Selon la Loi fédérale sur l’assurance-accidents (LAA), les maladies professionnelles sont dues exclusivement ou de manière prépondérante à des substances nocives ou à certains travaux dans le cadre d’une activité professionnelle.
Une liste de substances (ou groupes de substances) et d’affections maladives associées à certains travaux a été édictée par le Conseil fédéral suisse (annexe 1 de l’article 14 de l’OLAA).
Si la substance nocive ou l’activité incriminée ne figure pas dans la liste établie dans l’annexe 1 de l’OLAA, la relation de causalité doit être « exclusive ou nettement prépondérante ».1,2
On peut donc résumer la législation de la manière suivante (figure 1).
Les cancers professionnels ne sont pas aussi rares qu’on le pense (figure 2). Il vaut la peine d’y penser selon la profession exercée par le patient.3
Bien que l’amiante soit la cause la plus connue du public, il existe un grand nombre de substances utilisées dans le monde du travail susceptibles de provoquer un cancer, notamment les amines aromatiques (cancer de la vessie), les poussières de bois (cancer des fosses nasales et des sinus de la face), ainsi que les métaux lourds (cancer du poumon) et le benzène (cancer du sang). La question se pose également pour les personnes exposées professionnellement et de manière importante au rayonnement UV, aux poussières de quartz ou de cuir et aux hydrocarbures aromatiques polycycliques.4–7
Toutefois, plusieurs conditions doivent être remplies pour pouvoir poser le diagnostic de cancer professionnel. Il faut en particulier que les éléments suivants soient respectés :7
Pour les cancers professionnels, le secteur le plus concerné du monde du travail est la construction (figure 3), suivie de l’artisanat et de l’industrie, puis du commerce et des services.3
Les cancers professionnels représentent un défi, car ils posent un certain nombre de problèmes, à savoir :
L’appréciation du risque s’effectue par un spécialiste de la santé au travail. Même si les cancers ne représentent que 6 % des maladies professionnelles (figure 2), ils entraînent 58 % des coûts pour l’assurance LAA.3 Tous les moyens doivent donc être mis en œuvre pour éviter l’exposition des travailleurs à des produits cancérogènes en remplaçant les substances incriminées par d’autres moins dangereuses ou en prenant des mesures de protection en cas d’impossibilité, d’où l’acronyme STOP (Substitution, Technique, Organisation et Personnel).
Dans ce but, la Suva a émis des recommandations et a fixé des valeurs limites d’exposition aux postes de travail pour certains produits.9 Ces valeurs se trouvent dans une brochure mise à jour chaque année en fonction des dernières connaissances scientifiques. Elle est disponible sur le site internet de la Suva (figure 4). D’autre part, les personnes concernées sont également suivies par la Suva par le biais d’examens de prévention ciblés sur le risque.
Le cancer professionnel n’est pas une fatalité, mais une occasion supplémentaire de revoir et d’adapter nos processus de travail en privilégiant la santé de l’homme. Une bonne collaboration entre tous les acteurs impliqués dans le monde du travail, y compris les médecins traitants, est donc indispensable.