Sommaire :
00:01 – Introduction et importance du calcium corrigé dans les prescriptions
00:34 – Contexte : formes circulantes du calcium (libre, lié aux protéines, complexé)
01:19 – Calcium total vs calcium ionisé : méthodes de dosage et contraintes
02:46 – Méthodes colorimétriques usuelles et limites des formules de correction
03:43 – Formule de Payne (1973) : historique, biais et mauvaises interprétations
05:00 – Biais liés au dosage de l’albumine (méthode bromocrésol vert, interférences)
06:40 – Risque d’erreurs de classification (hypo/hypercalcémie) avec le calcium corrigé
07:10 – Présentation de l’étude canadienne
08:58 – Résultats : concordance faible entre calcium corrigé et ionisé
11:01 – Analyses de Bland-Altman et régressions linéaires : absence d’interchangeabilité
13:32 – Discordances diagnostiques : faux négatifs en hypocalcémie, faux positifs en hypercalcémie
15:20 – Impact majeur en cas d’hypoalbuminémie
16:34 – Limitations de l’étude : rétrospectif, hétérogénéité analytique, attrition élevée
17:58 – Niveau de preuve estimé (classe IIa/B), nécessité d’études prospectives
18:19 – Conclusion : calcium corrigé ≠ surrogate du calcium ionisé, revoir les pratiques
Résumé :
Dans cette conférence, le Professeur Nicolas Vuilleumier présente une analyse critique de l’usage du calcium corrigé, à partir d’une large étude rétrospective canadienne publiée en 2025. Bien que le calcium corrigé figure parmi les tests les plus prescrits en Suisse, ses bases analytiques reposent sur des formules anciennes (notamment celle de Payne, 1973), souvent appliquées hors de leur contexte initial. L’exposé rappelle que le calcium ionisé est la seule fraction biologiquement active, mais son dosage est contraignant et rarement disponible en routine. En revanche, les méthodes colorimétriques du calcium total sont robustes, tandis que le calcium corrigé introduit de nombreux biais, en particulier en cas d’hypoalbuminémie, d’inflammation ou de pathologies tumorales.
L’étude canadienne, incluant plus de 7 millions de dosages sur 7 ans, montre que le calcium corrigé surestime fréquemment la calcémie et augmente les faux négatifs (jusqu’à 45 % en hypocalcémie avec hypoalbuminémie), alors que le calcium total performe mieux. Les résultats soulignent que le calcium corrigé ne peut être considéré comme un substitut fiable du calcium ionisé, et que son usage systématique devrait être reconsidéré.
La conclusion invite les cliniciens à corriger non pas le calcium, mais leurs habitudes de prescription, et à privilégier le dosage du calcium total ou, lorsque pertinent, du calcium ionisé.
Une ressource essentielle pour les internistes, endocrinologues, néphrologues, biologistes médicaux, et tout professionnel confronté au bilan phosphocalcique.