De Londres nous apprenons que l'autorité de surveillance sanitaire britannique vient de révéler que de la viande provenant d'un animal né d'une vache atteinte d'encéphalopathie spongiforme bovine avait été commercialisée en novembre. Comme toujours les autorités assortissent cette révélation d'un conseil rassurant : le risque de contamination pour les acheteurs est faible. Pour autant, la Food Standards Agency (FSA) a demandé au gouvernement britannique de durcir son dispositif de contrôle pour empêcher les animaux infectés par la maladie de la vache folle et leur descendance d'entrer dans la chaîne alimentaire. «C'est un accident regrettable», a déclaré dans un communiqué une vétérinaire de la FSA, Debby Reynolds. Cette dernière a précisé que l'animal concerné, un veau âgé de 29 mois, avait été abattu au Pays de Galles et que la totalité de sa viande avait été commercialisée. Vers qui se tourner pour savoir ? «Les scientifiques étudient le point de savoir si une mère atteinte de l'ESB peut contaminer sa descendance» raconte, laconique, le permanencier de l'agence Reuters.Revenons à Paris où l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) interrogée par le gouvernement vient de rendre un avis favorable à la fin de l'abattage systématique des troupeaux en cas de détection d'un cas de vache folle. L'Afssa ne s'oppose plus à un abattage sélectif des troupeaux touchés par l'ESB et se déclare favorable à l'exclusion «de la mesure d'abattage des animaux nés après le 1er janvier 2002, hormis les descendants des femelles atteintes d'ESB». Dans son texte, Martin Hirsch, directeur général de cette Agence souligne qu'il «peut considérer que l'évolution envisagée de la stratégie d'abattage maintient un niveau équivalent de protection pour le consommateur, en prenant en compte le fait que les administrations en charge du contrôle disposent aujourd'hui des éléments leur permettant d'apprécier le respect effectif des mesures en vigueur». En d'autres termes, si l'administration française fait bien ce qu'elle dit qu'elle fait, le dispositif préconisé par le ministre, chef de cette administration peut être mis en uvre.L'Afssa avait été saisie de ce dossier le 19 décembre par le ministère de l'Agriculture qui souhaite modifier l'arrêté du 3 décembre 1990 relatif à la police sanitaire de l'ESB. Dans les allées du pouvoir, on dit que la décision du ministère de l'Agriculture pourrait être prise avant la fin du mois de janvier, seulement après la consultation de cette nouvelle structure qu'est le Conseil national de l'alimentation. «J'ai toujours dit depuis le début de cette crise que je lèverai l'abattage total pour arriver à un abattage sélectif le jour où j'aurai un feu vert explicite de l'Afssa», a pour sa part déclaré Jean Glavany, ministre de l'Agriculture, dont on dit qu'il sera le directeur de la campagne électorale de Lionel Jospin si ce dernier accepte de se présenter à l'élection présidentielle. «Cet avis me paraît être un feu vert explicite comme nous n'en avons jamais eu jusque-là, a déclaré le ministre de l'Agriculture, en marge de la présentation de ses vux à la presse. Je pense que nous pourrons prendre la décision tant attendue et sans doute surestimée parce que je ne pense pas que c'est le fond de l'affaire avant la fin du mois». M. Glavany vient par ailleurs de présenter un nouveau plan de soutien à la filière bovine, de près de 150 millions d'euros, qui prévoit notamment des aides ciblées pour les éleveurs les plus touchés par la crise de l'ESB.En 2001, le ministre de l'Agriculture avait rejeté un avis de l'Afssa en date du 25 juin favorable à un processus progressif de ciblage des mesures d'abattage et qui mettait en évidence l'insuffisance des éléments plaidant en faveur d'un abattage sélectif. Concrètement quel sera l'impact d'une telle mesure qui se résume à ne pas abattre les animaux nés à compter du 1er janvier 2002 ? L'âge moyen des troupeaux bovins en France est de deux ou trois ans ce qui signifie que, globalement, la quasi-totalité des bovins des troupeaux touchés par l'ESB devrait encore longtemps être concernée par l'abattage. Et comme rien n'est simple et que les paysans sont toujours en colère, nous apprenons via l'Agence France-Presse que M. Glavany, venu inaugurer des locaux agricoles situés sur la commune de Fontrailles, a été pris à partie par une cinquantaine de jeunes éleveurs des Hautes-Pyrénées, département dont il est l'un des élus.«Peu après l'arrivée de M. Glavany à l'inauguration, vers 15 h 30, les jeunes éleveurs en colère ont barré les deux routes d'accès au bâtiment du CUMA (coopérative d'utilisateurs de matériel agricole) à l'aide de cinq tracteurs, indiquant qu'ils entendaient empêcher la sortie du ministre, nous indique le permanencier montagnard. Vers 16 h 40, M. Glavany a finalement pu sortir, protégé par des gendarmes des jets d'ufs des éleveurs. Il est reparti dans un véhicule dont une vitre a été brisée par une pierre lancée par l'un des manifestants. Selon la gendarmerie, ni M. Glavany ni les gendarmes n'ont été atteints lorsque la vitre a été brisée».