L’étiopathologie du syndrome du côlon irritable reste incomprise, qualifiée de fonctionnelle. Le diagnostic repose sur les critères de ROME III et de nombreuses investigations sont souvent effectuées pour exclure d’autres maladies. Des études animales ont montré la présence d’une toxine bactérienne (CdtB) pouvant entraîner un syndrome similaire et réagissant avec une protéine d’adhésion des cellules hôtes (vinculine). Une large étude américaine multicentrique a mesuré le taux des anticorps anti-CdtB et anti-vinculine chez 2375 patients atteints d’un syndrome du côlon irritable avec diarrhées (D-IBS), 142 avec une maladie intestinale inflammatoire (IBD), 121 avec une maladie cœliaque et 43 contrôles sains. Les taux d’anticorps étaient significativement plus élevés chez les sujets D-IBS que dans les autres groupes avec une aire sous la courbe (ROC) de 0,81 et 0,62 entre les sujets D-IBS et IBD, une sensibilité à 43,7%, spécificité à 91,6% avec un rapport de vraisemblance de 5,2 entre les sujets D-IBS et IBD. Les auteurs concluent à une étape importante dans la détermination d’une origine organique.
Commentaire : L’originalité de cette étude ouvre des perspectives diagnostiques et thérapeutiques. Les sensibilité/spécificité ne sont pas optimales mais permettent de différencier une maladie intestinale inflammatoire du syndrome du côlon irritable avec un bon rapport de vraisemblance. Une étude prospective sur une population générale souffrant de douleurs abdominales permettrait de mieux évaluer le rendement de ces tests dans un but diagnostique. Toutefois, l’origine physiopathologique du syndrome du côlon irritable semble multifactorielle : peut-on dès lors imaginer développer un test diagnostique aussi simple ?