Quarante mille organes humains ont été prélevés et stockés par les hôpitaux en Grande-Bretagne sans que les familles des défunts aient été averties : c'est ce qu'a reconnu officiellement le principal conseiller du gouvernement britannique en matière de santé. «Certaines des pratiques passées concernant la rétention d'organes étaient décidées par le NHS (National Health Service) pour les patients et non pas avec les patients. Le gouvernement fera tout ce qui est en son pouvoir pour remettre les choses en ordre» a déclaré le Pr Liam Donaldson aux quelque 500 personnes médecins, groupes de pression, conseils juridiques, familles réunies jeudi à Londres lors d'un sommet national sur la «rétention d'organes.» Le gouvernement britannique, rappelle l'Agence France-Presse, avait déjà publié un code de pratique provisoire après qu'un scandale sur la rétention d'organes dans les hôpitaux eut éclaté en 1998. Il s'était également engagé à mener des enquêtes dans les centres hospitaliers de Bristol (Bristol Royal Infirmary) et de Liverpool (Alder Hey Children's Hospital), où des milliers d'organes d'enfants avaient été prélevés sur des cadavres sans le consentement clairement exprimé par les familles. Les résultats de ces enquêtes devraient être publiés dans les prochaines semaines. Pour mettre fin à ces pratiques, le Pr Donaldson a indiqué que le gouvernement était prêt à modifier la législation, qualifiée de «complexe et obscure» par le Pr Ian Kennedy, chargé de l'enquête sur les décès postopératoires des enfants à l'hôpital de Bristol : les parents ne savent pas toujours que signer l'autorisation pour une autopsie autorise également les médecins à prélever et conserver des organes de l'enfant décédé. Cette question devrait redevenir d'actualité en France lors de la prochaine révision des lois de bioéthique de 1994.J.-Y. N.