Stéthoscope et blouse blanche, ils étaient plusieurs centaines de médecins, de chirurgiens et de psychiatres à brandir des pancartes, à huer la conseillère fédérale Ruth Dreifuss et «sa» LAMal et à battre le pavé devant le Palais fédéral par un beau soleil et dans un air glacial.
Venus en cars entiers surtout de Genève et de Lausanne, la quasi-totalité d'entre eux n'avaient jamais participé à une manif de leur vie. Cela fait cent septante ans que la Société vaudoise de médecine existe, on ne se souvient pas d'un tel événement. C'est une première, mais l'enjeu est sérieux», estime le président Charles-Abram Favrod-Coune, accouru de Château-d'x à la tête de ses troupes rassemblées dans deux autocars. «Je ne suis pas venu défendre des intérêts financiers, mais nos conditions de travail», précise l'ancien président de la SVM. (...)
C'est en français essentiellement que les orateurs ont fustigé l'incurie de l'OFAS et la voracité des caisses-maladie. L'un des plus virulents, l'avocat genevois Mauro Poggia, président de l'Association suisse des assurés (ASSUAS), accuse Ruth Dreifuss et son département de «ne pas savoir où va le train de la LAMal. Plus de 5 milliards de provisions ont été entassés sans aucun contrôle de l'OFAS par les caisses-maladie, et encore, ce ne sont que les derniers chiffres officiels, ceux de 1996».
L'ASSUAS exige la tenue d'un audit des caisses-maladie et de l'Office fédéral des assurances sociales. Un autre porte-parole des assurés, Raynalde Popescu, va plus loin encore. Il demande carrément que les dirigeants de caisses soient traduits en justice : «On ne peut pas faire n'importe quoi des sommes confiées par les assurés. Des avocats ont été contactés pour ouvrir des actions en justice». (...)
Olivier Grivat
(Le Matin du 26 novembre 2000)