Cette consultation est nécessaire pour pouvoir s’assurer que les troubles du sommeil sont bien la conséquence d’un problème psychosocial aigu, et que ce problème commence à trouver une ébauche de solution.
Il est également important de rechercher systématiquement une éventuelle affection psychiatrique, qui peut ne pas être évidente lors de la première consultation.
Traitement non médicamenteux
Si les troubles du sommeil persistent plus de 3 semaines, il convient dès cette deuxième consultation de proposer des traitements non médicamenteux de l’insomnie. Ces stratégies non médicamenteuses sont particulièrement importantes pour les patients souffrant d’insomnies chroniques qui prennent des somnifères depuis longtemps et viennent vous demander un traitement « plus efficace ». Pour ces patients, en plus des traitements non médicamenteux, il convient de proposer un sevrage des somnifères.
Les meilleurs résultats sont obtenus avec « le contrôle par le stimulus », « la restriction du temps de sommeil » et « les techniques de relaxation ». 17,18 19,20 21,22
Le contrôle par le stimulus
Le but du traitement consiste à refaire du lit un endroit inducteur du sommeil, alors qu’il est devenu pour l’insomniaque un inducteur d’éveil souvent pénible.
Il associe également quelques consignes qui permettent de remettre en place un rythme nycthéméral mieux adapté.
Ce traitement est extrêmement simple. Il suffit de demander au patient de respecter les consignes suivantes :
- Allez au lit seulement lorsque vous avez vraiment sommeil.
- Ne restez pas au lit si vous ne vous endormez pas rapidement (dans les 20 minutes), sortez de votre chambre à coucher et trouvez une occupation calme, en attendant le sommeil, ce qui vous ramène au point 1 ci-dessus.
- Levez-vous chaque jour à la même heure.
- Evitez de faire des siestes.
- Evitez les substances ou les activités stimulantes en fin de journée.
- Suivez ce programme au minimum plusieurs semaines.
Il convient d’expliquer aux patients que l’insomnie au salon ne fatigue pas plus que l’insomnie dans le lit. Il est possible que pendant les premières nuits, les patients passent beaucoup de temps dans leur cuisine ou leur salon, mais s’ils respectent les points 3 et 4, ils reconstruiront progressivement leur sommeil.
Il convient également de bien préciser que tout ceci prend du temps, et que tout aménagement du rythme nycthéméral ne se produit qu’après de nombreuses semaines.
La restriction du temps de sommeil
Ce traitement est moins facile à accepter que le précédent. Son but est de produire un léger état de privation afin d’amener le patient à ressentir de la somnolence au moment du coucher :
- On vise à obtenir un coefficient d’efficacité du sommeil ([temps de sommeil/temps passé au lit] x 100) égal à 85% au moins.
- On calcule le temps moyen de sommeil du patient à partir d’un agenda, tenu pendant au moins 8 jours, et on prescrit un temps passé au lit égal à cette durée.
- La restriction de sommeil se pratique en allant se coucher volontairement plus tard (15 minutes plus tard que la durée de sommeil estimée ci-dessus), mais en maintenant constante l’heure du lever. Si au bout de 10 jours, l’efficacité du sommeil ne s’améliore pas, on retarde l’heure du coucher de 15 minutes supplémentaires.
- Le temps passé au lit ne doit jamais être inférieur à 5 heures.
- Les siestes diurnes sont interdites.
Par la suite, en fonction de l’amélioration obtenue, le temps de sommeil peut être augmenté progressivement, de 15 minutes en 15 minutes, en avançant l’heure du coucher.
Cette technique est efficace mais difficile, au moins au début, car la privation de sommeil entraîne une baisse de la vigilance diurne. Elle peut nécessiter un arrêt de travail de quelques jours pour en éviter les conséquences.
Les techniques de relaxation
Il est très important de réserver une période de calme dans la demi-heure qui précède les tentatives d’endormissement. On «tombe» endormi, ce qui signifie que le sommeil ne peut s’obtenir activement. Il faut se mettre dans une situation passive, et pour ceci, toutes les techniques de relaxation sont utilisables (relaxation selon Schultz, bio-feedback, sophrologie, auto-hypnose).
Vous pouvez essayer dans un premier temps une technique simple :
- Prévoir une période d’au minimum 30 minutes de calme avant d’aller se coucher.
- Une fois au lit, éviter toute activité, en dehors de la sexualité.
- Se concentrer sur la respiration, en expirant lentement.
- Puis détendre successivement les muscles autour des yeux, la nuque, les épaules, les bras, le ventre, les cuisses, les jambes, qui deviennent progressivement lourdes.
- Continuer les exercices respiratoires.
Dans les cas difficiles, ou en cas d’échec, vous pouvez également adresser votre patient à un spécialiste pour un enseignement d’une technique particulière.