La lombosciatalgie aiguë est un motif fréquent de consultation, affectant la qualité de vie et entraînant des conséquences socio-économiques négatives importantes. Si la chirurgie permet un contrôle antalgique plus rapide, elle n’apporte pas de bénéfice fonctionnel significatif. Quant aux injections épidurales de stéroïdes, techniquement compliquées et grevées de complications, leur efficacité relative en fait une thérapie de deuxième choix. Dans ce contexte, le traitement oral de stéroïdes (CST) est fréquemment proposé, y compris dans des guidelines, bien qu’aucune évidence solide ne supporte cette approche. Pour préciser la place des CST dans cette pathologie, les auteurs de cette étude randomisée et contrôlée en double aveugle ont inclus 269 patients de médecine générale présentant une sciatalgie aiguë invalidante (selon un score subjectif validé – ODI – de 0 à 100 points, avec un score moyen à l’inclusion à 51) évoluant en moyenne depuis 30 jours, avec une hernie discale confirmée à l’IRM. Les patients ont été randomisés en deux groupes (dose totale de 600 mg de prednisone répartie sur quinze jours à dose progressivement décroissante, contre placebo), tous les patients bénéficiant du traitement usuel associant les conseils éducationnels et les thérapies physiques généralement appliquées. L’ issue primaire d’intérêt était l’évolution du score ODI après trois semaines, les auteurs posant l’hypothèse d’une baisse de 7 points dans le groupe traité. Les résultats mettent en évidence une différence de 5,2 points à trois semaines, statistiquement significative, persistant à une année (7,6 points), mais sans différence sur l’évolution de la douleur, et avec une tolérance moyenne au traitement. Les auteurs concluent à un modeste effet des CST sur l’invalidité, sans effet sur la douleur.
Commentaire : Cette étude bien réalisée et pragmatique apporte quelques éléments nouveaux quant à l’administration orale de CST oraux dans la sciatalgie. Bien que l’effet soit statistiquement significatif, il est cliniquement peu relevant (5 points sur une échelle de 100 points, sans effet sur la douleur) et les limitations relevées par les auteurs (population très sélectionnée, blinding incomplet du fait des effets secondaires, généralisation difficile des résultats) renforcent l’impression d’une efficacité marginale. Faut-il y renoncer ? La balance effets bénéfiques/effets secondaires semble plutôt négative, mais le praticien se retrouve face à un choix thérapeutique restreint : les études négatives ou peu convaincantes publiées depuis quelques années (paracétamol, chirurgie, stéroïdes injectés) ne laissent la place qu’aux bons conseils – auxquels les patients ne sont pas toujours réceptifs – et aux thérapies de sauvetage chez les patients hyperalgiques. Difficile dans ces conditions de jeter aux oubliettes la prednisone face à un patient souffrant !