Dans son traditionnel et extravagant numéro de Noël, le BMJ s’est attaqué à une légende urbaine qui a tenu en haleine l’ensemble du staff médical du Vatican durant les fêtes de fin d’année. La rumeur, qui court depuis de nombreuses années, se résume ainsi : «A chaque fois que le Pays de Galles remporte le tournoi des six nations de rugby sans perdre un match (grand chelem), un pape meurt, à part en 1978, lorsque les rugbymen gallois étaient particulièrement performants et que deux papes moururent.» Or, en ce qui concerne le rugby, l’année 2008 ressemble étrangement à 1978. Le Pays de Galles a en effet remporté le tournoi des six nations en réalisant un grand chelem, infligeant au passage une sévère défaite à l’Italie. Inquiet, Gareth C. Payne, un neurologue, a donc comparé les résultats des compétitions annuelles et la mort des papes depuis 1883 (date du premier tournoi international de rugby).1 Durant cette période, huit souverains pontifes sont morts, dont cinq ont succombé en même temps qu’un grand chelem était réalisé en rugby (voir tableau ci-contre). Détail piquant: depuis 1883, les huit morts papales ont coïncidé avec la victoire d’un pays dont l’obédience religieuse est plus protestante (Angleterre, Ecosse, Pays de Galles) que catholique (France, Italie, Irlande). Pour affiner son modèle, Gareth C. Payne a enfin mesuré les performances des pays participants au tournoi corrélées au nombre de morts papales. Il a certes trouvé une association peu significative concernant le Pays de Galles (p=0,047), mais aucune association pour les autres nations. Toutes données confondues et même si la victoire flagrante des Gallois sur les Italiens a pu artificiellement accentuer la mesure de leurs performances annuelles, il y avait finalement trois chances sur cinq qu’un pape meure en 2008. Benoît XVI l’a donc (pour le moment) échappé belle. Dieu soit loué.