C’est l’objectif, spectaculaire, que viennent de se fixer des chirurgiens de la faculté de médecine Johns Hopkins (Baltimore). Ces interventions seront toutes pratiquées chez des militaires amputés au niveau des parties génitales, lors des opérations auxquelles ils ont participé. Les chiffres officiels du Pentagone font état, entre 2001 et 2013, de 1367 militaires américains déployés en Irak et en Afghanistan ayant été victimes de blessures mutilantes de leurs organes génitaux. La quasi-totalité avaient moins de 35 ans et ont été la cible de bombes de fabrication artisanale.1 Les détails de ce projet sont développés de manière remarquable, par Denise Grady, dans le New York Times.2 La première greffe concernera un soldat blessé en Afghanistan, vient de faire savoir le Centre hospitalier universitaire Johns Hopkins. Le greffon pénien proviendra d’un donneur décédé et l’opération devrait durer environ douze heures et coûter entre 184 000 et 368 000 euros. Une fois les soixante greffes réalisées, les responsables du Johns Hopkins décideront si une telle intervention peut ou non être pratiquée plus largement dans la population américaine.
Des scientifiques britanniques viennent d’annoncer avoir franchi une étape a priori importante dans la lutte contre le paludisme : ils sont parvenus à créer des moustiques génétiquement modifiés, porteurs d’une mutation génétique les rendant infertiles. Tout est expliqué dans leur publication de Nature Biotechnology ;3 une publication signée par un groupe dirigé par le Dr Tony Nolan (Department of Life Sciences, Imperial College London).
L’idée de base des chercheurs est que deux copies du gène muté rendent stérile l’insecte femelle qui transmet à l’homme le parasite du paludisme. Mais une copie est suffisante pour que, transmise à la descendance, elle conduise in fine à une stérilisation progressive (et à une extinction) de la population de moustiques visée car porteuse du parasite. Les moustiques mutants, créés à Londres, ne sont pas encore prêts à être diffusés dans les régions impaludées. Des tests de sécurité seront nécessaires et une décennie semble un délai incompressible avant que l’on passe à l’action grandeur nature. Les essais britanniques ont porté sur Anopheles gambiae – une espèce de moustique qui sévit en Afrique subsaharienne, là où l’on recense la plus forte mortalité par paludisme au monde.
Des tests de sécurité seront nécessaires et une décennie semble un délai incompressible avant que l’on passe à l’action grandeur nature
Les travaux expérimentaux londoniens ont permis de « greffer » le « gène de l’infertilité » à plus de 90 % de la progéniture de moustiques mâles et femelles, et ce sur cinq générations – un succès remarquable obtenu grâce à l’usage de la nouvelle technologie révolutionnaire « CRISPR-Cas 9 » permettant d’éditer les génomes. Or voici que la BBC rapporte que certains experts craignent que la destruction progressive de populations entières de moustiques puisse être de nature à bouleverser les équilibres naturels de l’environnement.
Mais le professeur Tony Nolan a déclaré que cette méthode ne devrait pas, au final, faire une grande saignée dans la population planétaire globale des moustiques. « Il y a environ 3400 espèces différentes de moustiques à travers le monde. Et alors qu’Anopheles gambiae est un important vecteur du paludisme, il n’est que l’une des huit cents espèces de moustiques que l’on trouve en Afrique – aussi son extinction dans certaines zones ne devrait pas affecter de manière significative les écosystèmes locaux. » C’est là un sujet qui nous transporte dans un domaine politique, philosophique et éthique : l’homme doit-il, à tout prix, respecter toutes les formes de biodiversité ? Au point de se refuser, quand il le pourra, à éradiquer certaines espèces d’insectes, suceurs de sang à l’origine d’un nombre considérable de morts humaines prématurées ?
Cette fois, il s’agit de l’inhalation d’additifs alimentaires. « Des substances chimiques dangereuses dans les cigarettes électroniques ? D’après des scientifiques, elles seraient aromatisées avec des substances chimiques dangereuses, dont une liée à une maladie pulmonaire grave, vient de résumer l’Agence France-Presse. Ces scientifiques plaident pour des actions urgentes afin de déterminer l’ampleur des risques et appellent à une réglementation fédérale aux Etats-Unis. »
De quoi s’agit-il ? Du diacétyle, « substance liée à une maladie pulmonaire grave », a été trouvé dans plus de 75% des cigarettes électroniques aromatisées et des recharges testées par ces chercheurs de la faculté de santé publique de l’Université de Harvard (Massachusetts). « Deux autres substances nocives ont également été détectées dans un grand nombre d’essences aromatiques, dont des variétés prisées par les jeunes vapoteurs comme la “ barbe à papa ” ou le “ cupcake ”. Ceux-ci ont publié leurs résultats dans l’édition de décembre de la revue Environmental Health Perspectives. »4 Des résultats et des extrapolations critiqués par certains spécialistes.5
Diacétyle ? « Le diacétyle ou butane-2,3-dione C4H6O2 est une cétone liquide, volatile, jaune, à odeur de fromage ou, suivant la concentration, de transpiration fermentée (pieds sales, aisselles). Produit secondaire de la fermentation, la butanedione est présente dans le beurre, crèmes fraîches, produits lactés et boissons alcoolisées auxquels elle confère une note caractéristique de beurre. Cette molécule se forme lorsqu’on incube la crème avec des bactéries. Le diacétyle est utilisé comme additif alimentaire pour donner aux aliments industriels un goût de beurre ou de fromage. A des concentrations trop élevées, ce produit dégage une odeur organique fétide. »
La question des additifs alimentaires et de la cigarette électronique n’est pas vraiment nouvelle. « Le diacétyle et d’autres substances chimiques sont également utilisés dans de nombreux arômes artificiels pour les cigarettes électroniques, comme ceux de fruits, de boissons alcoolisées et, dans cette recherche, de bonbons », explique Joseph Allen, professeur adjoint de santé environnementale à l’Université de Harvard, et premier auteur de la dernière publication dont l’orchestration médiatique est parfaitement assurée.
L’Agence France-Presse ajoute : « Alors que la popularité et l’usage de ces cigarettes continuent de grandir, il y a un manque d’informations sur leurs effets potentiels sur la santé, déplorent ces chercheurs. Ces cigarettes ne sont pas actuellement réglementées, contrairement au tabac (sic) ».
Pour sa part, l’American Lung Association (ALA) conteste l’argument des fabricants de e-liquides selon lequel les additifs alimentaires seraient sans risques au motif qu’ils sont autorisés par la FDA. Le Dr Gina Lundberg, cardiologue (Emory University School of Medicine, Atlanta) est en phase avec l’ALA : « Nous ne pouvons pas savoir avec certitude si les cigarettes électroniques sont vraiment sûres. Des réglementations de la FDA fourniraient ainsi une assurance aux utilisateurs que la liste de toutes les substances indiquées sur le label correspond bien à la réalité ».