre ces différentes étapes. Les résultats seront présentés en termes d’impact sur le réchauffement climatique, et, si possible, d’autres types d’impacts comme l’acidification, l’eutrophisation, le potentiel de destruction de la couche d’ozone, l’écotoxicité, la demande énergétique cumulée, ainsi que les potentiels cancérigènes, non cancérigènes et respiratoires. Les compromis ou simplifications de l’analyse seront discutés. Des entretiens semi-directifs seront menés avec des physiothérapeutes spécialisés dans la rééducation du sportif. Les équipes des blocs opératoires des HUG, ainsi que les membres du pôle Responsabilité sociale et environnementale des HUG seront consultés. Les fabricants de différents équipements médicaux seront également contactés.

Commentaire : ce travail consistera, à notre connaissance, en une première évaluation environnementale dans les domaines de la chirurgie orthopédique et de la physiothérapie. Ce projet est réalisé dans le cadre du mémoire de Master en sciences environnementales.

Autres institutions ou personnes impliquées :
Codirecteur Martin Patel, Université de Genève
Codirecteur Nicolas Ray, Université de Genève
Codirectrice Anne-Violette Bruyneel, Haute école de santé de Genève

Objectif : proposer aux patients avec un diabète de type II mal contrôlé (ou un prédiabète), d’utiliser quotidiennement deux produits qu’ils ont choisis selon leur propre préférence parmi une liste de neuf plantes alimentaires validées cliniquement comme hypoglycémiantes, et évaluer s’il y a une amélioration du contrôle de la glycémie.

Méthodes : l’évaluation sera conduite sur 150 patients pendant 3 mois sous la forme d'une étude clinique comparative randomisée contrôlée à deux bras, de type « add on » (produits alimentaires hypoglycémiants en plus de la prise en charge habituelle). 2 semaines avant le début de l’étude, les patients du groupe intervention essaieront différents produits afin de sélectionner les deux qu'ils consommeront au cours de l'étude Ce groupe recevra un livret contenant la liste des 9 produits alimentaires avec les instructions spécifiques et plusieurs recettes précises. L’évolution de la glycémie sera déterminée par la mesure du glucose sanguin à jeun et de l’hémoglobine glyquée. Plusieurs professions en lien fréquent avec les diabétiques seront aussi impliquées pour faciliter l’implémentation de l’intervention en cas de bons résultats.

Résultats attendus : confirmation de l'hypothèse selon laquelle proposer un choix d'épices et d'aliments ayant des effets hypoglycémiants aux patients diabétiques de type II est faisable et peut contribuer à améliorer le contrôle glycémique.

Commentaire : cette approche sera un pas dans le sens de renforcer l'intégration des différents acteurs du système de santé afin d’améliorer de manière globale le fonctionnement du système de santé. En plus, cette approche renforce les capacités d’autoprise en charge rationnelles et propose un adjuvant naturel qu’on peut préparer soi-même. Elle permet au patient de s’extraire de la place de consommateur de soins passif pour jouer un rôle d’acteur de sa propre santé.

L’approche novatrice présentée ici pour la prise en charge du diabète enrichit le schéma classique de la relation soignant-patient par une l'implication directe des patients et est aussi susceptible d’augmenter l’adhérence aux traitements, un aspect souvent problématique de la prise en charge des maladies chroniques. De plus, l’implication d’acteurs de la santé autres que les médecins dans le suivi du patient, constituerait une prise en charge globale et un soutien à tous niveaux pour le patient et pourrait offrir un outil supplémentaire aux différents thérapeutes impliqués, avec des avantages pour la santé publique.

Autres institutions ou personnes impliquées :
Pre Dagmar Haller, Institut universitaire de médecine de famille et de l'enfance, Université de Genève
Dr Bertrand Graz, collaborateur scientifique, Association Santé communautaire, Genève

Objectif : l'objectif de ce projet est de développer des recommandations de prescription écodirigées pour les médicaments couramment utilisés dans les soins primaires. Plus précisément, nous combinerons la méthodologie de l'écotoxicologie avec les connaissances cliniques sur les habitudes de prescription des médicaments, telles que Smarter Medicine, ce qui permettra de développer un outil précis et utile pour promouvoir l'écoprescription pour les médecins généralistes.

Méthodes : l'étude est divisée en trois étapes (figure 2) :

1.Identifier les médicaments les plus prescrits dans les soins primaires en Suisse.

Tout d'abord, une liste des médicaments les plus vendus a été obtenue auprès d'Interpharma, l'association de l'industrie pharmaceutique suisse basée sur la recherche. Cette liste a ensuite été comparée aux données trouvées dans la littérature.

2.Identifier l'impact environnemental des médicaments concernés.:
Afin d'affiner la sélection des médicaments et de produire des recommandations appropriées, nous ne prendrons en compte que les médicaments qui sont soit présents en quantités significatives dans l'environnement (> 0,01 mg/l) ou qui ont un impact significatif sur la faune et la flore. Nous croiserons ensuite cette sélection avec la liste obtenue dans l’étape 1. Les médicaments sélectionnés seront analysés par une méthode d'évaluation des risques environnementaux.

3.Élaborer des lignes directrices de prescriptions écodirigées pour les médecins de famille.
Enfin, nous traduirons les résultats obtenus en recommandations spécifiques combinées à une « smarter medicine » (médecine plus intelligente). Un groupe d'experts sera constitué (spécialistes de l'environnement, médecins généralistes, etc.) pour évaluer nos propositions et conseiller les meilleurs schémas de prescription en utilisant une approche de consensus d'experts DELPHI.

Résultats attendus : les directives de prescription écodirigée permettront de reconnaître l'impact des médicaments sur l'environnement et de participer activement à leur réduction. L'identification des produits pharmaceutiques répandus dans les eaux usées facilitera leur surveillance.

Il s'agit d'une étude en cours, mais de nombreux résultats sont disponibles depuis juin 2023.

En outre, notre méthodologie sera présentée, afin de sensibiliser aux outils existants et à la nécessité d'un travail interdisciplinaire.

Autres institutions ou personnes impliquées :
Nathalie Chèvre, Institut des dynamiques de la surface terrestre, Faculté des géosciences et de l'environnement, Université de Lausanne
Pr Nicolas Senn, Département de médecine de famille, Unisanté, Centre universitaire de médecine générale et santé publique, Université de Lausanne

Objectif : afin de structurer leur engagement, les HUG se sont dotés en 2022 d’une stratégie de durabilité déclinée en 83 actions. Conscients que les activités de soins contribuent de manière notable aux impacts environnementaux de l’institution, les HUG se sont fixé différents objectifs pour rendre les pratiques médico-soignantes plus durables.

Méthodes : pour piloter et accompagner cette transformation, un poste de responsable de la transition écologique dans les soins (RTES) a été créé. Trois axes de travail ont été retenus :

L’accompagnement et le soutien au changement des pratiques,
La formation des professionnel-les de la santé.
La recherche sur la durabilité dans les soins.

Pour les concrétiser, une gouvernance structurée de la transition écologique dans les soins sera mise en place au sein de l’institution. La RTES a pour mission d’assurer la coordination des actions et la mobilisation des équipes médico-soignantes dans le cadre de cette démarche structurée et pérenne.

En 2023-2025, un projet porté par une équipe pluridisciplinaire mettra en œuvre certaines actions qui contribueront à l’accélération de l’adoption de ces nouvelles pratiques (projet Choosing greenly, présente dans un autre abstract).

Résultats attendus (voir figure ci-dessous) :

Fin 2023 : les départements de l’hôpital seront dotés de référents « transition écologique dans les soins » (communauté de pratique).
2024-2025 : la quantification et les premières actions de réduction de l’empreinte carbone des itinéraires cliniques seront réalisées au sein d’unités pilotes. Ces projets intègrent l’accompagnement au changement de pratiques, la révision des protocoles associés et la mise à jour du référentiel métier.
Un programme de formation interne à la transition écologique dans les soins sera élaboré et dispensé au bénéfice des équipes médico-soignantes. Ce cursus sera établi en partenariat avec l’Université de Genève et la Haute école de santé qui ont intégré ces notions dans les filières prégrades.
La durabilité dans les soins sera activement promue comme sujet de recherche auprès des professionnels paramédicaux dans le cadre du programme interne d’encouragement à la recherche dans les soins.

Commentaires : la mission du RTES est d’assurer la responsabilité métier du pôle « soignants et la transition écologique » et se positionne comme le référent-e institutionnel-le. Selon les informations à notre disposition, un tel poste est, à ce jour, unique au sein des hôpitaux suisses. Cette initiative innovante se distingue par son caractère inédit dans les établissements de soins suisses. Elle montrera pleinement sa valeur ajoutée lorsqu’elle sera démultipliée tant dans les grands hôpitaux que dans les réseaux de soins associés.

Objectif : cette étude vise à comprendre comment les médecins perçoivent cette problématique et déterminer les rôles qu’ils peuvent jouer. Notre objectif est de parvenir à une meilleure compréhension de ce point, afin de parvenir à terme à définir comment aider les patients à diminuer leur consommation d’énergie.

Méthodes : dans un premier temps, nous avons réalisé une revue de la littérature dans PubMed et Google Scholar, dont les résultats ont été discutés dans le cadre d’un focus group avec un panel de médecin de premier recours. Nous nous sommes basés sur ces données pour établir un questionnaire envoyé à un collectif plus large de médecins et de soignants, visant à explorer les connaissances, les attitudes et les pratiques de soins, ainsi que les manières d’aborder les questions environnementales avec les patients.

Résultats : la revue de littérature a montré que la plupart des articles avaient été publiés dans des revues de sciences environnementales plutôt que de médecine et abordaient la dépendance aux énergies fossiles sous l’angle sociétal plutôt qu’individuel. Les raisons de la faible couverture par les journaux médicaux restent à élucider et ce fait constitue en soi un enjeu de santé publique.

Commentaires : la littérature scientifique fournit des évidences convergentes à propos de la dépendance de nos sociétés aux énergies fossiles, en tant qu’enjeu majeur de santé à l’échelle planétaire. Ce problème est insuffisamment abordé dans la littérature médicale et en pratique clinique. Nous prévoyons d’explorer les diverses raisons de ce décalage entre la taille des enjeux et la faible place accordée aux liens santé-environnement dans nos échanges avec les patients.

Cette étude permet de mieux comprendre ce phénomène et d’élaborer des techniques d’entretien inspirées de la médecine des addictions (entretien motivationnel, stratégies de réduction). À notre connaissance, cette étude est la première à explorer l’analogie entre la dépendance aux énergies fossiles et celles, mieux connues, aux substances psychoactives courantes. Le décalage existant entre la perception de notre dépendance aux énergies fossiles en tant que société plutôt qu’en tant qu’individus n’a pas encore été élucidé.

Autres institutions ou personnes impliquées :
Dr Thierry Favrod-Coune, Service de médecine de premier recours, Hôpitaux universitaires de Genève
Pre Barbara Broers, Service de médecine de premier recours, Hôpitaux universitaires de Genève
Pr Yves Jackson, Service de médecine de premier recours, Hôpitaux universitaires de Genève

Objectif : l’objectif de la présente analyse était de mesurer l'impact environnemental du projet numérique DYNAMIC, visant à améliorer l'utilisation rationnelle des diagnostics et des médicaments par les cliniciens au niveau primaire en Tanzanie, à l'aide d'algorithmes électroniques d'aide à la décision clinique.

Méthodes : une analyse du cycle de vie du projet DYNAMIC a été réalisée pour calculer l'utilisation d'énergie fossile et de ressources minérales, ainsi que les dommages causés aux écosystèmes et à la santé humaine.

Résultats : au moment de la collecte des données, le projet DYNAMIC était mis en œuvre dans 40 établissements de santé, permettant de traiter 91 000 enfants par an. Ses émissions de GES s'élevaient à 24,5 tonnes de CO2 par an, tandis que 12,5 tonnes ont été économisées grâce à la diminution des prescriptions d'antibiotiques.

Les fournitures médicales sont la principale source d'émissions de GES, suivies des fournitures et activités numériques, et enfin de la logistique (principalement le transport pour les visites de supervision). L'utilisation d'énergie fossile et de ressources minérales ont été respectivement de 444 GJ et 86 kg. Les dommages sur la santé humaine et les écosystèmes étaient de 0,062 DALY et 12 000 PDF*m2 par an.

Cette analyse souligne l'importance de l'impact environnemental des consommables médicaux tels que les médicaments et les tests à usage unique, et démontre les avantages environnementaux des initiatives de gestion des antibiotiques.

Commentaires : comme l'ont montré d'autres études réalisées dans des pays à revenu élevé, bien que l'utilisation d'outils numériques ait représenté une part importante de l'utilisation totale des ressources minérales, elle a eu un impact plus faible sur les émissions de GES que les tests et les prescriptions de médicaments. Les 24,5 tonnes de CO2 émises annuellement par le projet représentent les émissions annuelles d’environ 80 Tanzaniens ou de 2 Suisses (voir figure ci-dessous). Nos résultats doivent donc être interprétés en gardant à l'esprit le principe d'équité climatique.

Autres institutions ou personnes impliquées :
Maxime Karlen, Unisanté, Centre universitaire de médecine générale et santé publique, Université de Lausanne
Pre Valérie D'Acremont, Responsable du Secteur de Santé globale et environnementale, Unisanté, Centre universitaire de médecine générale et santé publique, Université de Lausanne et Swiss Tropical and Public Health Institute, Bâle
Rainer Tan, Responsable de l'Unité Médicale Soins aux Migrants, Unisanté, Centre universitaire de médecine générale et santé publique, Université de Lausanne, et Ifakara Health Institute, Dar es Salaam, Tanzanie

Objectif : l’objectif de la réflexion préliminaire, sera : a) d’explorer les attentes des membres ; b) comparer les modèles d’affaires et c) élaborer des scenarii afin de garantir la survie financière et minimiser l’impact environnemental de l’ALASS.

Résultats : le TB doit démarrer au printemps et s’achever en automne 2023 ; il n’a pas encore produit de résultats. Ils seront analysés, éventuellement adaptés et validés par le Comité de l’ALASS pour être soumis à l’Assemblée générale début juillet 2024, en vue de faire les modifications statutaires nécessaires.

Commentaires : des milliers de chercheur-se-s et professionnel-le-s en Suisse participent à des activités scientifiques au sein d’associations ou sociétés savantes similaires. Les résultats de ce TB seront, à n’en pas douter, au moins partiellement transférables à leur propre cadre s’ils sont adéquatement communiqués.

Autres institutions ou personnes impliquées :
Dre Francesca Bosisio, Professeure ordinaire, Haute école d'ingénierie et de gestion du canton de Vaud, Yverdon-les-Bains

Objectif : la Direction des soins du CHUV conduit une démarche stratégique visant à renouveler sa vision pour les soins. Celle-ci succédera à la « Vision Soins 2020 » qui a orienté les développements conduits depuis 2016.

Méthodes : initiée au cours de l’été 2019, la démarche est réalisée selon une méthode classique : identification des tendances, formulation des enjeux, définition de la vision, des axes et des objectifs stratégiques. Mais elle se veut concrètement et réellement participative. Les cadres et professionnel-le-s du terrain sont sollicités à intervalles réguliers afin de favoriser la coconstruction et l’appropriation. En janvier 2023, alors que la vision est en passe d’être finalisée, plus de 1000 soignant-e-s ont apporté leur contribution au cours des différentes étapes de son élaboration.

Résultats intermédiaires : la durabilité apparaît comme une thématique incontournable dès le stade de l’identification des tendances susceptibles d’impacter les pratiques soignantes en 2019. Publiée la même année, la feuille de route de l’ASSM alimente les travaux. Accroître notre engagement en faveur des soins durables constitue l’un des onze enjeux formulés pour l’avenir des soins au CHUV. Des associations de patients, associations professionnelles et hautes écoles sont alors consultées pour consolider l’analyse, elles réagissent favorablement. Sous forme de Unes de grands journaux quotidiens, un exercice dont le but est de faire émerger les axes stratégiques prioritaires, les équipes soignantes évoquent ensuite leurs points de vue avec leurs propres mots. Une analyse de contenus assistée par ordinateur identifie dix thématiques, dont la durabilité. In fine, cette dernière constitue l’un des quatre axes stratégiques de la nouvelle Vision Soins du CHUV.

Commentaires : la mise en œuvre débute en 2023 et se poursuivra jusqu’en 2030. Elle pourra s’appuyer sur un terrain rendu fertile par le travail collaboratif et interprofessionnel réalisé en amont. Les différentes dimensions de la durabilité apparaissent en filigrane de plusieurs objectifs stratégiques, dans tous les axes stratégiques. L’approche est intégrée et vise à produire des résultats positifs pour les patients et les proches, pour les professionnels eux-mêmes, et pour le système de santé.

Objectif : notre objectif est de réduire au maximum l'impact climatique de la recherche clinique en Suisse sans faire de compromis sur la qualité.

Méthodes : par la mise en place d'un réseau national en collaboration avec des partenaires internationaux, nous voulons acquérir des connaissances et des expériences sur la réduction de l'impact climatique dans le domaine de la RC. Comme première étape concrète, nous envisageons, par analogie avec les efforts déployés en Angleterre, l'élaboration et la mise en œuvre d'un outil de mesure précis et accessible au public pour l’estimation de l'impact climatique des différents composants de la RC. Les chercheurs et les comités d'éthique en Suisse doivent utiliser cet outil de mesure lors de la planification et de l'évaluation des projets afin d'obtenir une RC plus respectueuse du climat. Idéalement, une base légale pour cette procédure devrait être créée immédiatement.

Processus en cinq étapes :
a)création d'une base légale pour la réduction de la charge climatique dans le cadre de la RCC ;
b)développement d'un outil : mettre en place un outil permettant de calculer l'écobilan et l'empreinte carbone des études afin d'identifier, de la conception à l'évaluation, les points d'action pour sa réduction ;
c)validation de l'outil avec une étude choisie pour identifier les sources de carbone ;
d)utilisation à grande échelle d'un outil librement accessible en ligne conformément aux nouvelles lignes directrices pour les chercheurs et les comités d'éthique et
e)examen et amélioration de l'outil.

Commentaires : l'harmonisation des processus par les comités d'éthique de la recherche en Suisse, en collaboration avec tous les partenaires académiques, industriels et sociaux, apportera sans aucun doute une valeur ajoutée mesurable en termes de durabilité et de sensibilisation à l'égard de l'impact sur le climat. En tant que Commission pour l'éthique de la recherche, nous nous devons de participer activement, dans un pays financièrement privilégié, à un développement qui soit solidaire aux pays défavorisés en matière de ressources et qui contribue à la préservation à long terme de la santé.

Autres institutions ou personnes impliquées :
Annette Magnin, Commission d’éthique cantonale, Zurich
Susanne Driessen, Swissethics, Berne
Konrad E. Bloch, Commission d’éthique cantonale, Zurich

Objectif : le Toolkit (boîte à outils) Planetary Health FMH doit permettre de trouver des solutions pour réduire la consommation d'énergie, de ressources et les émissions de gaz à effet de serre pour les cabinets ambulatoires des médecins de premier recours. Il s'agit également d'améliorer les connaissances sur le lien entre la santé et la protection de l'environnement auprès des équipes des cabinets médicaux participants et des patients et patientes.

Méthodes : un toolkit en ligne comprenant plus de 120 mesures réparties en 14 catégories et trois niveaux est élaboré sur le plan des idées et de la mise en œuvre de la boîte à outils « green impact for health » du RCGP (Royal College of General Practitioners) de le NHS-UK (Royaume-Uni). Les mesures sont traduites et leurs redondance et applicabilité en Suisse sont vérifiées. Les items et les catégories sont examinés par un comité d'évaluation composé de spécialistes du développement durable et de représentants de la FMH. Les mesures finales seront publiées sur un site internet.

Les cabinets participants peuvent s'y inscrire et accéder immédiatement à tous les contenus. Si plus de 80 % de toutes les mesures d'un niveau sont remplies, le cabinet peut obtenir gratuitement un certificat afin d'attirer l'attention sur son engagement pour le climat.

Résultats : après l'adoption de la stratégie Planetary Health par la Chambre médicale suisse, le mandat de mise en œuvre de la boîte à outils a été confié au Département santé publique. Les mesures et les catégories ont été traduites et leur applicabilité en Suisse a été vérifiée. Cela est nécessaire, car les systèmes de santé suisse et britannique sont très différents. Les catégories et les mesures sont actuellement examinées par un comité de révision. Le site web est en cours d'élaboration, d'autres contenus déjà existants sont collectés et attribués aux mesures correspondantes. La boîte à outils devrait être disponible en allemand et en français d'ici novembre 2023. Après le lancement, le projet entrera dans la deuxième phase de maintien et de diffusion.

Commentaires : les cabinets participants ont un impact positif sur le système de santé grâce à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à la diminution des coûts. De plus, les cabinets font office de multiplicateurs en transmettant leurs connaissances sur les liens entre la protection de l'environnement et celle de la santé.

Autres institutions ou personnes impliquées :
Barbara Weil, responsable du Département santé publique, Académie suisse des sciences médicales, Berne
Melissa Thalmann, assistante de projet

Objectif : cette étude explore la pertinence de sensibiliser les patient-e-s aux liens santé/environnement dans les soins ambulatoires. Le but de la recherche a été d’élaborer une documentation sur l’alimentation durable et la mobilité active à destination des patient-e-s ; d’évaluer son adéquation, sa compréhension et son acceptabilité ; d’en mesurer l’intérêt et l’impact auprès des patient-e-s. Elle a également évalué l’intérêt, le rôle et la légitimité des soignant-e-s d’aborder les questions de durabilité dans la pratique clinique.

Méthodes : cette recherche repose sur une étude qualitative dans 5 cabinets médicaux de Suisse romande. La documentation élaborée a été disposée dans les salles d’attente et évaluée au travers d’observations. 5 entretiens approfondis ont été menés avec des patient-e-s et 5 avec des médecins participant à l’étude, pour analyser la perception du rôle des soignant-e-s sur les questions de durabilité dans les soins.

Résultats : la recherche montre que, si globalement patient-e-s et soignant-e-s sont favorables à une sensibilisation aux questions climatiques dans les cabinets médicaux, elle doit être dûment réfléchie en amont, adaptée aux personnes et contraintes tant individuelles qu’institutionnelles, à portée scientifique et non politique. La recherche met en évidence une réactance des patient-e-s à une information qui met l’accent sur la responsabilité individuelle, générant un sentiment d’impuissance et de culpabilisation. Selon les participant-e-s, la simple information ne suffit pas à engendrer des changements de comportement effectifs ; pour avoir un impact, il est nécessaire de proposer des solutions concrètes, réalisables et adaptées aux réalités socioéconomiques des individus, par des messages accessibles, positifs et constructifs. Le rôle et la légitimité des soignant-e-s d’aborder ces questions dans la consultation médicale sont controversés, d’autant plus face au manque de temps à disposition. Les patient-e-s y sont favorables si cela reste étroitement lié à leur santé et plutôt dans les salles d’attente.

Commentaires : cette recherche-action permet d’explorer l’intégration des questions de durabilité dans les soins ambulatoires, d’accompagner des démarches de transition écologique et de renforcer les liens entre médecins de famille et chercheur-se-s. Elle propose des pistes concrètes issues du terrain, utiles pour les partenaires, à même de favoriser des changements de comportement souhaitables.

Autres institutions ou personnes impliquées :
Les Engagés pour la santé
Nicolas Senn, Département médecine de famille, Unisanté, Centre universitaire de médecine générale et santé publique, Université de Lausanne
Joelle Schwarz, Département médecine de famille, Unisanté, Centre universitaire de médecine générale et santé publique, Université de Lausanne

Objectif : le projet a pour but général de réduire les émissions d’eqCO2 des cabinets médicaux vaudois et au-delà. Il s’inscrit dans une collaboration avec le Plan climat du canton de Vaud. Ce projet fait suite à une première étude, menée en 2019, auprès de dix cabinets de Suisse romande pour établir leur bilan carbone. Le simulateur en ligne permettra aux utilisateur-trice-s d’identifier les sources principales d’émissions d’eqCO2 de leur cabinet, et de se voir proposer des actions personnalisées afin de les réduire.

Méthodes : six étapes ont été définies. L’étude de 2019 a permis d’identifier les postes importants dans le bilan carbone d’un cabinet médical de Suisse romande (étape 1), un catalogue d’actions est ensuite constitué sur cette base (étape 2). Un prototype du simulateur est développé puis testé par cinq médecins installés et représentant de cabinet lors d’un atelier, permettant ainsi d’évaluer l’acceptabilité de l’outil et de prendre en compte leurs propositions d’amélioration afin d’aboutir à une première version du simulateur en ligne à proprement parler (étape 3). Par la suite, une étude pilote évalue la faisabilité de la première version du simulateur dans dix cabinets (étape 4) et contribue à l’élaboration de la version finale de l’outil. Le simulateur est alors proposé à l’ensemble des cabinets vaudois (étape 5). Un suivi des mesures prises dans les cabinets au travers de l’outil est réalisé (étape 6). Le développement de l’outil est assuré par Unisanté et l’entreprise Environmental Action à Lausanne avec le soutien financier du Plan climat du canton de Vaud. Le déploiement du simulateur dans les cabinets médicaux vaudois se fait au travers des associations médicales régionales.

Résultats intermédiaires : l’analyse préliminaire des discussions menées sur la version prototype lors de l’atelier met en évidence l’intérêt du simulateur, tout en relevant le risque de surcharge administrative et en temps d’un tel outil comme barrières à l’acceptabilité.

Commentaires : grâce au simulateur en ligne, nous espérons inciter les cabinets médicaux vaudois à s’engager dans une démarche de durabilité. Le suivi des données récoltées dans l’outil permettra de l’améliorer afin de répondre aux attentes des utilisateur-trice-s et d’évaluer les réductions d’eqCO2 de l’ensemble des cabinets participants.

Autres institutions ou personnes impliquées :
EA-Environmental Action
Canton de Vaud

Objectif : trois rapports annuels ont été publiés depuis le lancement du PHRC. Le rapport de 2022 incluait des écoles de médecine des États-Unis, du Royaume-Uni, du Canada, de l'Irlande, de l'Allemagne, de la Malaisie et du Japon. Dans le cadre d'un effort national mené par des étudiants, six facultés de médecine suisses ont participé au rapport 2023, fournissant à chaque institution des propositions concrètes pour améliorer leur engagement en faveur de la santé publique.

Méthodes : dans chaque faculté de médecine, un groupe de travail composé d'étudiants, avec l'aide du corps enseignant et d'autres professionnels de la santé, a rempli le PHRC, qui couvre cinq sections (programme d'études, recherche interdisciplinaire, sensibilisation et défense des intérêts de la communauté, soutien aux initiatives menées par les étudiants et durabilité du campus). Des points ont été attribués pour 51 indicateurs, ce qui a permis d'obtenir des notes pour chaque section et une note globale représentant les efforts déployés par la faculté de médecine en matière de santé publique et de développement durable. Pour recueillir les informations pertinentes, les étudiants ont contacté les agences responsables et consulté des données accessibles au public.

Résultats : les résultats préliminaires indiquent que la santé planétaire suscite un intérêt majeur dans les facultés de médecine suisses. Cependant, l'intégration des différents liens entre la santé et l'environnement reste sous-optimale, et la collaboration au sein des facultés et entre elles est minimale (voir figure ci-dessous). Par conséquent, le PHRC recommande : a) de mieux intégrer les aspects cliniques de la santé planétaire dans le programme d'études, à l'aide de différentes modalités d'enseignement (par exemple, ateliers, séminaires) ; b) de mettre l’accent sur l’impact environnemental des systèmes de soins de santé et de le relier à l’initiative Choosing Wisely ; c) d'affecter des membres rémunérés spécifiquement chargés de développer le programme d'études en santé publique en collaboration avec les étudiants et les professeurs ; et enfin, d) d’établir un cadre national pour la santé publique dans l'enseignement médical suisse dans le cadre de PROFILES.

Commentaires : publié en mai 2023, le rapport du PHRC peut être utilisé comme base pour promouvoir des mesures ciblées dans les facultés de médecine suisses. Les améliorations futures nécessitent une collaboration active à l’échelle nationale entre les étudiants, les facultés et les bureaux de durabilité dans l’ensemble de l’éducation à la santé.

Il apporte une valeur ajoutée pour le système de santé : les professionnels de la santé doivent être formés à la prévention et à la gestion des effets sur la santé des changements environnementaux causés par l’homme. Le PHRC constitue un outil utile pour y parvenir

Autres institutions ou personnes impliquées :
Pauline Cottet, médecin assistant, Bienne
Angeline Buser, étudiante en médecine, Université de Berne
Alexandra Cillero, étudiante en médecine, Université de Lausanne

Objectif : nous souhaitons développer un module environnemental au sein de la formation des infirmier-e-s anesthésistes du CHUV. Ce projet s’inscrit dans une démarche de développement durable et s’oriente vers une diminution des impacts environnemental, sanitaire et financier ainsi que vers une amélioration de la qualité de vie au travail. L’objectif principal de ce travail est d’évaluer l’impact lié à la dispensation d’un cours sur le développement durable en anesthésie à travers ses aspects théoriques et pratiques. Son objectif secondaire est de comparer la pratique quotidienne de l’anesthésie des étudiants ayant bénéficié du module environnemental par rapport à celle des infirmières anesthésistes déjà en poste.

Méthodes : cette démarche se caractérise par la création et la réalisation d’un cours sur les aspects pratiques du développement durable en anesthésie. Ensuite, un questionnaire évaluant les notions transmises sera envoyé aux étudiants ainsi qu’à différents professionnels en anesthésie. Les résultats seront comparés entre les deux groupes. Ce projet nécessite la collaboration avec le Centre des formations, les étudiants en anesthésie et le personnel d’anesthésie. Ce travail permettra d’implémenter un module environnemental au sein de la formation d’anesthésie, de sensibiliser les futurs professionnels aux enjeux du réchauffement climatique et de proposer des axes d’améliorations en faveur du développement durable afin de réduire les impacts environnemental, sanitaire et financier du secteur d’anesthésie tout en améliorant la qualité de vie au travail à travers l’enseignement.

Commentaires : en Suisse, le système de santé est responsable de 6,7 % des émissions de gaz à effet de serre du pays, c’est le 4 secteur du pays avec l’impact environnemental le plus élevé. L’OMS a rédigé une Charte regroupant 10 mesures essentielles à prendre par les professionnels de la santé afin de protéger la santé des effets du changement climatique. 96 % des étudiants en santé en France pensent que le changement climatique est parmi les enjeux majeurs du 21e siècle. 84 % d’entre eux pensent que les enjeux climatiques devraient être enseignés durant les études en santé. Les infirmier-e-s doivent être les moteurs concernant les déterminants de la durabilité, le changement climatique, l'impact et la sensibilisation à l'environnement, la confiance en l'avenir, la responsabilité et enfin la volonté de changement.

Objectif : pour reconnaître ce besoin d'enseignement global parmi les travailleurs de la santé non professionnels, nous avons développé un cours obligatoire de santé mondiale de 5 ECT dans une université des sciences appliquées en Suisse. Les objectifs d'apprentissage de ce cours sont les suivants :

Expliquer et appliquer les connaissances sur les systèmes de santé et les modèles de distribution épidémiologique, et intégrer les aspects spécifiques à la maladie dans leur perspective professionnelle.
Être capable de nommer les systèmes de santé, de les évaluer en fonction de leurs avantages/inconvénients sur le plan de la santé.
De comprendre l'influence et les interactions des déterminants sociaux, politiques, économiques, écologiques, juridiques et culturels sur la santé et de discuter de manière indépendante de l'influence et des interactions de ces déterminants sur la santé.
Appliquer les défis définis en matière de santé liés au climat à différents domaines de leur pratique professionnelle dans leur pays et à l'étranger et les développer de manière critique et réfléchie.
Démontrer des valeurs interprofessionnelles et des compétences en matière de communication, en faisant preuve de respect des cultures, des valeurs, des rôles/responsabilités et des compétences uniques des autres professionnels et groupes travaillant dans le domaine de la santé mondiale.

Commentaires : à notre connaissance, ce cours est le premier obligatoire sur la santé mondiale dans un programme de maîtrise pour les infirmières et les sage-femmes dans les pays germanophones. Il est basé sur des normes internationales et a été adapté aux besoins des infirmières et des sage-femmes, notamment grâce au retour d'information des étudiants.

Autres personnes ou institutions impliquées :
Vanessa Leutenegger, Chargée de cours, Haute école des sciences appliquées, Zurich

Objectif : afin de répondre à ces enjeux, une plateforme « durabilité et santé » a été formellement inaugurée le 25 mars 2022 à l’UNIL grâce au soutien de la FBM. Ses missions principales sont :
1. Cocréation de savoirs interdisciplinaires et transdisciplinaires.
2. Transfert de connaissances et identification de leviers d’action transversaux entre les domaines de la santé et de la durabilité.
3. Constitution d’un lieu d’échange et de collaboration interdisciplinaire.
4. Soutien et coordination de l’enseignement prégradué sur les liens santé-environnement et durabilité.

Méthodes : il s’agit de la coconstruction entre le Centre de compétences en durabilité (CCD) qui apporte son expertise en matière d’interdisciplinarité sur les problématiques de durabilité et la FBM.

Résultats : un questionnaire, envoyé aux enseignants de la FBM pour évaluer leur intérêt à aborder des aspects de durabilité dans leurs cours, a révélé un grand intérêt auprès des répondants permettant en outre de cartographier les enseignements existant sur ces thématiques.

Lancement du site WEB (Plateforme durabilité et santé - FBM UNIL durabilité et santé).
Événement de lancement de la plateforme (03/2022).
Organisation d’une rencontre interuniversitaire entre les Facultés de médecine de Suisse (11/2022).
1^er symposium sur la thématique de la médecine durable (12/2022).
Identification d’objectifs d’apprentissage à introduire de façon concertée et longitudinale, sur les 6 années du cursus prégradué.
Déploiement d’un cursus de formation en durabilité et santé qui débute en 2023 par un cours ex-cathedra et un séminaire sur les thématiques « Durabilité et santé » en 1re année de médecine.

Commentaires : une plateforme, voulue et soutenue par la FBM, est une façon efficace d’intégrer et de renforcer les différentes dimensions de la durabilité et des liens entre santé et environnement à l’Université autant pour les étudiants que les enseignants, les chercheurs et plus largement la société civile.

Autres institutions ou personnes impliquées :
Pr Renaud Du Pasquier, Service de neurologie, Centre hospitalier universitaire vaudois, Lausanne
Pr Nicolas Senn, Département de médecine de famille, Unisanté, Centre universitaire de médecine générale et santé publique, Université de Lausanne
Nelly Niwa, Centre de compétences en durabilité, Université de Lausanne
Sarah Michel, Université de Lausanne

Objectif : le programme original d'apprentissage en ligne (SALUTE) est déjà bien utilisé à la BFH-G. Grâce à ce canal existant, cette nouvelle ressource est actuellement diffusée via des bulletins d'information aux différents professeurs et chercheurs (environ 180). Le programme e-Learning est populaire parmi les professeurs. L'utilisation par les chercheurs est cependant plus difficile. Cependant, grâce à la sensibilisation continue à l'importance de ce sujet et à la nécessité d'intégrer/de mettre l'accent sur la durabilité lors de l'obtention d'un financement, l'engagement dans ce domaine devrait s'améliorer.

Méthodes : dans un premier temps, dans le cadre de ce projet interne, l'équipe interdisciplinaire a développé et mis en œuvre un programme de e-Learning sur les thèmes de la promotion de la santé, de la prévention et de la santé psychosociale. En 2022, l'équipe a élargi son programme en mettant l'accent sur la promotion de la santé appliquée de manière systématique lors de l'introduction de la durabilité et de la santé planétaire dans les établissements de soins de santé.

Résultats intermédiaires : divers sujets (18) ont été développés pour le nouveau programme d'apprentissage en ligne : « le lien entre la promotion de la santé, la santé planétaire et l'environnement », « l'évolution vers une santé respectueuse du climat », « la manipulation des matériaux » et « la manipulation des produits médicaux ».

Commentaires : les avantages de ce projet pour le système de santé sont nombreux. Les connaissances accrues de nombreux professeurs et chercheurs de la BFH-G sur les thèmes de la durabilité, de la santé planétaire, de la promotion de la santé et de la prévention, conduira à l'application de ces connaissances dans divers environnements de soins de santé. Par le biais du transfert de connaissances aux étudiants en soins infirmiers, physiothérapie, nutrition et sage-femme, ainsi qu'à divers partenaires de recherche, le système de soins de santé sera influencé par les mesures prises par ces divers groupes.

Autres institutions ou personnes impliquées :
Dre Eefje Luijckx, Chargée de cours, Haute école spécialisée bernoise, Berne
Pr David Fah, Chargé de cours, Haute école spécialisée bernoise, Berne

Objectif : le projet de la HSLU (Lucerne University of Applied Sciences and Arts) a pour objectif d'analyser les conditions spécifiques au système de santé et aux prestataires de services ainsi que de réussite d'un partage de ressources entre les acteurs du système de santé suisse. Le partage peut porter sur des ressources matérielles et humaines.

Méthodes : sur la base d'une analyse de la littérature sur le partage B2B dans la santé, les résultats d'un projet de partage B2B entre PME suisses seront analysés. En outre, des données empiriques secondaires sur les plateformes numériques de partage dans le domaine de la santé aux Pays-Bas et aux États-Unis seront examinées. L'objectif est de structurer les besoins de recherche et d'en déduire des questions recherche auxquelles il faut répondre avant d'investir dans un partage basé sur des plateformes dans le domaine de la santé publique.

Autres institutions ou personnes impliquées :
Pre Uta Juttner, Lucerne School of Business, Pr Sebastian Huber,
École polytechnique fédérale, Zurich, Pre Anja Zimmermann, University of Applied Sciences and Arts, Lucerne
Pr Nico von der Heiden, Karina von dem Berge, Fabio Knöfler, Haute école de Lucerne

Objectif : promouvoir la santé d'une manière durable, participative, autonome, résiliente et respectueuse de l'environnement en renforçant la relation patient/nature. En pleine crise sanitaro-économique et écologique, je prends la ferme résolution d'être plus cohérente face à mes valeurs écologiques. En partenariat avec Philippe Yacoub et Bertrand Graz, je crée un jardin santé sur chaque m2 de terre autour et dans mon cabinet médical (sans pesticide suffocant).

Méthodes : participative car le patient est le moteur inspirant de prescriptions plus écologiques que j'ai appelé les prescriptions vertes (PV). La vue du jardin santé, fait éclore à mon insu, de nouvelles demandes de patients écoréceptifs. Ils s'interrogent sur l'impact écologique de traitements et m'orientent telle une boussole vers une démarche clinique plus écoresponsable.

Résultats : le jardin santé est composé de plantes comestibles et médicinales inspirées par la pharmacie verte du Dr Graz. Les patients, entourés de verdure, s’émerveillent alors de goûter, toucher et sentir des plantes symbiotiques et synergiques.

Depuis la création du jardin santé, les résultats sont :

Prises de conscience qu’il existe des pratiques cliniques plus écologiques : par exemple, pratique psychocorporelle ou enseignement thérapeutique me permettent de déprescrire des psychotropes ou des antidiabétiques avec succès.
Questionnements sur l’impact environnemental des démarches cliniques.
Orientation des codécisions cliniques en fonction de l'impact écologique des prestations : naissance des premières démarches cliniques éco-labellisée avec mes patients écoréceptifs.
À partir de ces observations, nous avons représenté un schéma de santé écoresponsable : le cercle vertueux des PV. Le patient conscient et intéressé par des pratiques de soins plus écoresponsables est spontanément plus engagé dans la démarche cobénéfice santé/environnement. Il veut apprendre à améliorer son lien aux plantes, animaux, alimentation, hygiène, eau, énergie de manière plus économique, locale, bio, durable et low-tech sur nos terrains pédagogiques ou sauvages. Spontanément, il revient au cabinet avec des demandes plus pointilleuses à trouver des soins encore plus écoresponsables.

Commentaires : ce projet pilote apporte un nouveau paradigme : les observations/demandes des patients rythment le « nouveau cœur cobénéfice santé/environnement » de la démarche clinique. Il peut être transférable/transposable dans toute institution (par exemple, l’hôpital).

Autres institutions ou personnes impliquées :
Dr Bertrand Graz, FMH Prévention et santé publique, médecin clinicien et chercheur pour l’Association santé communautaire Genève (ex. Fondation Antenna) et spécialiste de l'Université de Genève en pharmacologie inverse, auteur de la pharmacie verte
Philippe Yacoub, mon coach en permaculture, ancien banquier qui investit dans un terrain de 2500 m² à Corsier (Parc Paw Paw, parc pédagogique de permaculture), à quelques minutes à pied de mon cabinet médical à Corsier
Vincent Guyot étudiant en médecine et Pre Johanna Sommer dans le cadre du travail de Master en médecine humaine sur l’impact environnemental des médicaments et formulation de recommandations pour une prescription médicamenteuse durable en médecine de premier recours

Objectif : dans cette contribution, nous présentons l'avantage estimé en termes d'impacts environnementaux, les compromis ainsi que les premiers résultats.

Méthodes : la principale méthode appliquée pour l'évaluation environnementale est l'analyse du cycle de vie (ACV), ce qui implique que l'on ne considère pas seulement l'impact direct lié à la libération des gaz anesthésiques, mais aussi leur production, les équipements associés à leur utilisation et les déchets éventuels. L'impact des changements de pratique du service d'anesthésiologie des HUG sera évalué par une comparaison entre les consommations des trois premiers mois de 2022 (avant l'élimination) et des trois premiers mois de 2023 (première période analysée). Les données seront collectées et traitées par l'équipe de Choosing Greenly, un projet de soins écoresponsables mené aux HUG. Pour compléter les informations, quelques entretiens semi-structurés seront menés.

Résultats : les résultats seront représentés en termes de potentiel de réchauffement global et de consommation d’énergie pour une anesthésie générale en utilisant :
a) desflurane avec N20/O2 ;
b) desflurane avec O2/air ;
c) sévoflurane avec N20/O2 et
d) sévoflurane avec O2/air (pour les quatre cas, avec et sans circuit fermé). Les compromis, les simplifications faites dans l'analyse ou le manque de données seront également discutés.

Commentaires : les défis et les avantages éventuels liés à la mise en œuvre sont rapportés (temps nécessaire, conséquences sur la planification, aspects financiers, bien-être et sécurité des patients) ainsi qu'un premier aperçu des points de vue du personnel médico-soignant.

Autres institutions ou personnes impliquées :
Pr Martin K. Patel, Institut des sciences de l’environnement, Université de Genève
Dre Domitille Dereu, Service d’anesthésiologie, Hôpitaux universitaires de Genève
Pr Martin Tramer, Service d’anesthésiologie, Hôpitaux universitaires de Genève
Thierry Laroche, Service d’anesthésiologie, Hôpitaux universitaires de Genève
Dr Sylvain De Lucia, Service de médecine de premier recours, Hôpitaux universitaires de Genève
Pr Yves Jackson, Service de médecine de premier recours, Hôpitaux universitaires de Genève

Objectif : réduction des coûts causés par les MNT en Suisse (2018 : CHF 65 milliards ! 80% des coûts de la santé) et des primes d'assurance-maladie (AM) qui augmentent chaque année.

•Freiner la menace d'un effondrement du système de santé.
Minimiser le gaspillage alimentaire, la consommation d'aliments d'origine animale et des quelque 30 % de gaz à effet de serre générés aujourd'hui par la production et le transport des aliments.
Création d'un système alimentaire plus durable, sans impact durable sur l'environnement.
Maintenir les fonctions cognitives et réduire le risque d'obésité.

Méthodes : sensibiliser le public aux conséquences d'une alimentation malsaine et inciter les pouvoirs publics et les hommes politiques à prendre des mesures concrètes et contraignantes.

Inclure l'objectif d'apprentissage « Une alimentation saine » à l'école primaire et dans les écoles secondaires, avec des offres de cours de cuisine et d'ateliers ou de semaines de travail, dans les études de médecine et dans les établissements d'enseignement supérieur. Conversion des plans de menus à une alimentation saine dans les cantines et les cantines d'entreprise. Optimisation et remboursement des primes et prestations de l’AM sur la base du comportement alimentaire. Taxation, étiquetage d'avertissement et graduation des produits finis et des produits alimentaires, ainsi que la taxation de ceux dont l'empreinte carbone est importante.

Commentaires : l'apprentissage de comportements alimentaires prudents à tous les âges constitue la base d'une meilleure santé physique et mentale. Le système de santé sera ainsi moins touché par les MNT et les coûts des primes d’AM.

Autres institutions ou personnes impliquées :
Pr. Dr. med. David Nadal, Commission d’éthique cantonale, Zurich
Dr iur., LL.M., RA Doris Slongo, Zurich

Objectif : l'objectif de l'initiative de durabilité SSAPM est de sensibiliser les fournisseurs d'anesthésie en Suisse à la question de la durabilité du système de santé en général et de leur secteur d'activité en particulier, ainsi que les professionnels de la santé en particulier et de leur fournir des recommandations pour une pratique plus durable de leur activité.

Méthodes : dans un premier temps, un groupe de travail interprofessionnel, équilibré sur le plan régional et technique, a été constitué. Par le biais d'un questionnaire ciblé adressé à tous les membres de la SSAPM et de la FSIA (Communauté suisse d'intérêts pour les soins d'anesthésie), le groupe de travail s'efforce d'évaluer l'état actuel des connaissances et de la prise de conscience. L'échange intensif avec les comités de développement durable d'autres sociétés d'anesthésie en Suisse permet de gagner en expérience. Cet échange avec des représentants de la branche (par exemple, fournisseurs de respirateurs et de gaz anesthésiants), des régulateurs et des autorités de surveillance (notamment Swissmedic) a pour but remettre en question les directives et modèles actuels sous l'angle de la durabilité, développer de meilleures offres et d'offrir une protection juridique. La participation active à des congrès a pour but de renforcer notre présence au niveau national et de donner plus de poids à nos revendications. L'initiative, encore jeune, repose sur les piliers suivants :
1.Sensibilisation : Actuellement, il s'agit de sensibiliser les principaux acteurs médicaux et les acteurs non médicaux (fournisseurs de prestations individuels, cliniques, payeurs) à s'impliquer dans le projet. Une partie importante de la sensibilisation consistera à interroger les prestataires de services d'anesthésie.
2.Garantir les compétences/l'apprentissage : le document de synthèse et la page d'accueil Open Access doivent permettre à tous les prestataires de services d'anesthésie d'accéder à des informations actualisées et fondées sur des preuves, adaptées au système de santé suisse.

Thèmes cliniques prioritaires :

Les anesthésiques inhalés.
Life cycle analysis.
Approvisionnement et consommation d'énergie.
Gestion des déchets en salle d'opération.

Alors que les éléments éducatifs ont le potentiel d'orienter l'ensemble du système de santé, les recommandations concrètes visent à réduire les émissions de CO2 de l'anesthésie.

Objectif : l'analyse du cycle de vie est la meilleure méthode pour évaluer les impacts de la production, du transport, de l'utilisation et de l'élimination d'objets. Au CHUV, le gobelet médical en polypropylène (PP) est l'objet à usage unique le plus commandé. Notre objectif est de trouver des alternatives et de les comparer au moyen de l'analyse du cycle de vie.

Méthodes : une recherche sur internet avec « medical measure », « medical cup », « gobelet à médicaments » et « Einnehme Becher », ainsi que des contacts par courrier avec les fournisseurs actuels du CHUV ont permis de trouver deux principales alternatives au gobelet en polypropylène : gobelet en polypropylène Éco+ (PP+) (de Suède) et gobelet en papier (de Chine). L'impact sur le changement climatique, la santé humaine, la qualité des écosystèmes et l'épuisement des ressources a été réalisé à l'aide de la base de données Écoinvent.

Résultats : l'analyse du cycle de vie du gobelet en PP+ n'a pas pu être réalisée car sa matière première, le savon à la liqueur noire, n'est pas incluse dans l'inventaire Écoinvent. Toutefois, pour le PP et le gobelet en papier, les analyses du cycle de vie montrent que l'impact le plus important est imputable à la phase de production (55 contre 46 % du total des émissions de CO2e). L'impact de la phase d'élimination est réduite grâce au système de valorisation énergétique des déchets de l'usine d'incinération. Le gobelet en PP est responsable de cinq fois plus de CO2e (13,1 vs 2,5 kg CO2e/an) et a huit fois plus d'effet sur les ressources (207,2 vs 25,6 MJ/an) mais a un impact 1,2 fois plus faible sur les écosystèmes (2,6 vs 3,2 PDF*M2*an/an).

Commentaires : l'alternative papier est à recommander car elle a un impact beaucoup plus faible sur les changements climatiques et l'utilisation des ressources, même s’il est plus élevé sur les écosystèmes, et bien que le transport soit 14 fois plus long (Chine contre Suède). Les acteurs de la santé doivent connaître les impacts environnementaux des matériaux commandés par le biais de l'analyse du cycle de vie et ajouter ce critère à ceux de la sécurité d'utilisation et du rapport coût-efficacité.

Autres institutions ou personnes impliquées :
Dr Julien Castioni, Département de médecine, Direction des ressources humaines, Centre hospitalier universitaire vaudois, Lausanne
Prof. honoraire Suren Erkman, Institut des dynamiques de la surface terrestre, Faculté des géosciences et de l'environnement, Université de Lausanne
Nathalie Chèvre, Institut des dynamiques de la surface terrestre (IDYST), Faculté des géosciences et de l'environnement, Université de Lausanne

Objectif : nous avons décidé d'analyser et d'optimiser le tri des déchets d’anesthésie, de calculer l’impact environnemental et financier, de quantifier la nature des matières composant les déchets d’anesthésie et de réfléchir, dans une démarche d’écoconception, aux améliorations possibles pour diminuer l’impact environnemental du secteur d’anesthésie.

Méthodes : nous avons examiné le contenu des déchets d’anesthésie et les avons pesés et triés selon les recommandations légales et scientifiques. Un colloque d’information et plusieurs processus de sensibilisation auprès des collaborateurs du bloc opératoire ont été réalisés.

Résultats : après un tri conforme, nous observons une diminution de 85 % des sacs jaunes. Pour le secteur d’anesthésie, le tri conforme des déchets engendre un gain potentiel environnemental de 1,71 kg.CO2, et financier de CHF 1,09 par anesthésie générale. Les déchets les plus représentés sont les plastiques dont un grand nombre contient des phtalates, classés comme produits cancérigènes, mutagènes et toxiques. La valorisation du papier et du carton, de l’aluminium et du verre médical permettrait de diminuer le volume des déchets d’anesthésie de 34 % et d’engendrer une épargne supplémentaire de CHF 0,43 et de 0,41 kg.CO2 par anesthésie générale. De nombreux médicaments partiellement ou non utilisés ont été retrouvés, engendrant une surproduction de déchets, mais aussi des conséquences écologiques nocives puisqu’ils sont éliminés dans les eaux usées. Un colloque de service, un processus de sensibilisation, la création de pancartes d’information affichées dans les salles opératoires et d’affiches au format carte bleue réunissant les bonnes pratiques du tri des déchets ont été réalisés auprès des collaborateurs. Ce travail a permis de remplacer certains sacs jaunes par des sacs noirs, de développer des filières de recyclage des papiers et des cartons, de l’aluminium et du verre médical. Nous avons pu optimiser le tri des déchets, sensibiliser les équipes pluridisciplinaires et instaurer une réflexion écoconceptuelle auprès de chaque collaborateur.

Commentaires : le tri conforme des déchets d’anesthésie permettrait un gain financier de CHF 13 080 et environnemental de 20 520 kg.CO2, soit l’équivalent de 89 229 km effectués en avion soit 101 allers-retours Genève-Paris.

Objectif : nous nous intéressons aux soins de santé résilients, car ils permettent d’aborder la façon dont les institutions anticipent les crises, s’y adaptent et s’y transforment, en conséquence. Le but de ce projet consiste à explorer les perceptions des responsables d’autorités/d’institutions sanitaires suisses quant aux impacts du RC sur la santé de la population/système sanitaire ainsi que les plans de contingence engagés par ces responsables pour faire face à ces impacts.

Méthodes : cette recherche qualitative comporte deux volets : a) les impacts du RC sur la santé de la population/le fonctionnement des institutions sanitaires suisses selon des spécialistes internationaux du climat et b) les perceptions des directions des systèmes de soins suisses face au RC, ainsi que les mesures d’adaptation/d’atténuation engagées pour y répondre. Les données ont été collectées via une méthode Delphi comportant trois étapes : entretiens individuels, hiérarchisation des impacts/des mesures et consensus final. Les entrevues ont été enregistrées/retranscrites pour réaliser une analyse thématique.

Résultats : sept thèmes ont émergé :
1.effets du RC sur la santé humaine ;
2.évolution des besoins/attentes en matière de soins ;
3.impacts de ces besoins sur les institutions de soins ;
4.effets physiques du RC sur les institutions ;
5.facteurs contextuels ;
6.mesures d’adaptation et
7.mesures d’atténuation.

Commentaires : les travaux en cours affinent l’analyse, notamment en distinguant les éléments qui font l’objet ou non d’un consensus entre scientifiques. Par ailleurs, la perspective des experts sera comparée aux perceptions/expériences des acteurs institutionnels. Les entretiens avec ces derniers sont en cours de réalisation. Bien que le système sanitaire ait pour mission de protéger et de promouvoir la santé, il contribue fortement au changement climatique (consommation d’énergie, empreinte carbone). La mise en œuvre de mesures d’adaptation/atténuation dans les établissements de soins est indispensable pour assurer, à terme, la qualité de la prise en charge des patients et améliorer les conditions de travail du personnel.

Autres institutions ou personnes impliquées :
Roos Pauline, Dre en sciences infirmières, MSc en sciences infirmières, infirmière HES, Haute école de santé Arc HES-SO, Haute école spécialisée de Suisse occidentale
Juvet Typhaine Maiko, MSc en neurosciences en psychologie, BScSI, Haute école de santé Arc
HES-SO, Haute école spécialisée de Suisse occidentale
Krsmanovic Bozica, MSc en politique, Haute école de santé Valais-Wallis, HES-SO, Haute école spécialisée de Suisse occidentale

Objectif : intégration des thèmes du système de santé durable et de la crise climatique dans le programme d'études du MSc en soins infirmiers. Sensibilisation des étudiants à ces thèmes et développement de compétences cliniques pour le transfert des connaissances dans la pratique clinique.

Méthodes : recherche documentaire sur les notions de système de santé durable, de crise climatique et de soins infirmiers. Analyse qualitative des contenus trouvés par rapport aux déclarations sur la formation des infirmières et infirmiers. Réflexion critique sur les contenus en collaboration avec la commission pour la santé publique déjà existante. Durabilité et Planetary Health au sein de la Haute école spécialisée. Développement et pilotage d'un premier programme de formation pour les étudiants en Master. Évaluation du projet par un sondage avant et après enquête auprès des étudiants sur leurs connaissances, attitudes et compétences sur les thèmes mentionnés.

Résultats : la recherche documentaire a permis d'identifier 28 articles pertinents. L'analyse du contenu est en cours. La première enquête est prévue pour le printemps 2023.

Commentaires : l'analyse qualitative de la littérature doit donner de premières idées sur l'orientation des séquences d'enseignement. Le défi consiste à faire une sélection. De plus, il est nécessaire d'intégrer les contenus dans des modules existants. Pour faire face à ce problème, la sélection des thèmes et le développement du programme seront réalisés en collaboration avec la commission précitée et les représentants des étudiants. La mise en œuvre pilote sera évaluée à l'aide d'une enquête auprès des étudiants en Master qui sera répétée régulièrement dans le cadre d'un monitoring.

Commentaires :
les infirmiers et infirmières joueront ainsi, grâce à leurs compétences élargies, un rôle central dans la mise en œuvre de soins durables et conformes à la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).

Autres institutions ou personnes impliquées :
Mara Hendry, assistante scientifique, MSc soins infirmiers, Haute école spécialisée de Berne

Objectif : nous présentons ici un projet visant à réduire les GES émis dans un grand hôpital suisse.

Méthodes : Choosing Greenly est un projet interdisciplinaire dont l'objectif principal est de réduire l'empreinte carbone des soins délivrés au sein des HUG. Il se déroule dans l’ensemble de l’institution, et analyse plus particulièrement 3 unités pilotes. Il comprend quatre axes de travail :

Interventions éducatives et motivationnelles pour renforcer les compétences et favoriser une culture institutionnelle de prestation de soins de santé écoresponsable pilotée par des référents mandatés par les départements médico-soignants, selon un principe de championship.
Transition dans l'utilisation des gaz anesthésiques pour mettre en œuvre des pratiques moins coûteuses en GES.
Réduction de la consommation d'eau et d’énergie liée à l'hémodialyse.
Utilisation plus parcimonieuse d’examens coûteux en énergie en situation d'urgence.

Des spécialistes de l'analyse du cycle de vie et des changements de comportement accompagnent les porteurs du projet pour la mise en œuvre de ces interventions auprès des équipes pilotes.

Résultats : nous prévoyons de fournir les résultats suivants :

Élaboration d’un programme de formation « Santé et environnement » visant à accompagner les 7500 professionnels de la santé des HUG dans leur changement de culture et de pratiques.
Réduction de 15 % de la consommation d’énergie et des émissions de GES liées à la prestation de soins de santé dans les unités pilotes.
Intégration des notions de dimension des impacts environnementaux dans la production de nouvelles recommandations cliniques.

Le projet Choosing Greenly vise à stimuler les professionnels de la santé dans la prestation de services écoresponsables pour contribuer à l'effort mondial urgent.

Commentaires : le projet Choosing Greenly est complémentaire aux interventions de services supports institutionnelles (mobilité, construction, politique d’achat, etc.) menées depuis plusieurs années, répondant aux objectifs de la stratégie des HUG validée en 2022. Il s’inscrit aussi comme un catalyseur de la démarche portée par la Direction des soins et la Direction médicale de l’hôpital (projet Responsable de la transition écologique dans les soins : un nouveau rôle, présenté dans un autre abstract soumis à l’ASSM).

Autres institutions ou personnes impliquées :
Pr Yves Jackson, Service de premier recours, Hôpitaux universitaires de Genève
Pr Tobias Brosch, Faculté de psychologie et de sciences de l'éducation, Université de Genève
Pr Martin Patel, Faculté des sciences, Secteur énergie, Université de Genève

Objectif : rendre les professionnel-le-s de demain leaders en durabilité dans la pratique des soins et offrir un apprentissage cohérent en durabilité.

Méthodes : instaurer une approche participative pour analyser les besoins, relever les champs de tensions existants (par exemple, suivi des principes d’hygiène et d’asepsie versus gaspillage croissant de matériel non contaminé) et développer des solutions durables réalistes pour transformer les pratiques, tant au niveau logistique que pédagogique.

Développer des ateliers de formation en soins infirmiers écoresponsables par de la pratique simulée.
Créer de nouvelles collaborations interdisciplinaires pour rendre l’hôpital simulé écoresponsable.

Une première rencontre aura lieu en mai. Des ateliers de formation pour les étudiants de première année Bachelor seront ensuite développés, puis intégrés dans un deuxième temps aux autres niveaux de formation.

Autres institutions ou personnes impliquées :
Brigitte Hebrant-Henderickx, Institut et Haute école de la santé La Source, HES-SO, Lausanne
Severine Vuilleumier, Institut et Haute école de la santé La Source, HES-SO, Lausanne
Donald Glowinsky, Institut et Haute école de la santé La Source, HES-SO, Lausanne

25 octobre 2023Forum Suisse pour la durabilité environnementale du système de santé comment réussir la transformation ? Clémentine Fitaire, Sophie Lonchampt, Pr Nicolas Senn

I.Pour des services de santé suisses durables dans les limites planétaires

II.43 projets pour une meilleure durabilité du système de santé

III.Voix transgénérationnelles sur les services de santé du futur

IV.Assemblée participative

V.Podium interactif : comment réussir la transformation