Une enquête nationale visant à établir l'impact radiologique global du radiodiagnostic sur la population suisse a été conduite entre 1998 et 1999. Plus de 250 types d'examens radiodiagnostiques ont été considérés. La démarche suivie a consisté d'une part à déterminer, par enquête, les fréquences des divers types d'examens, et, d'autre part, à établir par modélisation, pour chaque type d'examen, la dose de radiation délivrée au patient. L'impact collectif du radiodiagnostic a été évalué par convolu-tion de ces deux informations, en utilisant des modèles de risque radiologique appropriés. Les résultats préliminaires de l'en-quête indiquent que près de9 500 000 examens radiodiagnostiques sont pratiqués annuellement en Suisse (1,34 examen par habitant) conduisant à une dose effective annuelle moyenne par habitant de 1,1 mSv.
La dose moyenne à la population due à l'irradiation médicale est estimée, dans les pays industrialisés, à environ 1-2 mSv/an.1 Elle représente la part la plus importante de l'irradiation artificielle et environ le quart de la dose totale reçue par la population. De nombreuses données dosimétriques concernant le radiodiagnostic sont disponibles en Suisse.2-5 Cependant depuis la fin des années 70, aucune dose moyenne à la population, ou indicateur de risque radiologique, n'a été déterminée. Depuis cette date, la dose moyenne à la population a dû subir, et subira dans l'avenir, un changement sensible pour les raisons suivantes liées à l'évolution de la population, à l'indication de l'examen radiodiagnostique et aux techniques utilisées : 1) augmentation de la demande de soins (augmentation de la population) ; 2) accès facilité aux soins (augmentation de la population urbaine) ; 3) vieillissement de la population ; 4) évolution de l'indication de l'examen radiodiagnostique, en particulier grâce au développement de modalités alternatives (endoscopie, ultrasons, imagerie par résonance magnétique) ; 5) extension de certaines procédures comme la mammographie et la tomodensitométrie ; 6) extension de la radiologie interventionnelle ; 7) augmentation des sensibilités des couples film-écran ; 8) évolution vers la radiologie digitale ; 9) introduction des contrôles de qualité exigés par la nouvelle ordonnance de radioprotection. Dans ces conditions, une nouvelle détermination de l'impact global du radiodiagnostic sur la population s'est avérée judicieuse.
L'enquête a pour objectifs principaux : 1) de déterminer les doses de radiation délivrées en Suisse par les divers examens radiologiques (radiodiagnostic et radiologie interventionnelle) ; 2) de déterminer les fréquences des différents examens en fonction de l'âge et du sexe ; 3) de déduire l'impact global de la radiologie diagnostique sur la population suisse ; 4) d'étudier la variation des pratiques médicales en ce qui concerne l'utilisation des examens radiologiques ; 5) de formuler des recommandations en vue de réduire les doses, le cas échéant.
La démarche suivie dans l'enquête consiste d'une part à déterminer par enquête les fréquences des divers types d'examens, et d'autre part, à établir pour chaque type d'examen la dose de radiation délivrée au patient. L'impact collectif du radiodiagnostic est évalué par convolution de ces deux informations, en utilisant des modèles de risques appropriés. Les grandes lignes de l'enquête sont précisées dans le schéma de la figure 1. Concernant les aspects dosimétriques, les grandeurs de base considérées sont les indices dosimétriques déterminés à partir des paramètres des examens sur la base de modèles dosimétriques. Ces modèles nécessitent une caractérisation précise de chaque examen. La caractérisation est effectuée au départ sur la base des données recueillies au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) ; elle est ensuite vérifiée par un référent pour chaque spécialité médicale et validée par une enquête couvrant un échantillon de cabinets ainsi que plusieurs hôpitaux universitaires. Les indices de dose (DES : dose en surface à l'entrée, DAP : produit dose-surface, CTDI : indice de dose de tomodensitométrie) sont convertis en doses aux organes et en dose effective en utilisant les programmes ODS-606 et CT-DOSE.7L'enquête sur les fréquences des examens, portant sur un plus grand échantillon, fournit des informations sur la distribution des fréquences des divers types d'examens en fonction de l'âge et du sexe du patient. Elle permet d'établir leurs répartitions par spécialité médicale, par type d'établissement et par région géographique. Les variations saisonnières sont étudiées sur la base de statistiques mensuelles fournies par un échantillon de cabinets médicaux et d'hôpitaux périphériques. Enfin, le détriment radiologique individuel et l'impact collectif du radiodiagnostic sont évalués sur la base de modèles de risque appropriés, établis conformément à l'état actuel des connaissances en la matière.
Le tableau 1 présente les résultats intégraux préliminaires de l'enquête. Les 257 types d'examens ont été groupés dans neuf catégories larges. Le nombre annuel d'examens par 1000 habitants et la dose effective annuelle moyenne par habitant en mSv sont donnés. Deux valeurs de la dose effective sont présentées : sans et avec correction pour l'âge du patient selon le modèle du National Radiological Protection Board (NRPB).8 On constate que la correction pour l'âge conduit à une réduction de la dose effective. L'enquête a révélé que le nombre total d'examens (tous types inclus) en Suisse est de l'ordre de 1,32 par habitant et par an dont 48% correspondant aux examens légers de radiographie et 44% correspondant aux examens dentaires. La dose effective moyenne est de l'ordre de 1,06 mSv par habitant et par an dont 40% correspondant aux examens légers de radiographie et 24% correspondant à la tomodensitométrie.
L'enquête a permis d'avoir une idée précise sur l'exposition de la population suisse par le radiodiagnostic. Les fréquences et les doses associées aux divers types d'examens ont été établies. Près de 9 500 000 examens radiodiagnostiques par an sont effectués en Suisse, auxquels est associée une dose effective moyenne de 1,1 mSv par habitant et par an. Les résultats de l'enquête seront utilisés pour élaborer des recommandations en vue de réduire les doses aux patients en radiodiagnostic.