ORL 2000
P. Montandon
Rev Med Suisse
2000; volume -4.
20890
Résumé
Ce premier numéro spécial du millénaire consacré à l'ORL est l'occasion de souligner quelques traits caractéristiques de cette spécialité médico-chirurgicale plus que centenaire.Au cours des deux dernières décennies, la spécialité s'est recentrée sur les maladies de l'oreille, des voies aéro-digestives supérieures et de leurs annexes et malgré une subdivision de plus en plus accentuée en otologie, otoneurologie, rhinologie, laryngologie, phoniatrie et chirurgie cervico-faciale, l'unité de la spécialité s'est maintenue d'elle-même. On peut s'étonner d'une telle cohésion et de l'attrait qu'exerce cette spécialité.La cohérence d'une spécialité aussi diversifiée que l'ORL est peut-être due à une certaine unité de doctrine avec un abord très conservateur, très artisanal et très personnalisé du malade et de la ma-ladie. Un abord qui va à contre-sens de la tendance qui veut faire du médecin un employé de santé interchangeable et impersonnel, appliquant des directives contraignantes pour obtenir un résultat calculé d'avance, chiffré et objectivable. Difficile, dans la nécessaire confrontation en tête-à-tête si directe et si proche de l'ORL et de son patient et surtout lorsque la spécialité comprend, et à juste titre, très souvent en anglais le qualificatif de «and communication diseases». En ORL, ce n'est pas l'examen en tant que tel qui compte mais toujours et sans exception celui qui fait l'examen. Ce n'est pas non plus la nomenclature de l'intervention et sa durée, mesurée en quart d'heure, mais la qualification de l'opérateur.L'attrait de la spécialité résulte de la très grande diversité du domaine qui va des vertiges aux cancers de la gorge, de l'acouphène aux ronflements et de la sinusite à l'aphonie du chanteur. Par ailleurs, les investigations médico-techniques ou endoscopiques requièrent expertise, dextérité manuelle et expérience qui sont les caractéristiques de tout artisanat spécialisé. Sans parler des techniques chirurgicales qui font appel aux mêmes qualifications et à l'instrumentation la plus raffinée possible : la microchirurgie endoscopique endo-cavitaire a remplacé la chirurgie à «ciel ouvert», pour répondre aux impératifs d'une agression minimale, dans un domaine où l'anatomie est aussi complexe, mêlée et variable, que celle de micro-ordinateurs de marques différentes avec en plus l'irréversibilité absolue des lésions
Les amateurs de prouesses techniques tridimensionnelles macro- et microscopiques y trouvent certainement leur compte. L'intérêt du domaine n'est pas que technique, preuve en soi la séduction considérable qu'il exerce sur nombre de chercheurs fondamentalistes physiciens, ingénieurs, linguistes, psychologues et pharmacologues, dont l'apport à la spécialité est déterminant et dont l'association à la clinique est aujourd'hui considérée comme indispensable et allant de soi.Les quelques articles de ce numéro permettront peut-être au lecteur de partager notre enthousiasme. J'en profite pour remercier Médecine et Hygiène de m'avoir confié pendant 25 ans la supervision des numéros spéciaux d'ORL que reprend dès maintenant mon successeur désigné à la tête du service ORL des Hôpitaux universitaires de Genève, le Pr Willy Lehmann. C'est à lui que nous devons la préparation de ce numéro.