Il est important de bien connaître l’immunité acquise contre SARS-CoV-2 en vue du développement vaccinal, pour comprendre la pathogenèse de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19), et pour la calibration des mesures de contrôle de la pandémie.
En utilisant des « megapools » de peptides de SARS-CoV-2 dont on peut prédire qu’ils représentent des épitopes reconnus dans le contexte de HLA de classe I et II, des lymphocytes T circulants CD8+ and CD4+ spécifiques de SARS-CoV-2-ont été identifiés chez respectivement 70 et 100 % d’une vingtaine de patients convalescents de COVID-19. Les réponses de cellules T CD4+ dirigées contre la protéine Spike (glycoprotéine d’enveloppe), la cible principale de la plupart des projets de développement vaccinaux, étaient robustes et corrélées positivement avec les titres des réponses anticorps IgG et IgA anti-SARS-CoV-2.
Les grandes protéines structurales des particules virales M (membrane), Spike, et N (nucléoprotéine) représentaient chacune de 11 à 27 % des réponses CD4+ totales, avec des réponses ciblant également chez de nombreux patients les protéines non structurales (par exemple, exprimées dans les cellules infectées mais non incorporées dans les particules virales nsp3, nsp4, ORF3a, et ORF8, entre autres).
En ce qui concerne les cellules T CD8+, Spike and M étaient reconnues, avec des réponses dirigées contre au moins 8 des protéines de SARS-CoV-2 ORFs. De manière importante, les auteurs ont aussi détecté des cellules T CD4+ réagissant à des antigènes de SARS-CoV-2 chez 40-60 % des individus non exposés (cellules prélevées chez des individus californiens entre 2015 et 2018), suggérant l’existence de cellules T cross-réactives reconnaissant des épitopes communs entre les coronavirus saisonniers endémiques causant des infections banales des voies respiratoires et SARS-CoV-2.
Commentaire : Les auteurs reconnaissent eux-mêmes les limitations de cette étude : tous les patients étudiés ont eu une maladie peu sévère. Ils n’ont pas de données concernant la durée de ces réponses cellulaires. Néanmoins, l’étude informe à propos du rôle des différents antigènes dans ces réponses immunes, et donc le choix de ces derniers dans les stratégies vaccinales. Elle suggère un rôle important pour le help des cellules T CD4+ dans le développement des réponses anticorps. Enfin, elle suggère la possibilité que les infections banales avec les coronavirus saisonniers, en causant des réponses T CD4+, puissent être responsables d’une immunité croisée entre ces virus et SARS-CoV-2. Ce dernier point méritera à l’évidence d’autres études pour préciser le rôle, s’il existe, d’une telle immunité croisée et sa prévalence.
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