Le Sommet mondial du développement durable, qui s'est tenu du 26 août au 4 septembre 2002 à Johannesburg, ne pouvait pas éluder la question de la santé. Cette conférence fleuve, organisée par les Nations unies, avait en effet pour but de dresser le bilan des efforts entrepris dix ans plus tôt, à l'occasion du très symbolique «Sommet de la Terre» de Rio en 1992, en faveur d'un «développement durable». Un tel développement n'exige pas seulement une protection des ressources naturelles, mais également des mesures dans des domaines aussi divers que l'agriculture, le commerce ou l'énergie.La santé n'y fait pas exception et le principal document qui a été négocié à Johannesburg, le «Plan de mise en uvre», lui consacre un chapitre entier. Ce document de quelque septante pages, même s'il se contente d'énoncer en termes généraux les efforts que les Etats s'engagent à soutenir, a été âprement négocié dans bien des domaines. A l'ouverture des négociations, la plupart des paragraphes mentionnant des objectifs chiffrés, impliquant de nouveaux soutiens financiers ou limitant d'un pouce les souverainetés nationales n'avaient pas obtenu l'accord des négociateurs durant les réunions préparatoires.Rien de tel au chapitre de la santé. A quelques notables exceptions près, presque tous ses paragraphes étaient finalisés avant même l'ouverture des négociations. Certes, aucun Etat n'avait de raison de ne pas vouloir «renforcer les systèmes de santé afin qu'ils offrent des soins à tous». Mais d'autres paragraphes impliquaient un réel engagement, motif suffisant de querelle dans bien d'autres domaines. Ainsi les pays industrialisés se sont-ils engagés à fournir une assistance financière aux pays en développement pour la mise en uvre du plan «Santé pour tous». Le seul paragraphe litigieux à l'ouverture de la conférence touchait au domaine sensible de la propriété intellectuelle appliquée aux traitements contre les maladies épidémiques.Quelles raisons ont fait de la santé un thème consensuel à Johannesburg ? Le fait que, au niveau non contraignant du «Plan de mise en uvre», aucun chapitre lié à la santé ne touchait à des intérêts financiers prépondérants, contrairement à l'énergie ou aux ressources naturelles ? Les pays industrialisés voient-ils un intérêt à une amélioration de la couverture sanitaire dans les pays en développement ? Faut-il voir dans ce consensus une preuve que la façon de concevoir l'idéal médical est aujourd'hui mondialement partagée ?Quelques interventions, lors de la séance plénière du 26 août 2002 consacrée à la santé, laissent toutefois penser que le volet «santé» de Johannesburg a pêché par manque d'ambition. Le Swaziland a notamment fait observer que les «prêts pour la santé» des pays industrialisés risquaient d'hypothéquer l'avenir des pays. Avec Cuba, ce pays a appelé à des moyens financiers plus importants pour lutter contre le sida. L'Afrique du Sud, hôte du sommet, a souhaité des engagements concrets, notamment en matière de recherche de nouveaux médicaments. Autant de suggestions qui n'apparaissaient pas expressément dans le texte soumis aux négociateurs.