Après une coronarographie interventionnelle, il est de plus en plus fréquent d’avoir des patients dont la prise en charge idéale nécessite un triple traitement d’aspirine, de clopidogrel et d’une anticoagulation orale (ACO). Cette étude rétrospective monocentrique a analysé et suivi 104 cas admis avec une fibrillation auriculaire nécessitant une ACO et ayant eu la pose de stent(s) coronarien(s). Elle comparait les patients ayant reçu un triple traitement à ceux ayant eu une autre association (ACO et clopidogrel, ACO et aspirine, aspirine et clopidogrel). Le résultat observé primaire était l’apparition d’une complication hémorragique majeure, précoce (< 48 h) ou tardive (> 48 h). Les auteurs rapportent une haute incidence de complications hémorragiques majeures précoces (17%) et tardives (26%), le triple traitement étant significativement associé à une incidence plus élevée de complications tardives (22% vs 4% pour les autres régimes, p = 0,006). Comme facteurs prédictifs indépendants de survenue d’une complication tardive, on retrouve notamment le triple traitement (HR 7,9; IC à 95%; 1,5-32,4; p = 0,0012), mais aussi l’anémie initiale comme facteur de risque d’une hémorragie gastro-intestinale (HR 3,8 ; IC à 95% ; 1,2-12,5 ; p = 0,027).
Commentaire: malgré ses limitations (petit collectif, design rétrospectif), cette étude montre bien le risque hémorragique lié à l’utilisation d’une double antiagrégation combinée à une ACO. Si les complications précoces semblent liées à des variables périprocédurales, les complications tardives sont clairement liées au régime de traitement instauré. Chez les patients nécessitant un triple traitement, il apparaît donc préférable de privilégier la pose de stents non actifs pour éviter des hémorragies.