Cette étude observationnelle anglaise1 randomisée ouverte a étudié l’impact d’une prophylaxie préexposition (PrEP) du VIH chez 544 hommes homosexuels ayant eu un rapport anal non protégé dans les 90 jours précédant l’étude. Dans le groupe intervention, les participants recevaient chaque jour un comprimé de Truvada (ténofovir disoproxil 245 mg + emtricitabine 200 mg). Le groupe contrôle ne recevait pas de PrEP pendant un an, mais les participants pouvaient bénéficier de prophylaxie postexposition durant l’étude. Les participants avaient un âge moyen de 35 ans et étaient majoritairement au bénéfice d’une formation universitaire. Dans le groupe intervention, trois infections par le VIH sont survenues (1,2/100 personnes/année) versus vingt dans le groupe contrôle (9/100 personnes /année) malgré la prescription de 174 prophylaxies postexposition. Cela revient à traiter treize patients par an pour éviter une infection par le VIH, soit une réduction relative du risque de 86 % (IC 90 % : 64-96 % ; p = 0,0001). On n’a pas enregistré d’effet secondaire grave de la PrEP.
Commentaire : L’efficacité remarquable de la PrEP dans cette étude provient vraisemblablement du fait que l’on ait sélectionné un groupe à risque (au vu de la très haute incidence des nouvelles infections dans le groupe sans prophylaxie) et suggère une bonne adhérence thérapeutique parmi les participants, comme semble le confirmer la mesure des taux de ténofovir dosables chez 100 % de 52 participants choisis au hasard. Plus important, le fait de prendre une PrEP ne semble pas avoir encouragé les IST, puisque le taux d’IST est similaire dans les deux groupes. Cependant, il est possible que la prise de risques dans le groupe PrEP ait été un peu plus importante, puisque le taux de patients ayant rapporté des rapports anaux non protégés était de 21 % dans le groupe PrEP versus 12 % (p = 0,03). La PrEP est clairement efficace chez les groupes à risque et selon l’incidence du VIH d’un rapport coût-efficacité intéressant,2 mais cela ne doit pas faire oublier le message que le port du préservatif est essentiel. Demeure la question épineuse du financement…