L’oxygène est communément administré en traitement initial chez les patients présentant un STEMI, bien que plusieurs petites études aient suggéré la possibilité d’effets délétères (vasoconstriction coronaire et stress oxydatif élevé). En l’absence de recommandation claire dans les dernières guidelines américaines pour la supplémentation d’oxygène chez les patients normoxiques présentant un infarctus du myocarde, une équipe australienne a conduit cette étude prospective, multicentrique, randomisée, contrôlée afin d’évaluer l’effet sur la taille de l’infarctus de l’administration d’oxygène (8 l/min au masque), par rapport à l’air ambiant, chez des patients normoxiques (saturation >94%) avec un STEMI diagnostiqué en extrahospitalier. Sur les 638 patients randomisés, 441 STEMI ont été confirmés et ont pu être inclus dans l’analyse (groupe oxygène : 218 patients, groupe air ambiant : 223 patients). La taille de la lésion myocardique était estimée par les pics enzymatiques, ainsi que, chez 139 patients, par une IRM effectuée à six mois. Alors que le pic de troponine était comparable entre les deux groupes (57,4 vs 48 μg/l ; IC 95% : 0,92-1,56 ; p = 0,16), le pic de créatine kinase était plus important dans le groupe traité par oxygène (1948 vs 1543 U/l ; IC 95% : 1,04-1,52 ; p = 0,01), de même que la taille de la cicatrice à l’IRM (20,3 vs 13,1 g ; p = 0,04). Lors du séjour hospitalier, le groupe oxygène a présenté un taux plus important de récidives d’infarctus (5,5% vs 0,9% ; p = 0,006) et d’arythmies (40,4% vs 31,4% ; p = 0,05). Il n’y avait pas de différence statistiquement significative de mortalité entre les deux groupes.
Commentaire : Le dogme de l’oxygène en cas de STEMI est bousculé par cette étude, qui montre l’absence de bénéfice de l’oxygénothérapie pour un infarctus non compliqué et suggère même des effets délétères. En tant que généralistes, nous pouvons retenir que l’urgence réside dans la revascularisation et que l’oxygène chez un patient stable et normoxique n’est pas une priorité !