C'est à l'évidence une bien mauvaise nouvelle dans le domaine de la recherche vaccinale : la multinationale pharmaceutique américaine Merck & Co a annoncé toutes affaires cessantes, vendredi 21 septembre, qu'elle avait pris la décision de mettre un terme à son essai clinique dénommé STEP, de phase II, d'un candidat vaccin après avoir découvert que ce dernier n'avait nullement, c'est un euphémisme, fait la preuve de son efficacité. Cette décision fait suite aux résultats intermédiaires obtenus sur 1500 des 3000 volontaires qui pouvaient a priori fournir les meilleures réponses immunitaires.Les responsables de Merck ont notamment précisé que 24 des 741 personnes du groupe qui avaient reçu le candidat vaccin avaient été infectées par le VIH. Par comparaison dans le groupe ayant reçu un placebo, 21 personnes sur 762 ont été infectées. Un autre essai de phase II dénommé Phambili conduit en Afrique du Sud et deux essais de phase I menés avec ce même candidat vaccin ont aussi été arrêtés.La décision de Merck est d'autant plus frappante que ce vaccin expérimental dénommé V520 était généralement perçu comme étant a priori l'un des plus prometteurs parmi tous ceux qui sont en cours d'élaboration ou d'évaluation. Il s'agissait d'un adénovirus de type 5 dans le génome duquel avaient été intégrés les trois gènes viraux, produits par synthèse, gag, pol et net dont on espérait que l'efficacité résulterait d'une stimulation de l'immunité cellulaire.Cet essai vaccinal international multicentrique, randomisé et en double aveugle était mené sur près de 3000 volontaires (inclus entre décembre 2004 et mars 2007) et était conduit sous l'égide des Instituts nationaux américains de la santé (NIH). Les volontaires étaient bien évidemment, au départ, tous séronégatifs. Mais ils étaient aussi tous plus exposés que la moyenne de la population au risque de contamination par le VIH : il s'agissait d'homosexuels masculins et de prostituées. L'essai avait commencé en décembre 2004 et était mené en Australie, au Brésil, au Canada, en République Dominicaine, en Haïti, en Jamaïque, au Pérou, à Porto Rico ainsi qu'aux Etats-Unis.On connaît les difficultés éthiques de ce type de recherche vaccinale : comme dans tous les essais cliniques de ce type les responsables avaient dû expliquer que le fait de participer à cette recherche ne devait aucunement conduire à un relâchement vis-à-vis des méthodes de protection, à commencer par l'usage systématique du préservatif lors des relations sexuelles. En d'autres termes, il importait de tout mettre en uvre pour que les participants adoptent un comportement de nature à compliquer un peu plus la démarche scientifique. Et dans le même temps rien ne permettait au promoteur de l'essai de savoir si ses recommandations étaient en pratique suivies d'effet.En toute hypothèse les chiffres sont là qui démontrent sans équivoque l'inefficacité sinon de cette approche vaccinale, du moins de ce candidat vaccin. Il faut ajouter que ce dernier ne réduit pas non plus les charges virales retrouvées dans le sang circulant des personnes infectées (40 000 copies/ml dans le groupe vacciné contre 37 000 dans le groupe placebo). «Ce sont là des nouvelles très décevantes» a publiquement déclaré Keith Gottesdiener, chef du groupe spécialisé de Merck sur les recherches cliniques vaccinales et des maladies infectieuses.»«Ce vaccin était vu comme la stratégie la plus prometteuse et je pense que cet échec est une déception pour nous et pour tous ceux travaillant sur des vaccins» a déclaré Mark Feinberg, directeur général de Merck & Co au New York Times.Rappelons qu'une soixantaine d'essais cliniques vaccinaux ont été menés ces dernières années à travers le monde pour tester quelque 30 candidats vaccins. Un grand nombre de ces essais sont encore en cours. Pour mémoire depuis le début des années 1980, le sida a tué environ 25 millions de personnes en majorité dans l'Afrique subsaharienne, que l'on estime à 40 millions le nombre des personnes aujourd'hui infectées et à 4 millions le nombre annuel des nouvelles infections.03.10.2007