En dépit des considérables progrès de nos connaissances scientifiques, acquis au cours des dernières décennies, dans le domaine des maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI) Crohn et rectocolite hémorragique (RCH) de nombreuses difficultés subsistent au niveau de la prise en charge thérapeutique, au jour le jour, de ces malades.C'est donc l'objet de cette«livraison» annuelle de Mé-decine et Hygiène, dont l'équi-pe de l'Hôpital Bichat de Paris est, depuis plusieurs décennies aussi, «l'éditeur invité».Quatre des cinq articles sollicités concernent, à juste titre, la maladie de Crohn, le cinquième la chirurgie de conservation d'une défécation par les voies naturelles après colectomie totale pour RCH ; dans ce domaine tout semblait, au décours des années 198090, réglé après l'avènement de la colo-proctectomie avec confection d'unréservoir iléal et anastomose iléo-anale (AIA) ; malheureusement la surveillance, aux termes d'un recul prolongé (dix à vingt ans), mon-tre que bien des problèmes persistent après chirurgie.En France, le Groupe d'étude thérapeutique des affections inflammatoires digestives (GETAID), mis sur pied par le Pr Robert Modigliani, mène depuis prèsde vingt ans des études con-trôlées multicentriques, destinées à une prise en charge thérapeutique adéquate des patients atteints de maladie de Crohn.Il était donc naturel de s'adresser à des membres du GETAID pour ces articles didactiques : Marc Lemann (Service du Pr Modigliani, Hôpital Saint-Louis, Paris), Yoram Bouknik (Service du Pr Claude Matuchansky, Hôpital Lariboisière, Paris), Iradj Sobhani (Service du Pr Mignon, Hôpital Bichat-Claude Bernard) et Jean-Claude Soulé (Service de gastro-entérologie, Hôpital Louis-Mourier, Colombes, et prochain chef du Service d'hépato-gastro-entérologie de l'Hôpital Bichat-Claude Bernard, Paris).Enfin, l'équipe du Pr Rolland Parc à l'Hôpital Saint-Antoine de Paris a, dans le domaine de la chirurgie de la RCH, une expertise incontestée, ayant été parmi les premiers en France à introduire l'anastomose iléo-rectale (AIR), tout comme notre équipe à Bichat, et surtout l'AIA ; le Pr Emmanuel Tiret, adjoint du Pr Parc à Saint-Antoine, a bien naturellement été, une fois de plus, sollicité pour faire un point sur la chirurgie conservatrice de la RCH.Tous, avec certains de leurs collaborateurs Isabelle Etienney (de Louis-Mourier) et Philippe de Saussure (de Lariboisière, aujourd'hui à Genève) ont élaboré des articles extrêmement bien documentés et référencés, dans lesquels le lecteur trouvera beaucoup de réponses (si-non toutes) aux nombreu-ses questions qui se posent au praticien lors de la prise en charge thérapeutique desmalades atteints de MICI, maladies chroniques, angoissantes souvent, invalidantes parfois.Beaucoup de réponses s'appuient certes sur des données statistiques qui, au mieux (et c'est déjà beaucoup), constituent des normes de références («guidelines» ou recommandations). Il reste à les mettre en pratique, au cas par cas, utilisant la relation privilégiée qu'a le médecin praticien avec ces malades chroniques, véritable relation humaniste à sauvegarder par tous les moyens !