L'Agence européenne du médicament (Emea) et l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) viennent de lancer une mise en garde contre les risques de comportement suicidaire ou agressif associés à la prise de certains antidépresseurs chez l'enfant et l'adolescent.L'Emea rappelle notamment que si les antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS) et ceux apparentés sont autorisés chez l'adulte dans le traitement de la dépression et des troubles anxieux, ils ne sont pas autorisés chez l'enfant et l'adolescent, à l'exception du traitement des troubles obsessionnels compulsifs (TOC) ou du trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH). Le risque de comportement suicidaire (idées suicidaires, tentatives de suicide) et de comportement hostile (agressivité, comportement d'opposition, colère), mis en évidence chez des enfants et adolescents traités par IRS au cours d'essais cliniques, conduit l'Emea à conclure que les antidépresseurs IRS et apparentés sont déconseillés chez l'enfant et l'adolescent dans les troubles dépressifs. Ils sont également déconseillés dans les troubles anxieux sauf dans quelques indications autorisées. «Dans certains cas, un médecin peut estimer nécessaire de prescrire un antidépresseur chez un enfant ou un adolescent sur la base du besoin clinique individuel, souligne l'Agence européenne. La prescription doit alors s'accompagner d'une surveillance étroite du patient et de la recherche d'un comportement suicidaire, particulièrement en début de traitement. D'autre part, l'arrêt de la prise d'un antidépresseur ne doit pas se faire à l'initiative du patient ou de sa famille sans accompagnement du médecin et cet arrêt doit être progressif (sur plusieurs semaines ou mois) afin de diminuer le risque de survenue d'un syndrome de sevrage (irritabilité, anxiété, vertiges, troubles du sommeil).»Pour l'Afssaps, il est nécessaire de rappeler que le traitement de première intention de la dépression de l'enfant et de l'adolescent est une prise en charge psychothérapeutique, et que la prescription d'antidépresseurs, si elle est envisagée, ne doit intervenir qu'en seconde intention, dans le cadre d'une dépression majeure, avec une prise en compte de l'ensemble des bénéfices attendus et des risques. Elle ajoute que les autres antidépresseurs en particulier les tricycliques n'ont pas démontré leur efficacité dans l'indication dépression chez l'enfant et l'adolescent.«Les antidépresseurs sont indiqués dans le traitement du trouble dépressif ainsi que certains troubles anxieux, les troubles obsessionnels compulsifs, certains types de douleurs... ajoute l'Afssaps. Leur usage ne doit pas pour autant se banaliser. La décision de prescrire un antidépresseur doit respecter des modalités très spécifiques en termes de mise en route, de suivi et d'arrêt du traitement. L'évaluation du risque suicidaire doit être systématique avant toute prise en charge d'un épisode dépressif. Il est important de bien informer les patients pour les aider à comprendre leurs troubles et leur traitement.»