Fritz Britt dirigera santésuisse dès le début de l'année 2007. Il succédera à Marc-André Giger, qui avait annoncé le 16 mai dernier son intention de quitter la faîtière des assureurs maladie pour diriger une autre faîtière, Swissolympic. Le choix du conseil d'administration de santésuisse, rendu public le 22 août, pourrait se résumer ainsi : pour succéder à un grand communicateur, il a choisi un grand lobbyiste.Le directeur sortant, Marc-André Giger, diplômé en sciences économiques de la haute école de Saint-Gall, avait travaillé comme journaliste économique à la Neue Zurcher Zeitung, avant de devenir chef de la communication du Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) en 1996. C'est donc bien avec un profil de professionnel de la communication qu'il a pris la tête, deux ans plus tard, de ce qui était encore le Concordat suisse des assureurs maladie. L'organisation s'est refait une image sous son règne, notamment en choisissant le nom très stratégique de «santésuisse» le 8 juin 2001.Fritz Britt, lui, est un lobbyiste. En témoigne la fonction qu'il occupe depuis juillet 2004 chez Novartis international : «Head of global policy». Autrement dit : responsable du lobbying, pour reprendre une traduction du Tages Anzeiger. Santésuisse confirme pudiquement cette interprétation en précisant dans son communiqué que le futur directeur était chargé «d'élaborer et de mettre en uvre des prises de position et des stratégies visant à améliorer le contexte réglementaire dans le domaine de la santé».A ces compétences, Fritz Britt ajoute une connaissance tout à fait unique de l'administration fédérale responsable de l'assurance maladie, autant que du monde des assureurs maladie. En 1997, c'est à lui que la conseillère fédérale Ruth Dreifuss et le chef de l'Office fédéral des assurances sociales (OFAS), Otto Piller, avaient confié la division de l'assurance maladie. A ce poste entre 1997 et 2004, Fritz Britt a notamment piloté l'introduction de la LAMal.Le haut fonctionnaire aurait pu espérer devenir chef d'office si Pascal Couchepin n'avait pas décidé en 2003 de transférer le secteur assurance maladie de l'OFAS à l'OFSP de Thomas Zeltner. Ce transfert explique peut-être son départ dans le privé en 2004 et son remplacement par Hans-Heinrich Brunner, ex-président de la FMH. Voilà pour l'administration. Il se trouve que Fritz Britt connaît également très bien les assureurs maladie. En 1997, lorsque le Conseil fédéral l'a appelé à la tête de l'assurance maladie, il était en effet directeur du Concordat des assureurs maladie depuis deux ans.Dès l'obtention de son brevet d'avocat en 1985, le futur directeur de santésuisse n'a cessé de passer du public au privé et vice-versa. Son parcours l'a conduit de l'administration cantonale à la chimie, l'assurance maladie, l'administration fédérale, la pharma. Un profil très acéré pour négocier, en faveur des assureurs, un «contexte réglementaire» favorable.