Fin de la première vague, épidémie sous contrôle, début du déconfinement. Réouverture progressive des lieux publics, reprise des activités sociales avec un enjeu à la clé qui n’est pas des moindres : limiter la contagion, éviter une deuxième vague. L’une des prérogatives de la fin du #StayHome est le port du masque. Vaste sujet, dont les couleurs et variations apportent une touche d’anecdotique et d’inhabituel dans le rapport à l’autre après ces semaines d’isolement.
Vous l’aurez compris, chacun peut mettre le masque à sa façon, de manière conventionnelle ou personnalisée. Mais « tout est significatif » comme diraient certains psychanalystes, fort déjà du sens qu’en donne l’individu dans son unicité, en fonction de qui il est, son histoire de vie, ses valeurs, ce dont il est porteur (au propre comme au figuré – passé, masque ou virus)… Porter un masque dans la rue – en termes de matière, type, forme, taille, accessoires – nous dit déjà beaucoup de celui/celle qui se cache derrière.
Avertissement : L’idée ici n’est pas de dresser un tableau scientifiquement prouvé de ce qui va suivre, mais de mettre en lumière certains traits communs et non exhaustifs qui semblent se recouper. Il va de soi que nous ne sommes ni blancs ni noirs, mais comme la nature aime à nous le rappeler, un doux mélange de gris : chaque trait de personnalité décrit – très schématiquement – ci-dessous ne qualifie ni ne juge en rien un individu à part entière.
Nous proposons donc d’analyser le choix d’un masque en fonction de certains traits de caractère que semble posséder la personne qui le porte.
Masque chirurgical, bleu à l’extérieur : procédure standard, masque altruiste, limite la contamination vers l’extérieur
Personnalités associées :
- L’incognito/l’évitant/le timide : veut passer inaperçu, faire comme tout le monde. Personne ne le remarque car il reproduit le comportement de « Monsieur Tout le monde ». Se cache derrière son masque. Manque de confiance en soi.
- L’altruiste : protège le monde de lui-même. Veut sauver les autres, peut accepter un désagrément pour lui-même si cela aide au bien commun. La règle du « si tout le monde fait pareil, il ne s’en portera que mieux » est prônée.
- Le visionnaire : a déjà compris qu’on allait arriver à la règle de « tout le monde porte le masque tout le temps à l’extérieur, pour une protection de la contamination maximale sans entraver la libre circulation ». Montre l’exemple en attendant que la règle soit édictée et les comportements intégrés. En attendant, se sent un peu seul.
Pas de masque : …
- Le téméraire : aime le risque, préfère la liberté et le plaisir au détriment causé par le port du masque. Prend le risque hypothétique de se faire contaminer. Frôle le sentiment de toute-puissance.
- Le naïf/l’innocent : « Tout ira bien ».
- L’adolescent : « De toute façon c’est tous des c…, je fais ce que je veux ». Est dans la toute-puissance.
- L’antisocial : ne se préoccupe pas de ce que pense la société, édicte ses propres règles.
- Le suicidaire : a déjà accepté sa mort, ici n’est qu’une opportunité comme une autre.
- Le rebelle : préfère mourir que de se plier à la règle qui lui paraît insupportable. Diffère de l’antisocial pour qui la société n’entre pas en ligne de compte et dont il est en marge, sans interaction. Le rebelle agit à l’opposé de la société, est donc en réalité totalement pris dedans. On retrouve ici le même schéma que la haine comme revers de l’amour. L’indifférence serait à l’amour ce que l’antisocial est à la société, et la haine à l’amour ce que le rebelle est à la société.
Masque FFP2 : masque égotique. Protège l’individu de toute contamination extérieure
- Le narcissique : protection de l’Ego et de tout ce qui peut le menacer, tout ce qui peut mettre en danger son existence.
- Le paranoïaque : tout, le monde extérieur, est par définition menace. Il faut s’en protéger.
Masque chirurgical, blanc à l’extérieur : masque égotique façon stylisée
- Le ratiocinant : « si le côté bleu em pêche la contamination vers l’extérieur, si j’inverse le masque, ça empêche la contamination vers l’intérieur ? …»
- Le quidam qui n’a pas pu se procurer un masque FFP2 …ou n’a pas compris dans quel sens on porte le masque.
Masques tunés : home-made, tous matériaux, toutes couleurs, « tout est permis »
- Le MacGiver des temps modernes : survivant en toute circonstance, peut construire tout ce qu’il faut pour assurer sa survie, même avec 3 bouts de tissus.
- Le styliste indémodable : veut rester à la pointe de la mode quoiqu’il advienne, tout accessoire – fût-il obligatoire – est assorti à la tenue. Dispose d’autant de masques que nécessaire pour les divers ensembles.
- L’adaptatif/le créatif : flexible, s’amuse et tire plaisir de tout aléa de la vie, fait de toute obligation imposée une occasion de croissance et de découverte.
- Le (faux)-rebelle : ne veut rien faire comme tout le monde, mais a quand même un instinct de préservation. Préfère dessiner une tête de mort sur son masque pour bien montrer son désaccord et sa position rebelle mais tout en respectant la règle édictée et faire ce qu’il faut pour ne pas mettre sa vie en danger…
Scaphandre intégral : masques (chirurgicaux + FFP2), lunettes, visière, gants, combinaison… la panoplie totale
- Le paranoïaque décompensé.
- L’ambulancier en intervention : fait son job, applique les procédures.
En conclusion, il semble bien qu’un simple masque dévoile certains indices du fonctionnement des personnes cachées derrière. Mais si on regarde bien, un même phénotype – le port du masque, voire d’un même masque – semble exprimer des génotypes – les différentes personnalités – totalement différents, voire complètement opposés. Notre jugement et les associations inférées entre masques et personnalités sous-jacentes seraient donc à prendre avec circonspection. De telles précautions pourraient être extrapolées à d’autres sujets de l’actualité, notamment en cette période où les repères habituels de comparaison sont remis en question et donc moins fiables. Gare aux a priori…