Edito : Regards sur l'histoire des soins palliatifs et de l'accompagnement à Genève
Charles-Henri Rapin
Rev Med Suisse
2002; volume -2.
22286
Résumé
L'histoire des soins palliatifs et de l'accompagnement des malades âgés ou des malades atteints par le cancer, dans notre région comme souvent ailleurs dans le monde, n'est pas le fruit du hasard, mais une histoire de personnes et de leurs rencontres au moment opportun. C'est aussi de toute évidence l'engagement des équipes de professionnels et de bénévoles à relever des défis, malgré ou peut-être à cause de certaines résistances, mais avec le soutien de la cité. De toute évidence aussi, c'est le soutien des patients et des familles qui, dans leur souffrance, ont toujours tenu à témoigner : en effet, que peut-on faire quand il a été dit qu'il n'y a plus rien à faire et surtout qu'avons-nous essayé et réussi à faire ?La pratique d'aujourd'hui s'appuie sur une longue préparation également théorique dont voici quelques-uns des points de repère : l'aventure médicale et humaine des hospices anglais ; l'ouvrage collectif du Dr Géraldine Rosset et du Dr Pedro Gonzalves sur la mort ; le livre sur les vivants et les morts du Pr Jean Ziegler ; l'action des pasteurs Cosette Odier et Claude Reverdin venus compléter l'approche bio-psycho-sociale en étant intégrés dans les équipes de soins, riches de leur expérience de l'hospice au Saint-Joseph en Angleterre et de l'hôpital au Royal Victoria de Montréal ; l'enseignement de Mme Rosette Poletti, directrice de l'Ecole du Bon Secours et de Mme Anne-Marie Panosetti, infirmière-cheffe du Cesco, représentantes des soins infirmiers dans la formation et dans l'intégration des bénévoles au cours de l'accompagnement des mourants ; le soutien des Prs Jean-Pierre Junod, fondateur de la gériatrie genevoise, Alex Muller, patron de la médecine et Jean Fabre, intérimaire académique des Institutions universitaires de gériatrie ; la personne du Dr Laurent Barrelet qui ouvrira Rive Neuve sur les hauts de Villeneuve ; l'expertise du Dr Peter Rosatti et du Pr Patrice Guex, psychiatres, qui ont introduit l'approche systémique du malade, de ses proches et de l'équipe soignante ; les connaissances du Pr Yvonne Preiswerk et de M. Bernard Crettaz, ethnologues et anthropologues, qui ont souligné l'importance des rituels de la mort et du deuil ; l'expérience des Prs Jan Stjernswärds et Neil Mac Donald, références internationales et cautions académiques ; la création à Genève de la Société suisse de médecine et de soins palliatifs et celle de l'Association européenne de soins palliatifs ; la chaire éthique et fin de vie des universités de Lyon, puis celle de l'Institut universitaire Kurt Bösch à Sion ; l'écriture de ma thèse de privat-docent avec le soutien du doyen, le Pr André Cruchaud, premier travail académique reconnu en Europe continentale sur les soins palliatifs ; l'édition de la revue francophone internationale de soins palliatifs InfoKara avec Mmes Isabelle Richoz et Elisabeth Guggisberg et le centre de documentation en soins palliatifs du Cesco avec également Mme Francine Gregorio ; l'appui de fondations privées ; l'aide inestimable des bénévoles ; l'écoute et l'action des politiques en charge du Département de la santé, Willy Donzé, Aloïs Werner, Jacques Vernet et Guy-Olivier Segond ; et enfin la décision d'un enseignement intégré à la Faculté pour les étudiants en médecine.C'est l'ensemble de ces personnes et de ces événements qui, mis patiemment bout à bout au cours de ces trente dernières années, ont contribué au développement et à la reconnaissance des soins palliatifs et de l'accompagnement à Genève.
Contact auteur(s)
Charles-Henri Rapin
Médecin chef de service
Policlinique de gériatrie
Département de gériatrie, HUG
Centre interfacultaire de gérontologie, CIG
Université de Genève