Cet article rapporte les résultats d’une revue systématique et méta-analyse des études sur l’effet de plusieurs interventions pour prévenir la transmission de coronavirus (SARS-CoV-1, SARS-CoV-2 et MERS) : distance physique, port de masque et port de protection oculaire.
Dans cette étude, les auteurs ont identifié 44 études comparatives réalisées dans le milieu médical ou dans la communauté. À noter qu’il n’y a malheureusement aucune étude randomisée (2 sont en cours). Les auteurs ont utilisé une méthodologie et des outils statistiques sophistiqués et rigoureux pour leur analyse.
Les résultats indiquent que :
- le risque de transmission lors d’un contact passe de 12,8 % à 2,6 % si la distance physique à un individu infecté est supérieure à 1 mètre, et continue de diminuer en fonction de la distance. Le risque diminue encore de moitié à 2 mètres.
- Le port de masque diminue le risque d’infection de 17,4 % à 3,1 %. Un effet protecteur est observé aussi bien dans les études réalisées dans le milieu médical que dans la communauté. La diminution est la plus importante avec les masques N95 (FFP2), mais est également présente avec le port de masques chirurgicaux ou de masques en coton à couches multiples, ceci même si l’on tient compte du fait que le masque peut être mal porté par certains individus.
- Le port de protection oculaire (lunettes, écran) est aussi associé à une diminution du risque d’acquisition d’une infection qui passe de 16 % à 5,5 %.
Commentaire : Cette revue est intéressante car les résultats sont parmi les meilleures évidences scientifiques documentant l’efficacité de la distance physique, du port de masques et de protection oculaire pour la prévention de la transmission des coronavirus.
Le fait que les auteurs aient sélectionné les études portant exclusivement sur des coronavirus est important à souligner, car les études portant sur d’autres pathogènes respiratoires pourraient ne pas avoir la même pertinence.
On relève l’importance de la protection oculaire, surtout étudiée en milieu médical.
À noter également que 37/44 études ont été publiées bien avant la pandémie et pouvaient donc être consultées et analysées lorsque le SARS-CoV-2 est apparu. On peut donc s’étonner des doutes émis par nombre d’autorités et experts sur l’efficacité du port de masques par le public, et donc de la recommandation très tardive d’en porter lorsqu’une distance physique minimale ne peut être observée. Cette revue suggère également que les masques N95 (FFP2) protège mieux que les autres masques contre l’acquisition de coronavirus. Sous réserve de disponibilité, on peut se demander si les personnes à haut risque de complications ne devraient pas porter des masques FFP2 lors de contacts étroits prévisibles. Dans la mesure où de tels contacts sont limités, ces masques peuvent être réutilisés sous certaines conditions, même si les autorités n’osent en faire une information/instruction précise, ce qui est très regrettable.