Après une hémostase endoscopique d’un saignement sur ulcère gastrique, peut-on reprendre l’aspirine, en prévention secondaire, rapidement ? Cette étude de non-infériorité, randomisée, en double aveugle, réalisée dans un hôpital universitaire de Hong-Kong a retenu 156 patients âgés de 74 ans en moyenne, présentant un saignement sur ulcère gastrique, et sous aspirine pour une maladie cardiovasculaire ou cérébrovasculaire avérée. Bénéficiant d’une endoscopie dans les 24 heures avec une hémostase efficace puis un traitement de pantozole (IV puis PO), les patients ont été randomisés dans le groupe aspirine 80 mg/j, ou placebo, pendant huit semaines. Une récidive de saignement sur ulcère 30 jours après endoscopie,
définie comme critère de jugement primaire, a été observée chez 10,3% des patients sous aspirine et 5,4% des patients sous placebo, soit une différence de 4,9% (IC 95% : 3,6-13,4). Par contre, les critères de jugement secondaires, tels que nécessité de transfusion, de chirurgie ou durée d’hospitalisation étaient similaires. La mortalité du groupe aspirine, qu’elle soit globale (différence 11,6% ; IC 95% : 3,7-19,5) ou attribuée à un événement cardiovasculaire, cérébral ou gastro-intestinal était moindre. Cette étude de non-infériorité n’avait toutefois pas une puissance statistique suffisante pour analyser ces critères secondaires, comme souligné dans l’éditorial.
Commentaire : Devant l’absence d’une autre évidence, nous pouvons retenir qu’il faut toujours considérer chaque patient de manière générale, et reprendre l’aspirine dès que le risque cardiaque surpasse le risque digestif (souvent une semaine). Une raison de plus de soutenir le médecin de premier recours qui garde une vision holistique de ses patients !