Des systèmes complexes de sécrétion confèrent aux bactéries pathogènes le pouvoir de s'infiltrer dans leur cellule hôte et d'être ainsi à l'origine de maladies. Deux scientifiques américains, C. Erec Stebbins et Jorge E. Galán, de l'école de médecine de l'Université de Yale, à New Haven, dans le Connecticut (Etats-Unis), ont décrit, début novembre, la structure de deux molécules impliquées dans ce processus. Cette découverte laisse envisager la mise au point de médicaments d'un nouveau type pour combattre certaines infections bactériennes (Nature 2001 ; 414 : 77-81).De nombreux agents pathogènes utilisent des protéines connues sous le nom d'«effecteurs virulents», qui ciblent des cellules hôtes. Mais pour pouvoir pénétrer dans ces cellules, ces effecteurs virulents doivent se combiner à des molécules chaperons. Stebbins et Galán ont élucidé la structure en cristal du complexe que forme la combinaison effecteur-chaperon d'une organelle bactérienne, le système de sécrétion protéique de type III de la salmonelle.«Nous présentons une image à haute résolution d'une structure en cristal qui donne une bonne idée de la fonction de cette remarquable organelle», indique Galán (Lancet 2001 ; 358 : 1519). Associé à Stebbins, il montre que la protéine sécrétée se lie à son chaperon dans une conformation dépliée étendue, tout en gardant une structure secondaire.Cette étude se concentre sur le système de sécrétion de type III de la salmonelle. Mais Galán remarque : «Nos travaux ont des implications pour la compréhension des mécanismes de pathogenèse de n'importe quel agent pathogène qui possède de tels systèmes dont Shigella spp et Escherichia coli». Ces bactéries sont une cause commune de diarrhée dans les pays développés. Ils sont surtout une cause majeure de mortalité infantile et de morbidité dans les pays moins développés. «Cette information peut être utile pour mettre au point des molécules qui inhiberaient les interactions entre les effecteurs et leurs chaperons. De tels médicaments permettraient de traiter des maladies infectieuses d'origine bactérienne», a-t-il ajouté.Craig Smith et Scott Hulgren, de l'Ecole de médecine de l'Université de Washington, à St-Louis, dans le Missouri (Etats-Unis), commentent cette étude dans la revue Nature en affirmant qu'elle «booste» ce domaine de recherche. Bien que les résultats soulèvent de nouvelles questions auxquelles il faudra répondre, Galán indique : «Maintenant que nous disposons de cette information structurale, nous pouvons commencer à mettre au point des médicaments qui peuvent interférer de façon spécifique avec la fonction de chaperon».