Les Philippines viennent de suspendre leur campagne de vaccination par le Dengvaxia, premier vaccin contre la dengue autorisé dans le monde – un vaccin conçu par Sanofi-Pasteur (vaccin tétravalent vivant atténué-recombinant). La décision intervient après l’annonce, par la firme, que son vaccin pouvait occasionner davantage de cas sévères chez les personnes vaccinées n’ayant jamais été en contact avec le virus. Depuis 2016, les Philippines étaient le premier pays à utiliser le vaccin à une large échelle – plus de 700 000 enfants y ont été vaccinés. Les autorités sanitaires du pays soulignent toutefois qu’aucun problème n’a été signalé pour le moment chez les personnes vaccinées.
« Sanofi va demander aux autorités de santé de mettre à jour les informations communiquées aux médecins et aux patients concernant son vaccin contre la dengue, Dengvaxia, dans les pays où il est approuvé. Cette demande se fonde sur une nouvelle analyse des résultats à long terme des études cliniques du vaccin, qui ont montré des écarts de performance basés sur des antécédents d’infection par la dengue », précise la multinationale française. Elle avait déconseillé l’utilisation de son vaccin chez les personnes n’ayant, au préalable, jamais été infectées.
La vaccination de populations dont la séroprévalence est comprise entre 50 % et 70 % est acceptable
De premiers éléments, publiés dans Science,1 laissaient en effet redouter que, loin d’être protecteur, ce vaccin pourrait augmenter le risque d’infections graves en zones de faible endémie. « Les pays devraient envisager l’introduction de ce vaccin contre la dengue uniquement dans les contextes géographiques (nationaux ou infranationaux) où les données épidémiologiques indiquent une forte charge de morbidité de la dengue, prévenait l’OMS en juillet 2016.2 Les populations à cibler seront définies comme étant celles où la présence d’une infection préalable par un virus de la dengue de n’importe quel sérotype, mesurée par la séroprévalence, est d’environ 70 % ou plus dans la tranche d’âge ciblée par la vaccination afin d’optimiser le rapport coût/efficacité et l’impact de la vaccination sur la santé publique. La vaccination de populations dont la séroprévalence est comprise entre 50 % et 70 % est acceptable, mais l’incidence du programme de vaccination pourra s’avérer plus faible. Ce vaccin n’est pas recommandé dans les contextes de séroprévalence inférieure à 50 % dans la tranche d’âge visée par la vaccination. »
En France, le Haut Conseil à la santé publique avait formulé un avis défavorable quant à une utilisation anticipée de ce vaccin dans les départements français d’Amérique, à savoir la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane – ainsi qu’à Mayotte et à la Réunion. Ces dernières données pourraient avoir de notables conséquences économiques négatives pour le groupe Sanofi qui avait considérablement investi dans ce projet vaccinal. Reste la réalité de la dynamique épidémiologique : le nombre de cas de dengue notifiés chaque année à l’OMS a augmenté, passant de 0,4 million à 1,3 million dans la période 1996-2005 pour atteindre 2,2 millions en 2010 et 3,2 millions en 2015. Des chiffres très largement sous-notifiés.
Une équipe de chercheurs de l’Institut Pasteur de Paris vient de démontrer que la résistance à l’ampicilline est apparue bien avant que cet antibiotique soit utilisé chez l’homme. Une démonstration qui laisse penser que la pénicilline G, utilisée comme facteur de croissance du bétail (à compter des années 1950 en Amérique du Nord et en Europe), a pu favoriser l’évolution et la propagation à l’homme de bactéries résistantes à l’ampicilline quelques années plus tard. Ce résultat vient d’être publié dans The Lancet Infectious Diseases.3
« Dans les années 1950-1960, la pénicilline G a été utilisée en masse dans les élevages, en parallèle avec le développement de l’élevage intensif, a expliqué, au Quotidien du Médecin, le Dr François-Xavier Weill, chef de l’unité “Bactéries Pathogènes Entériques” de l’Institut Pasteur qui a dirigé ce travail. A la fin des années 1940, des scientifiques américains ont découvert par hasard en supplémentant les rations animales avec de la vitamine B12, issue de fermentations de la bactérie Streptomyces, que les animaux prenaient du poids. Ils ont compris que ce n’était pas dû à la vitamine elle-même mais à un antibiotique produit par les bactéries. Des antibiotiques du commerce à faible dose ont ensuite été rajoutés aux rations des animaux en Amérique du Nord puis en Europe. »
Aujourd’hui, l’utilisation d’antibiotiques comme facteurs de croissance est (officiellement) interdite en Europe, mais toujours autorisée dans les pays à revenus faibles et moyens, ainsi qu’aux Etats-Unis. Les chercheurs de l’Institut Pasteur rappellent que l’ampicilline a été commercialisée pour l’usage humain en 1961 et que les premières épidémies dues à des bactéries résistantes à cet antibiotique furent observées en 1962-1964. Un délai d’émergence de la résistance particulièrement court – délai qui a mené à cette recherche sur la Salmonella enterica sérotype typhimurium. « En fait, la résistance était déjà là avant la commercialisation, indique le Dr Weill. Et quand l’antibiotique a été utilisé chez l’homme, elle s’est amplifiée. »
En France, un « collectif schizophrénies » vient de créer un « portail » avec pour ambition d’être le premier site rassemblant toutes les informations, aujourd’hui dispersées, concernant cette pathologie.4 « Nous avons voulu trouver sur ce site ce qui nous a manqué lorsque nous avons été confrontés à la maladie – et ce de façon accueillante et opérationnelle, expliquent les créatrices. Nous voulons que tout le monde puisse accéder aux mêmes informations, d’autant plus qu’en psychiatrie, les prises en charge varient selon les territoires. »
Droit de comprendre (ce qu’est la schizophrénie), droit d’y croire (prises en charge), droit d’en parler (témoignages), droit d’être soutenu (structures d’aide) et droit de s’impliquer (actions militantes). Le collectif entend multiplier les regards, croiser les témoignages des patients, de leurs proches et des médecins. Objectif militant affiché : changer le regard de l’ensemble de la société sur une entité pathologique qui affecte directement entre 400 000 et 600 000 personnes en France. Corollaire : parvenir, autant que possible, à faire que les médias généralistes cessent de parler comme ils le font de la schizophrénie. « Ces médias ne délivrent aucune information sur la maladie, et pire, renforcent les idées fausses et la stigmatisation, accusent les créatrices du portail. Une telle stigmatisation cause des souffrances personnelles intenses et freine l’accès aux soins. »