S'il y avait eu une épidémiologie plus proche des pneumonies connues, le «syndrome respiratoire aigu sévère» (SRAS) n'aurait peut-être jamais été identifié comme une nouvelle maladie, ou en tout cas pas aussi rapidement. Car ses symptômes sont relativement fréquents : une forte fièvre (> 38 ºC), un ou plusieurs symptômes respiratoires comme la toux ou la gêne respiratoire, et enfin une histoire de contact avec un malade ou de voyage dans les régions touchées.Mais cette affection apparue fin février à l'Hôpital français de Hanoï, au Vietnam, se distingue d'abord par sa sévérité. Le premier cas découvert, admis le 26 février à l'Hôpital de Hanoï, a évolué vers une pneumopathie sévère et est décédé le 13 mars. Le 20 mars, l'OMS recensait 10 décès dans le monde, parmi 306 cas suspects ou confirmés de la maladie, même si beaucoup de patients guérissent.Autre signe distinctif : le SRAS se transmet très facilement à ceux qui prennent soin des malades. L'Hôpital français de Hanoï a connu une tragique épidémie interne, avec une trentaine d'employés infectés et plusieurs décès. L'OMS préconise des mesures de protection draconniennes pour la prise en charge des malades : chambres hypobares, masques de protection, gants et lunettes pour le personnel en contact avec les patients.1Très contagieuse, la maladie a prouvé qu'elle pouvait s'étendre rapidement. Le 20 mars, l'OMS recensait 173 cas suspects ou confirmés à Hong Kong, 62 au Vietnam, 34 à Singapour, ou encore 11 aux Etats-Unis. La Suisse comptait 7 cas suspects ou confirmés, à Genève et Fribourg, dont trois étaient guéris et quatre dans un état «subfébrile et stable». L'Allemagne, le Canada, la Slovénie, l'Espagne, Taiwan, la Thaïlande et la Grande-Bretagne sont également touchés.La menace est donc sérieuse, et l'OMS coordonne d'importants efforts pour arrêter l'épidémie avant qu'elle ne devienne incontrôlable. Le 20 mars, l'identification de l'agent causal, entreprise par un réseau de laboratoires, était en bonne voie. Il s'agirait d'un virus de la famille des Paramyxoviridae. Cette famille comprend également les virus des oreillons ou de la rougeole, ou encore de zoonoses ayant déjà provoqué des maladies humaines dans les dernières décennies.Le SRAS est très probablement une vraie nouveauté. «Certaines maladies dites nouvelles existaient sans avoir été identifiées, explique Giorgio Zanetti, professeur assistant à la Division des maladies infectieuses et à la Division autonome de médecine préventive du CHUV. Ce n'est pas le cas du SRAS. Très contagieux pour ceux qui prennent soin des malades, il n'aurait pas pu passer longtemps inaperçu.» Toujours en raison de son épidémiologie inédite, il était clair dès le début qu'il ne pouvait s'agir d'une fausse alerte alimentée par des cas atypiques.Moins virulent, le SRAS aurait pu passer inaperçu. C'est d'ailleurs l'une des difficultés des réseaux de surveillance des épidémies. «C'est pourquoi on envisage, à côté de la surveillance des maladies connues comme la grippe, une "surveillance syndromique" portant sur des symptômes cliniques classiques, afin de pouvoir détecter des hausses qui dépasseraient le bruit de fond, signe d'une épidémie non identifiée.»1 Recommandations de l'OMS pour le diagnostic et le traitement : www.who.int/csr/sars/