Depuis plusieurs années, l’activité physique a pris de l’importance dans notre vie quotidienne car de nombreuses études ont pu démontrer son effet bénéfique dans la prévention des problèmes médicaux liés à la sédentarité. La lutte contre cette dernière et ses effets délétères est devenue prioritaire dans notre civilisation et, en particulier, pour le Département fédéral du sport (BASPO). Cependant, l’activité physique a aussi des désavantages. On estime qu’elle occasionne annuellement plus de 100 millions de blessures de l’appareil musculo-squelettique dans le monde. Sur ces 100 millions, 30 à 50% intéressent particulièrement les tendons et les ligaments. Ces blessures sont une cause significative de perte de capacité de performance et d’une diminution de capacité fonctionnelle s’agissant des activités de la vie quotidienne. Une proportion importante de ces blessures est difficile à traiter et bon nombre de patients se plaignent de douleurs invalidantes chroniques.
L’activité physique peut être à l’origine d’une souffrance tissulaire. Cette souffrance est liée essentiellement à la répétition de différents gestes qui entraînent des modifications métaboliques, sources de douleurs. Cependant, les différents acteurs sportifs ne sont pas égaux dans la capacité de performance comme dans le risque de contracter une blessure. Il semble exister une cause complexe incluant des facteurs génétiques. Différentes recherches ont pu mettre en évidence des gènes produisant des collagènes de structures différentes. Il a été clairement démontré qu’il existait une association entre la découverte de gènes codant pour la synthèse de collagène de type V et de Tenascine C avec des tendinopathies achilléennes. A la suite de ces découvertes, différents groupes ont établi des protocoles de recherche visant à établir dans quelle mesure certains gènes pourraient être associés à des blessures spécifiques, ce qui permettrait d’orienter les sportifs vers certaines activités plutôt que d’autres et, ainsi, de prévenir la survenue de pathologies liées à la surcharge de l’appareil musculo-squelettique.
Au cours d’une activité physique, les structures tendineuses répondent différemment aux charges répétitives. Les douleurs tendineuses débutent alors que les anomalies structurelles sont déjà présentes depuis longtemps. L’examen histologique décèle des changements morphologiques, des modifications cicatricielles avec dépôt de fibrine alors que les cellules inflammatoires, susceptibles d’organiser la cicatrisation physiologique, sont absentes. On constate souvent une invasion de laci capillaires et de ramifications nerveuses qui entretiennent les processus douloureux et pseudo-inflammatoires. Dans ces situations, le terme de tendinite a été abandonné pour celui de tendinose. Il est d’ailleurs possible, dans certains tendons, et sous contrôle échographique, de scléroser ces nids vasculaires, avec une solution alcoolique ce qui permet dans la plupart des cas de diminuer les douleurs ressenties par le patient. Ici, une reprise progressive des charges d’entraînement s’accompagne d’une induction de synthèse protéique et d’une stimulation du processus de guérison. Malheureusement, même si le patient récupère une fonction physiologique sans séquelles douloureuses, son tendon ne retrouvera jamais une structure matricielle normale.
Mandaté par le Comité international olympique, un groupe d’experts s’est penché sur la possibilité d’une utilisation des facteurs de croissance en rééducation sportive dans le but d’optimiser la guérison, voire de normaliser l’état structurel de l’appareil musculo-squelettique après blessure. En effet, de nombreuses études ont déjà prouvé l’importance des facteurs de croissance dans la formation du cartilage, la guérison de fractures et la réparation ligamentaire. Il est évident et non surprenant qu’une utilisation thérapeutique de certains facteurs de croissance a son intérêt dans le domaine de la médecine du sport. Bon nombre de facteurs de croissance tels que l’hormone de croissance (GH), l’Insulin growth factor (IGF-1), le Mechano growth factor (MGF), le Basic fibroblast growth factor (B-FGF), le Platelet-derived growth factor (PDGF), le facteur de croissance endothélial (VEGF) ou encore le Transfoming growth factor-beta (TGF-β) ont déjà été identifiés et cette liste est loin d’être exhaustive. La plupart d’entre eux ont été testés sur des modèles animaux et ont montré un effet positif sur le processus de régénération ligamentaire, musculaire et tendineux. Pour d’autres facteurs, les résultats sont contradictoires mais des recherches intensives se poursuivent. Une partie de ces facteurs de croissance est déjà commercialisée.
A la lumière de ces recherches, on voit qu’il existe un potentiel extraordinaire de l’utilisation thérapeutique de la biologie moléculaire. Il n’en demeure pas moins qu’il subsiste un énorme travail à accomplir pour comprendre l’implication de la génétique dans la survenue de blessures, et en particulier des blessures de surcharge. En outre, il conviendra d’optimiser l’utilisation de ces nouvelles thérapies afin qu’elles n’entraînent pas d’effets secondaires désagréables pour la santé des patients. Un autre élément sera à discuter : c’est l’utilisation illégale de ces substances pour augmenter la capacité de performance physique. A cet effet, il appartient donc au CIO de se tenir au courant des résultats des recherches en cours et aux chercheurs de travailler main dans la main avec les agences antidopage.