La Revue Médicale Suisse et le Forum Médical Suisse partagent de nombreuses caractéristiques communes: un fort ancrage dans la communauté médicale suisse, des objectifs qui visent à promouvoir une formation continue de qualité, un comité de rédaction indépendant et une véritable éthique journalistique. Ces revues partagent aussi deux termes dans leurs titres respectifs («médical» et «suisse») et la nécessité d’affronter un environnement économique difficile.
Il y avait donc de nombreuses raisons pour que les comités de rédaction des deux revues décident de réunir leurs forces et leurs idées afin de publier, dans un premier temps, deux numéros communs par an. Vous avez dans les mains le premier de ces exemplaires, l’autre paraîtra en octobre de cette année. Ces numéros ne sont pas des suppléments: ils remplacent les éditions habiteulles des deux titres et s’inscrivent donc dans la continuité des éditions respectives.
Cette démarche commune a donc une ambition non seulement éditoriale, mais aussi symbolique. A l’heure où l’information, y compris celle qui concerne la médecine, se mondialise et où d’immenses groupes de presse multinationaux prennent un pouvoir croissant, il nous semblait important que la Suisse manifeste sa capacité de réagir par une démarche novatrice.
Le but de ce projet commun, réunissant deux médias appartenant à des groupes d’édition différents, est donc de donner un signal fort. Il cherche à montrer le dynamisme particulier de la médecine suisse. Au-delà de ses sensibilités régionales différentes, cette médecine vit d’une même culture, capable de produire sa propre formation continue et engagée dans un large dialogue avec la science mondiale.
Elaborer ce numéro commun a été une démarche enrichissante pour les équipes rédactionnelles. Nous espérons qu’elle le sera tout autant pour les lecteurs. N’hésitez pas à nous faire part de vos remarques.
Le contenu de ce numéro a été préparé dans un esprit typiquement suisse: partager les différences pour susciter le meilleur. Ainsi, nous avons souhaité conserver les articles brefs et incisifs du Forum Médical Suisse et l’approche thématique qui fait la tradition de la Revue Médicale Suisse. Le comité rédactionnel a simplement appliqué une règle de management édictée par Henry Ford: «Se réunir est un début; rester ensemble est un progrès; travailler ensemble est la réussite.»
Dans ce premier numéro, nous proposons une thématique issue de la médecine ambulatoire. «Docteur, je suis fatigué!» est en effet l’une des plaintes les plus fréquentes relevées durant les consultations. Différents auteurs analysent les stratégies diagnostiques et thérapeutiques permettant de répondre à cette plainte. L’interview d’une personnalité marquante du milieu médical ou politique sera également l’un des axes développés dans ces numéros communs. A cet égard, Amalio Telenti est notre premier invité. Il discute d’un thème polémique, à savoir l’entrée des entreprises du Big Data dans la médecine, perspective dont les promesses et les dangers sont aussi commentés par Christian Lovis. Nous avons voulu également présenter un nouveau facteur influençant l’anamnèse médicale. Nos patients viennent très souvent consulter après avoir cherché des informations sur de multiples sites Internet. Or, influencée par ces informations de qualité souvent discutable, l’anamnèse a tendance à devenir un enjeu sémantique. Finalement, il est prévu que chaque numéro commun présente une mise au point sur des thèmes importants de santé publique ou d’une prise en charge médicale. Dans ce premier numéro, la problématique de l’hépatite C est discutée d’une manière exhaustive par les Professeurs Darius Moradpour et Beat Müllhaupt. Chaque numéro commun, enfin, proposera des recommandations à l’intention des patients. Elles porteront sur les thèmes traités du numéro et auront pour but de donner aux patients les éléments d’une véritable health literacy.
Nous espérons que cette première édition d’un numéro commun du Forum Médical Suisse et de la Revue Médicale Suisse saura vous persuader que travailler ensemble peut susciter le meilleur.