Edito: Le carrefour tissu adipeux-système endocrinien
Fulgencio Gomez
Rev Med Suisse
2003; volume -1.
22876
Résumé
On sait depuis longtemps que le tissu adipeux constitue un relais métabolique fondamental dans l'homéostasie des glucides et les mécanismes biochimiques impliqués dans l'interaction lipides-glucides ont été abondamment décrits. Mais on sait aussi depuis longtemps que le tissu adipeux est relié aux fonctions reproductives, sans que ce lien n'ait été clairement défini jusqu'à présent. Par exemple, le maintien d'une fonction reproductive normale chez la femme exige la présence d'une quantité minimale, permissive, de pannicule adipeux. Il s'agit de la vieille notion du poids critique que l'on doit atteindre pour que la puberté se déclenche et de l'interruption de la sécrétion gonadotrope lors d'un amaigrissement excessif. Par ailleurs, l'image de la fertilité semble avoir été associée à des formes féminines généreuses depuis les temps préhistoriques (fig. 1).1 Pourtant, un excès de pannicule adipeux peut aussi être une cause de dysfonction reproductive, en particulier lorsque ce pannicule adipeux présente une distribution androïde avec abondante graisse viscérale. Le tissu adipeux serait donc un relais complexe de l'axe hormonal gonadotrope et les mécanismes des interactions à ce niveau commencent à peine à être connus. En effet, c'est grâce aux découvertes des dernières années que l'on a réalisé que le tissu adipeux sous-cutané et le tissu adipeux viscéral sont non seulement des lieux de stockage d'énergie, mais également de véritables glandes endocrines, qui sécrètent des hormones peptidiques, dont certaines sont indirectement mais clairement impliquées dans la fonction reproductive. De plus, certains de ces nouveaux peptides seraient directement impliqués dans le métabolisme glucidique. Finalement, le tissu adipeux se révèle particulièrement sensible à l'action d'autres hormones, comme les glucocorticoïdes et l'hormone somatotrope. Ceci ouvre la porte à des interventions thérapeutiques ou à des observations cliniques «croisées», selon lesquelles des agents métaboliques agissant sur le tissu adipeux sont utilisés pour traiter des dysfonctions hormonales, alors que les effets les plus tangibles de certaines hormones se produisent au niveau du tissu adipeux. Les interactions entre le tissu adipeux, le métabolisme gluco-lipidique et les systèmes hormonaux sont discutées en détail dans ce numéro consacré à l'endocrinologie.Il est également question ici de trouvailles fortuites parmi les plus fréquentes, concernant les tumeurs endocriniennes. L'une d'entre elles, l'incidentalome surrénalien, reste très populaire dans la littérature médicale depuis plus de deux décennies. L'autre, l'adénome parathyroïdien, est plus rarement citée en tant qu'incidentalome car sa découverte fortuite se produit le plus souvent par un biais biochimique plutôt que morphologique. Cependant, dans les deux cas, on est loin de l'unanimité en ce qui concerne l'appréciation de la morbidité potentielle de ces pathologies asymptomatiques et, par conséquent, les approches diagnostiques et thérapeutiques mises en uvre varient considérablement. Ces divergences ont justifié la tenue récente de conférences de consensus ou de mise au point sur ces deux pathologies fréquentes.1 Christopher LCE. Witcombe Women in Prehistory, The Venus of Willendorf (http://witcombe.sbc.edu/willendorf/willendorfdiscovery.html)
Contact auteur(s)
Fulgencio Gomez
PD et MER
Médecin-adjoint
Division d'endocrinologie, diabétologie et du métabolisme
CHUV
Lausanne