La base du crâne est une région passionnante, mais dangereuse, car elle est le lieu de toutes les structures vitales, le passage de tous les nerfs crâniens et des gros vaisseaux essentiels à l'irrigation et au drainage de l'encéphale. Depuis que la neurochirurgie moderne existe, la chirurgie de la base a fait l'objet de nombreuses communications,celles-ci étant surtout d'ordre technique. L'avènementdu microscope a permis d'accéder à des tumeurs souvent situées sur la ligne médiane, de disséquer la carotide, l'artère vertébrale et leurs branches, d'éviter «d'ouvrir» des veines de drainage ou de léser des nerfs crâniens.Paradoxalement, les si-gnes cliniques sont souventdiscrets, probablement parce qu'une grande partie des lésions sont bénignes, donc à évolution lente ou que la tumeur a un développement plutôt intra-osseux. Cette revue rapporte l'essentiel des tumeurs retrouvées à la base du crâne, excepté les adénomes de l'hypophyse et les tumeurs de la région hypophysaire qui feront l'objet d'un autre numéro. La subdivision de la base en trois étages permet déjà d'établir que les carcinomes sont le plus souvent situés à l'étage antérieur, que les schwannomes ou neurinomes occupent majoritairement la fosse postérieure et que les méningiomes peuvent se développer aux trois étages.Plusieurs points ressortent de l'ensemble des articles proposés ici : la difficulté anamnestique à diagnostiquer «plus vite» la tumeur, la relative facilité à visualiser en trois dimensions la lésion grâce aux progrès de l'imagerie, la complexité stratégique opératoire et donc technique et surtout la multidisciplinarité qui doit aujourd'hui améliorer la prise en charge du patient. En effet, le développement de la radiochirurgie stéréotaxique peut dans certains cas être non seulement un complément à la chirurgie mais devient parfois le traitement de choix, ceci dépendant de l'âge du patient et de la dimension de la lésion.Enfin, nous insisterons sur l'extrême difficulté chirurgicale à essayer de «retirer» toute la tumeur. Comme l'a rapporté récemment John Garfield (J Neurosurgery 1999 ; 91 : 359-63) à propos des résultats opératoires de méningiome étendu de la base du crâne : « the quality of life for the patient is worse than that indicated in surgeon's reported results ; the impact on the patient's caregiver is profound a burden perhaps not fully appreciated by the surgeon.»