En matière de lutte contre une prochaine pandémie grippale hautement meurtrière issue de l'actuelle épizootie de grippe aviaire due au virus H5N1, c'est un travail atypique, à la fois original et a priori hautement prometteur que la revue PloS Medicine a, mardi 29 mai, publié sur son site.1 Ce travail est signé d'un groupe de chercheurs travaillant au Vietnam, en Suisse ainsi qu'aux Etats-Unis. Ils annoncent dans un premier temps avoir mis au point une méthode vaccinale prophylactique à base d'anticorps monoclonaux humains permettant de protéger efficacement des souris contre une infection massive et mortelle du virus H5N1. Mais ils annoncent aussi, toujours sur la base de leurs observations faites sur la souris, que ces mêmes anticorps monoclonaux pourraient constituer une thérapeutique pour les personnes infectées.Contrairement aux multiples recherches en cours développées par les multinationales pharmaceutiques spécialisées les auteurs de ce travail n'ont pas travaillé sur le H5N1 lui-même dans le but d'induire au sein de l'organisme une production d'anticorps protecteurs contre l'infection virale. De manière que l'on peut qualifier d'astucieuse, ils sont parvenus à obtenir des anticorps antiviraux à partir de cellules présentes dans l'organisme des personnes ayant survécu à une infection par le virus H5N1. Ces anticorps ont ainsi pu être synthétisés en grande quantité à partir de lymphocytes B présents dans le sang de quatre adultes vietnamiens volontaire ayant été infectés par le H5N1 entre janvier 2004 et février 2005. En pratique, l'équipe a immortalisé (grâce au virus Epstein-Barr) les lymphocytes B qui avaient conservé la mémoire de la synthèse de ces anticorps.Produits de manière spécifique et purifiés, ces anticorps monoclonaux ont été testés chez 60 souris infectées secondairement avec des doses mortelles de la souche du virus H5N1 qui était présente au Vietnam en 2004. Au total, 58 de ces souris ont survécu à l'infection. Dans le même temps, des tests complémentaires ont permis de faire la démonstration que ces anticorps permettaient de réduire considérablement la charge virale dans le tractus respiratoire des souris infectées par le H5N1 et ainsi d'augmenter notablement leur taux de survie.Tout laisse ainsi espérer que l'on dispose avec cette approche à la fois d'une méthode vaccinale protectrice et d'un traitement curatif. Il importe désormais d'obtenir les mêmes résultats lors d'essais cliniques qui vont être menés sur l'homme. On imagine les difficultés méthodologiques et éthiques qu'il faudra surmonter pour mettre en place de tels essais. Quid, notamment du recours au Tamiflu chez les personnes infectées par le H5N1 ? Les autorités sanitaires américaines et européennes ont toutefois d'ores et déjà autorisé un protocole accéléré pour étudier l'efficacité de cette thérapeutique. Couronnées de succès ces recherches bouleverseraient radicalement les politiques de lutte contre une possible pandémie qui, on le sait, est fondée sur le développement de vaccins classiques et sur le stockage très coûteux d'antiviraux.1 Simmons CP, Bernasconi NL, Suguitan AL, et al. Prophylactic and therapeutic efficacy of human monoclonal antibodies against H5N1 influenza. PLoS Med 2007;4:e178.13.06.2007