En Autriche, l'interruption thérapeutique de grossesse est légale jusqu'au terme de la gestation. Jugeant cette situation «intolérable», le nouveau ministre des Affaires sociales Herbert Haupt, membre du parti d'extrême droite FPOe préconise d'abaisser le délai légal pour ce type d'avortements. Il considère en outre que l'interruption volontaire de grossesse (IVG) ne doit plus être exclusivement une affaire de femmes. «Le père de l'enfant doit également être impliqué dans la prise de décision».
Vétérinaire âgé de 53 ans, M. Haupt est entré au gouvernement en octobre 2000, succédant à Elisabeth Sickl évincée par son propre parti d'extrême-droite pour incompétence. Le ministère de la Santé qu'il dirige a, rappelle l'Agence France-Presse, la charge de ce dossier, le gouvernement de coalition entre conservateurs et extrême droite ayant supprimé le «ministère de la Femme» qui avait été instauré par les sociaux-démocrates. M. Haupt a sur ce point le soutien de conservateurs qui ont établi un parallèle entre les pratiques eugéniques des nazis et la loi actuelle sur l'avortement de ftus souffrant de malformations graves. Faut-il rappeler que sous le IIIe Reich, l'Autriche annexée par l'Allemagne hitlérienne, avait mis en uvre un programme d'élimination des personnes jugées «inaptes», stérilisant ou exterminant les handicapés ?
«Nous ne pouvons pas avoir une législation qui nous rappellerait, même de façon la plus vague, le IIIe Reich, a déclaré Maria Rauch-Kallat, la secrétaire générale du parti conservateur OeVP. Il devrait être impossible qu'une vie de handicapé soit moins protégée que celle d'une personne normale». L'opposition de gauche rejette pour sa part toute comparaison entre la loi actuelle sur l'avortement et l'eugénisme des nazis. «Une personne qui se permet de juger une femme qui porte un enfant sérieusement handicapé, et qui doit prendre une décision terriblement difficile, ne comprend vraiment rien aux problèmes des femmes ou tout simplement rien à l'humanité», a déclaré l'ancienne ministre social-démocrate des Femmes, Barbara Prammer.
Pour leur part les médecins autrichiens ont rappelé que les cas d'avortements tardifs motivés par l'anormalité du ftus se comptaient sur les doigts d'une main chaque année dans le pays. Quant aux mouvements féministes, ils redoutent que la proposition de M. Haupt ne soit que le début d'une offensive générale contre le droit à l'avortement.J.-Y. N.