Il ne se passe pas une semaine sans que le manque de donneurs d’organes soit stigmatisé. «Cette situation coûte la vie à quelque 60 personnes par an», rappelle le conseiller national Laurent Favre (PLR/NE). Faute d’impulsion du Conseil fédéral, il estime que le parlement doit montrer la voie. Il déposera aujourd’hui à Berne une motion proposant de passer du système du consentement explicite à celui du consentement présumé, appelé aussi «régime du refus».
«Il ne s’agit pas de transformer toute la population en donneurs sur la base du "qui ne dit mot consent", explique-t-il. Les citoyens doivent pouvoir librement décider s’ils désirent donner ou non leurs organes. On pourrait par exemple poser la question aux jeunes à leur majorité. S’ils ne s’y opposent pas, ils seraient inscrits comme donneurs dans une banque de données.»
Ce n’est pas la première fois que le Neuchâtelois se préoccupe de cette problématique. Il y a deux ans, le Conseil fédéral avait accepté son postulat qui réclamait un rapport sur le passage au consentement présumé. Il est attendu pour la fin de l’année. «La motion Favre constitue un instrument de pression utile, estime le médecin et conseiller aux Etats zurichois Felix Gutzwiller (PLR/ZH), également actif sur ce dossier. Selon lui, le consentement présumé est éthiquement défendable. (…)
Malgré ces cautèles, le chef du groupe PDC Urs Schwaller s’oppose catégoriquement au renversement du système de consentement. «Cela revient à laisser l’Etat décider du sort de notre corps. Ce n’est pas admissible. Par contre, on pourrait augmenter le nombre de donneurs en renforçant l’information. On pourrait aussi proposer aux gens d’inscrire leur qualité de donneur sur leur carte d’assuré.»
«Je pourrais vivre avec cette solution», indique le président du Parti socialiste suisse Christian Levrat, «mais je préférerais qu’on passe au consentement présumé à condition qu’une vraie campagne d’information l’accompagne. Nous n’arrivons plus à sensibiliser suffisamment les gens alors même qu’il n’y a pas d’opposition marquée au don d’organes.» (…)
En 2010, le Conseil fédéral avait accepté de rédiger un rapport, mais il exprimait des réserves sur le fond. Cela pourrait changer. Le chef de l’Office fédéral de la santé publique, Pascal Strupler, a récemment déclaré qu’une inversion du système était envisageable. A défaut, la caisse maladie Assura se tient en embuscade. Son président, Jean-Paul Diserens, envisage le lancement d’une initiative populaire poursuivant le même but.
La Liberté du 20 septembre 2012