La majorité des membres du tout jeune Conseil national d'éthique allemand, créé en juin dernier par le chancelier Gerhard Schroeder, s'est prononcée en faveur de l'importation, à des fins de recherche, de cellules souches d'embryons humains. Le Conseil n'entend toutefois pas rendre d'avis collectif renvoyant la décision au Bundestag (chambre des députés), où un débat sur la bioéthique est prévu le 30 janvier 2002.
Selon le président de l'institution, Spiros Simitis, les cellules importées ne doivent pas provenir d'embryons fabriqués dans le seul but de la recherche, mais d'embryons dits surnuméraires, qui ne font plus l'objet d'un projet parental et sont donc voués à la destruction : les «parents» doivent avoir donné leur accord pour cette utilisation, sans en tirer aucun avantage financier. Enfin, le projet de recherche répondra à des critères stricts et les résultats seront publiés. Ces conditions strictes doivent valoir «de la même manière» pour la recherche privée et publique, a souligné M. Simitis.
Le débat sur l'utilisation de cellules souches pour la recherche divise la classe politique allemande jusqu'au sein du Parti social-démocrate au pouvoir : le chancelier Schroeder y est favorable et le président Johannes Rau opposé. La loi allemande prohibe la procréation artificielle à cette fin, mais le Bundestag a refusé le 5 juillet d'interdire l'importation de cellules souches. La commission parlementaire «Droit et Ethique de la médecine moderne» s'est quant à elle prononcée contre de telles importations.
En France, des dispositions réglementaires actuellement en vigueur permettent au ministre de la Recherche de prendre seul sa décision. «Une telle importation avant l'examen en première lecture par l'Assemblée nationale du projet de loi sur la bioéthique serait une action en tout point détestable, estime pour sa part Alain Clayes (député PS et rapporteur de la mission parlementaire sur la révision des lois de bioéthique). En toute hypothèse, nous devons attendre cette première lecture. Ne pas respecter cette échéance serait totalement contraire aux règles fondamentales du débat démocratique». Michel Camdessus (président de la 76e session des Semaines sociales de France qui viennent de se tenir sur le thème «Biologie,médecine et société : que ferons-nous de l'homme ?») a déclaré que, dans le débat à venir sur la révision des lois de bioéthique de 1994, les chrétiens sociaux «demandent aux pouvoirs publics de surseoir à statuer sur l'utilisation, pour la recherche, des embryons surnuméraires».