Edito: Enjeux du partenariat pour les soins gériatriques
Jean-Pierre Michel
Rev Med Suisse
2002; volume -2.
22596
Résumé
Etre partenaire, c'est être allié, associé, équipier, collaborateur, collègue
Etre partenaire, c'est établir une relation amicale, sportive, professionnelle,
entre deux personnes ayant des affinités particulières.Le partenariat, quant à lui, se définit essentiellement comme une association d'entreprises, d'associations, de services en vue de mener à bien une action commune.Ces deux notions impliquent celles de respect mutuel, compétences reconnues et appréciées et confiance partagée, bref, de complicité dans l'action ou la pensée.Le partenariat au sein d'un hôpital ou d'une institution de soins met essentiellement en jeu trois pouvoirs qui peuvent s'affronter ou au contraire se sublimer : le pouvoir institutionnel se base sur la légitimité, les règlements, les normes, les organigrammes, le contrôle financier ; le pouvoir des soignants se fonde sur le savoir, le savoir-être et le savoir-faire ; le pouvoir des clients est lié à leurs besoins, leurs volontés, leurs désirs et leurs ressources.Dans un hôpital ou une institution, la confrontation des pouvoirs, des droits et des devoirs peut être à l'origine de conflits sans fin, surtout que «le client» n'a pas toujours (n'a pas souvent) le choix de son fournisseur de soins. Seule la transformation des pouvoirs susmentionnés permettra l'accessibilité à des soins d'une qualité toujours meilleure grâce à une alliance thérapeutique indispensable, basée sur la volonté de complémentarité d'action, de partage des compétences, de projets de soins élaborés en harmonie avec les désirs et les objectifs de vie ou de fin de vie du patient (âgé).Cette base philosophique de soins est fondamentale lorsqu'il s'agit de traiter des malades, qui, depuis le début de l'humanité, n'ont jamais été aussi vieux qu'aujourd'hui. Ces malades très âgés nécessitent une approche à la fois historique, globale et spécifique, une expression simplifiée d'information souvent complexe et délicate, l'élaboration commune d'un projet de soins ainsi qu'un plan de traitement parfaitement personnalisé et un suivi attentif tant médical que socio-familial.Dans ce cadre, les gériatres que certains préfèrent appeler «internistes-gériatres» se doivent de collaborer avec toutes les spécialités médicales et chirurgicales. Aujourd'hui, ce numéro de Médecine et Hygiène fait une large place aux principaux partenaires de soins qui prennent aussi soin des malades très âgés, pour une urgence abdominale (M.-C. Jacques et B. Vermeulen), un traumatisme de l'épaule (R. Stern), une anesthésie générale pour une chirurgie programmée (C. Klopfenstein), une intervention chirurgicale podologique (M. Delmi) ou cardiaque (A. Kalangos), ainsi que des soins bucco-dentaires (E. Budtz-Jorgensen).Tous ces partenaires de soins collaborent étroitement avec les gériatres en respectant les droits et les devoirs des malades âgés, en traitant le malade et non la maladie, en pensant avant tout aux conséquences à court, moyen et long termes de leur intervention. Les préoccupations de soins de nos partenaires sont fixées sur le soulagement de la douleur/souffrance, la préservation/restauration de la fonctionnalité physique/mentale, ainsi que sur la qualité de vie/survie de ces adultes ayant atteint l'âge extrême de leur vie.Merci à eux d'avoir intégré aussi habilement les concepts de soins gériatriques dans la pratique quotidienne de leur spécialité. Merci à eux d'avoir si généreusement contribué à la rédaction de ce numéro de gériatrie.
Contact auteur(s)
Jean-Pierre Michel
Médecin-chef de service
Département de gériatrie
HUG
Genève