Aux Etats-Unis, le dépistage annuel du cancer du poumon chez les gros fumeurs au moyen d’une tomodensitométrie thoracique à faible irradiation est recommandé par la US Preventive Services Task Force depuis 2013, en se fondant sur les résultats positifs de l’étude NLST,1 démontrant une diminution de la mortalité. La présente étude 2 a étudié au moyen d’entretiens semi-structurés, les perceptions de 37 fumeurs enrôlés dans un programme de dépistage structuré du cancer du poumon de la Veterans Health Administration. Paradoxalement, chez 49% des participants interviewés, le programme de dépistage avait plutôt un effet négatif sur leur motivation à arrêter de fumer, en particulier en favorisant l’impression que le bénéfice de l’imagerie était équivalent à celui de l’arrêt du tabac. D’autres conceptions erronées sur le bénéfice du dépistage ont été relevées : par exemple que le dépistage protège du cancer ou qu’une imagerie rassurante permet de démontrer l’absence d’effets néfastes du tabac sur sa propre santé.
Commentaire : Malgré des biais de sélection évidents (faibles nombre de personnes interviewées, recrutement des participants au moyen d’un incitatif financier, population particulière, etc.), cette étude suggère que le dépistage du cancer pulmonaire pourrait parfois avoir des effets paradoxaux en termes de prévention, en favorisant la poursuite du tabagisme. Il est important de se souvenir que les patients surestiment souvent l’efficacité réelle des programmes de prévention du cancer,3 d’où l’importance d’une bonne information sur les bénéfices attendus et les effets secondaires – généralement sous-estimés – du dépistage.