Les activités physiques doivent être prescrites après un événement cardiovasculaire car elles permettent de modifier favorablement plusieurs facteurs de risque cardiovasculaire et elles améliorent le pronostic à long terme. L'évaluation initiale du patient comprend un test d'effort et une estimation de la fonction systolique du ventricule gauche. Les activités physiques doivent être débutées aussi tôt que possible, de façon très progressive, principalement sous forme d'exercices d'endurance en aérobie (entre 60 et 80% de la VO2 max). En fonction de ses aptitudes et ses disponibilités, chaque patient doit trouver les activités qu'il préfère, afin de dépenser au moins 1500 kcal par semaine. La notion de plaisir est essentielle pour pratiquer ces activités physiques au long cours et bénéficier ainsi de l'effet protecteur contre les maladies cardiovasculaires tout en améliorant sa qualité de vie.
Après un accident vasculaire tel qu'un infarctus, un épisode d'angor instable ou une intervention de revascularisation du myocarde par cathétérisme ou par chirurgie, la prescription des activités physiques est aussi importante que celle des médicaments. Elle s'inscrit dans une prise en charge globale du patient et développe des effets bénéfiques en interagissant avec de multiples facteurs de risque cardiovasculaire. La pratique des activités physiques est associée à une baisse de la morbidité et de la mortalité cardiovasculaire de plus de 20% dans les méta-analyses.1,2,3 Cet effet bénéfique se retrouve également chez les patients en insuffisance cardiaque.4
Il existe peu de contre-indications absolues à la pratique des activités physiques pour un patient cardiaque (tableau 1). Toutefois, certaines précautions doivent être respectées et un bilan préalable est indiqué (tableau 2).
Dès que la phase aiguë est terminée et qu'il n'existe plus d'instabilité hémodynamique ou rythmique nécessitant une surveillance en soins intensifs, le patient peut être mobilisé (phase I). Il est non seulement inutile mais également néfaste de prescrire un alitement prolongé. L'activité physique est reprise de façon très progressive sous surveillance étroite d'un physiothérapeute ou d'une infirmière. Lorsque le patient est capable de marcher une cinquantaine de mètres à plat ou de monter un étage par les escaliers, il peut participer à une réadaptation de phase II. Les activités physiques sont alors réalisées, en général en groupe, sous surveillance médicale, dans le cadre d'un programme remplissant les critères du Groupe suisse de travail pour la réadaptation cardiovasculaire. Les patients bénéficient de conseils spécialisés et apprennent à gérer leurs activités physiques de façon autonome. Par la suite, ils doivent intégrer ces activités dans leur vie courante afin de les pratiquer régulièrement. En effet, le bénéfice n'existe qu'avec des activités régulières ; au bout de deux à trois mois d'inactivité, le patient est à nouveau considéré comme sédentaire.
Les activités de type endurance ont bien démontré leur efficacité dans la prévention des maladies cardiovasculaires. La marche constitue l'activité de base, accessible à chacun, praticable partout et nécessitant un minimum de matériel. Le vélo (à l'extérieur ou sur ergomètre), la natation, le ski de fond, l'aviron développent également l'endurance. Des sports tels que le tennis, le football ou le ski alpin comportent des composantes d'endurance et de résistance. Ils sont accessibles aux patients cardiaques bénéficiant d'un bon entraînement d'endurance, à condition d'être repris avec une intensité progressive. Parmi les précautions particulières, on peut recommander d'éviter les activités comportant un risque de blessure (sports de combat, risque de chute) en cas d'anticoagulation. Les activités telles que la plongée sous-marine comportent un risque supplémentaire car le moindre symptôme ou malaise peut rapidement tourner à la tragédie. Des activités physiques en altitude doivent être envisagées de façon très progressive ; on recommande au patient d'être libre de symptôme à l'effort à une certaine altitude avant d'augmenter son palier de 500 mètres.
Les activités physiques des patients cardiaques doivent être pratiquées en aérobie. Le seuil d'anaérobie se situe à environ 80% de la consommation maximale d'oxygène (VO2 max) mais il existe un bénéfice bénéfique pour les activités physiques réalisées entre 40 et 80% de la VO2 max. Sur la base d'un test d'effort, on peut déterminer la fréquence maximale du patient et estimer comment déterminer la plage d'entraînement idéale entre 60 et 80% à l'aide de sa fréquence cardiaque (fig. 1). Il est également possible d'enseigner au patient à connaître sa propre sensation subjective d'effort à l'aide de l'échelle de Borg. En pratique, on peut simplement recommander au patient d'adopter une allure soutenue qui lui permet encore de parler.
Chaque patient choisira l'intensité qui lui convient le mieux, en se rappelant que le bénéfice de l'activité physique dépend surtout du nombre de calories dépensées. On considère qu'une personne est active à partir d'une dépense de 1500 kcal par semaine, ce qui correspond à 25 km à pied, 50 km à vélo ou 6 km à la nage, quel que soit le temps nécessaire pour les parcourir. Le tableau 3 présente l'énergie dépensée pendant une heure de diverses activités.
Dès que le patient reprend une vie normale, il doit y intégrer les activités physiques à raison d'au moins trois séances par semaine. Le type d'activité et l'intensité dépendront de ses préférences individuelles et des disponibilités. Elle peut être pratiquée de façon individuelle, en famille, dans un groupe d'amis, dans un club sportif ou dans un groupe de maintenance (réadaptation cardiovasculaire de phase III). Tant que le patient y trouvera du plaisir, il continuera de pratiquer ces activités.
En conclusion, en prescrivant des activités physiques à son patient, le médecin lui permettra à la fois d'améliorer sa santé et de prévenir les rechutes cardiovasculaires, tout en se sentant mieux dans sa peau.