Edito : Globalisation de la mobilité des personnes et de l'information
Louis Loutan et Blaise Genton
Rev Med Suisse
2002; volume -2.
22227
Résumé
Un peu plus de 200 millions de touristes internationaux en 1980, 564 millions en 1995, un milliard en 2010 et un milliard et demi en 2020. Telle est la progression fulgurante réelle et programmée pour les années à venir par l'Organisation mondiale du tourisme basée à Madrid. Même si les événements du 11 septembre dernier ont donné un sérieux coup de frein aux chiffres de 2001, avec une réduction de 24% sur les mouvements vers l'Amérique du Nord au cours des quatre derniers mois de l'année 2001, et une réduction similaire pour le Moyen-Orient et l'Asie du Sud, l'année 2001 a néanmoins comptabilisé 689 millions d'arrivées internationales au total. C'est dire l'ampleur de cette mobilité globale qui représentait en 2000 un marché de près de 480 milliards de dollars. A ces déplacements de courte durée il faut ajouter les 11,6 millions de réfugiés dans le monde, les 20 à 30 millions de personnes déplacées dans leur propre pays, les 20 à 30 millions de personnes qui quittent chaque année les campagnes pour venir s'agglutiner dans les villes, essentiellement dans les pays du sud, et les 150 millions de personnes vivant hors de leur pays d'origine. Une gamme de chiffres qui donne le ton d'une mobilité croissante, volontaire ou forcée, qui est en train de façonner le monde d'aujourd'hui et surtout celui de demain. Brassage de populations, circulation sans précédent des marchandises et des germes, mélange des cultures et des visions du monde. Chiffres qui laissent rêveur quant au formidable outil d'intégration que représente la rapidité des transports actuels et des communications électroniques. Certains mettent à profit ces moyens disponibles pour explorer des lieux toujours plus extrêmes et retirés, comme illustré dans ce numéro consacré à certains aspects aventureux de la médecine des voyages. D'autres en profitent pour bénéficier d'une couverture médicale protectrice grâce aux derniers développements de la télémédecine. Consulter son médecin en cas de besoin depuis les points les plus retirés du globe devient réalité en temps réel. Quelles implications pour le praticien ? Quelle formation et quel curriculum développer pour les étudiants en médecine d'aujourd'hui pour les préparer à la globalisation de la médecine qui se réalise au pas de charge ? Quelles responsabilités pour les universités des pays riches à faire bénéficier celles des pays moins dotés de ces avancées technologiques et des transferts nécessaires des connaissances ? Il nous semble essentiel que le débat soit ouvert et que ces progrès ne soient pas mis uniquement au service des voyageurs nantis, mais permettent un rapprochement et une collaboration plus étroite avec les institutions qui ont un besoin vital d'accès aux connaissances. Certaines initiatives romandes de mise en réseau d'hôpitaux et de programmes facultaires prégradués ouvrent des voies nouvelles à cette globalisation de la circulation des idées et des connaissances médicales. Un pas important vers une culture médicale internationale à l'image du médecin de demain.
Contact auteur(s)
Louis Loutan Unité de médecine des voyages et des migrations
Département de médecine communautaire
Hôpitaux universitaires de Genève et Blaise Genton Centre de vaccinations et de médecine des voyages
Policlinique médicale universitaire
Lausanne