ISO 690 Voruz, P., Alcântara, I., J., D., Cionca, A., Nuber-Champier, A., Assal, F., Péron, J., A., Syndrome post-Covid-19 neuropsychologique, Rev Med Suisse, 2023/824 (Vol.19), p. 800–802. DOI: 10.53738/REVMED.2023.19.824.800 URL: https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2023/revue-medicale-suisse-824/syndrome-post-covid-19-neuropsychologique
MLA Voruz, P., et al. Syndrome post-Covid-19 neuropsychologique, Rev Med Suisse, Vol. 19, no. 824, 2023, pp. 800–802.
APA Voruz, P., Alcântara, I., J., D., Cionca, A., Nuber-Champier, A., Assal, F., Péron, J., A. (2023), Syndrome post-Covid-19 neuropsychologique, Rev Med Suisse, 19, no. 824, 800–802. https://doi.org/10.53738/REVMED.2023.19.824.800
NLM Voruz, P., et al.Syndrome post-Covid-19 neuropsychologique. Rev Med Suisse. 2023; 19 (824): 800–802.
DOI https://doi.org/10.53738/REVMED.2023.19.824.800
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neurologie
26 avril 2023

Syndrome post-Covid-19 neuropsychologique

DOI: 10.53738/REVMED.2023.19.824.800

Post-COVID-19 neuropsychological syndrome

Recent observations suggest the persistence of neurological and neuropsychological symptoms in the long-term following SARS-CoV-2 infection. Currently described within the post-COVID-19 syndrome. The objective of this article is to discuss recent epidemiological data and data from neuroimaging studies. Finally, a discussion is proposed regarding recent suggestions regarding the existence of distinct phenotypes of post-COVID-19 syndrome.

Résumé

De récentes observations suggèrent la persistance de symptômes neurologiques et neuropsychologiques à long terme suite à une infection par le SARS-CoV-2, actuellement décrit au sein du syndrome post-Covid-19. L’objectif de cet article est d’aborder les récentes données épidémiologiques et les données provenant d’études en neuro-imagerie. Finalement, une discussion est proposée quant aux récentes suggestions concernant l’existence de phénotypes distincts au sein du syndrome post-Covid-19.

Introduction

De récentes observations indiquent que les symptômes neurologiques et neuropsychologiques pourraient jouer un rôle prépondérant dans la chronicisation du syndrome post-Covid-19.1 Dans ce contexte, l’objectif de cet article est de discuter les récentes observations de troubles chroniques neuropsychologiques dans le cadre de ce syndrome. En premier lieu, nous abordons les données épidémiologiques et descriptives des déficits neuropsychologiques dans le syndrome post-Covid-19 et en deuxième lieu, nous développons les récentes observations d’altérations structurelles et fonctionnelles mises en évidence grâce à l’imagerie par résonance magnétique. Finalement, nous présentons les récentes suggestions concernant l’existence de potentiels phénotypes cliniques distincts au sein du syndrome post-Covid-19.

Prévalence et nature des déficits neuropsychologiques dans le syndrome post-covid-19

Dès les premiers cas d’infection par le SARS-CoV-2, des rapports ont fait état de symptômes neurologiques et neuropsychologiques allant au-delà de la phase aiguë. Ceci a été confirmé au travers d’études rétrospectives et prospectives sur de larges cohortes mettant en évidence la persistance de déficits neuropsychologiques à long terme.2 Ceci dit, à ce jour, la majorité de ces études a évalué la prévalence des déficits neuropsychologiques sur la base d’échelles cognitives composites globales (par exemple, MoCA (Montreal Cognitive Assessment), TICS (Telephone Screening of Cognitive Status), MMSE). Ces outils de dépistage présentent des limites en termes de sensibilité et spécificité. Plus récemment, des études ayant eu recours à l’utilisation de batteries de tests neuropsychologiques plus exhaustives et spécifiques ont permis de mieux caractériser la nature et la sévérité des troubles neuropsychologiques persistants. Des performances déficitaires dans les domaines mnésiques, exécutifs et attentionnels ont ainsi été rapportées de 3 à 12 mois post-infection, avec des troubles affectant jusqu’à 30 % des patients et ceci indépendamment de la sévérité de l’infection durant la phase aiguë.3-6 Malgré des examens neuropsychologiques détaillés utilisant des tests largement utilisés, ces travaux souffrent de certaines limites méthodologiques telles que l’effet dit de « cumul de tests neuropsychologiques » ou le manque d’évaluation de la validité des symptômes et/ou de la présence de symptômes non congruents.6 Dans ce contexte, une récente analyse réalisée dans le cadre du projet COVID-COG (projet coordonné par la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’Université de Genève et le Service de neurologie des Hôpitaux universitaires de Genève) a précisément cherché à estimer le cumul de déficits neuropsychologiques, ainsi que la validité des symptômes 6-9 mois après l’infection, en comparaison d’une population normative simulée. Trois groupes de personnes, sans antécédents cliniques avant l’infection (n = 121 au total), ont été inclus dans cette étude et catégorisés selon la sévérité de la forme respiratoire à la phase aiguë.5 Les résultats ont mis en évidence la présence de déficits neuropsychologiques cumulés dans le groupe de personnes hospitalisées en soins intensifs et nécessitant une ventilation mécanique, ainsi que dans le groupe de personnes ayant une forme modérée nécessitant une hospitalisation en unités de soins conventionnelles. Ces résultats suggèrent que les conséquences neuropsychologiques à long terme d’une infection par le SARS-CoV-2 iraient bien au-delà des effets neuropsychologiques à long terme d’une hospitalisation en soins intensifs et/ou des traitements associés. En revanche, le groupe de personnes non hospitalisées ne présentait pas de déficits neuropsychologiques cumulés supérieurs à la population normative.6 Ces résultats n’excluent toutefois pas : a) la présence de déficits neuropsychologiques isolés principalement exécutifs et attentionnels chez certains de ces patient-e-s dits « légers », pouvant retentir de manière significative sur les activités de la vie quotidienne6 et b) un manque de sensibilité de certains outils neuropsychologiques utilisés chez des personnes avec une grande réserve cognitive par exemple.

Effets à long terme d’une infection par le sars-cov-2 : données de l’irm

Au-delà des risques d’événements neurologiques (par exemple, AVC) plus importants après une infection par le SARS-CoV-2,2 de récentes observations suggèrent la présence d’altérations structurelles, mais également des modifications de connectivité fonctionnelle cérébrale.5,7,8 Ainsi, une récente étude sur une importante cohorte de personnes ayant eu une infection à SARS-CoV-2 et n’ayant pas été hospitalisées a mis en évidence des altérations structurelles et fonctionnelles des régions cérébrales à la suite de l’infection, en comparaison à des données en imagerie en pré-infection. Les résultats ont permis de démontrer, au premier plan, une réduction plus importante de la taille globale du cerveau, de l’épaisseur de la matière grise, et du contraste tissulaire dans le cortex orbitofrontal et le gyrus parahippocampique.7 Des changements plus importants relativement aux marqueurs de lésions tissulaires dans les régions fonctionnellement connectées au cortex olfactif primaire ont également été rapportés dans cette étude. Au-delà des aspects cérébraux structurels, l’étude COVID-COG a mis en évidence des altérations de la connectivité fonctionnelle, en l’absence d’altérations structurelles, avec des patterns d’hyperconnectivité cortico-sous-corticales (réseaux somatosensoriels, limbiques et mode par défaut), ainsi que d’hypoconnectivité au niveau de structures corticales cérébrales (réseaux dorso-attentionnels, somatosensoriels et de saillance attentionnelle ventrale) chez les personnes ayant été admises en soins intensifs et sous ventilation mécanique. Des patterns d’hyperconnectivité cortico-sous-cortico-cérébelleuses (réseaux somatosensoriels, limbiques et cérébelleux) chez les personnes ayant eu une forme modérée en phase aiguë (hospitalisation en unités de soins conventionnelles) ont également été observés. Dans leur globalité, et à l’instar des résultats comportementaux précédemment décrits, ces résultats suggèrent la présence d’altérations cérébrales à la suite d’une infection par le SARS-CoV-2, allant au-delà des effets qui peuvent être observés lors d’un séjour en soins intensifs.

Existe-t-il des phénotypes cliniques distincts du syndrome post-covid-19 ?

Les données récentes suggèrent la présence de déficits neuropsychologiques à long terme, principalement chez les personnes ayant eu une infection modérée à sévère, mais également chez certaines personnes ayant présenté une forme légère.3,4 Néanmoins, la sévérité de la forme respiratoire en phase aiguë ne semble pas être une variable discriminante, ni prédictive de l’évolution vers un syndrome post-Covid-19. Récemment, le projet COVID-COG a permis de distinguer les patient-e-s, non pas en fonction de la sévérité de l’infection en phase aiguë, mais en fonction de la présence (ou absence) de conscience des déficits mnésiques (anosognosie des troubles de mémoire), olfactifs (anosognosie des troubles de l’olfaction), ou respiratoires (absence de dyspnée autorapportée).8 Dans ce travail, les données en neuro-imagerie mettaient en évidence des patterns d’hypoconnectivité chez les personnes présentant une anosognosie au sein des réseaux cérébraux somatosensoriels, exécutifs, dorso-attentionnels et du mode par défaut.8 Ces résultats ont été complétés par des analyses rétrospectives des profils immunologiques en phase aiguë. Ces dernières ont mis en évidence un probable phénomène de monocytose chez les patients anosognosiques9 et suggèrent l’existence de phénotypes distincts dans le contexte du syndrome post-Covid-19.

Conclusion

Les données récentes indiquent que les multiples troubles neurologiques et neuropsychologiques associés à des altérations cérébrales pourraient être l’une des caractéristiques principales du syndrome post-Covid-19. Ces déficits chroniques ne seraient pas spécifiques aux personnes ayant eu des formes sévères de la maladie en phase aiguë. En revanche, la conscience des troubles serait une variable discriminante. Des biomarqueurs prédicteurs du syndrome post-Covid neuropsychologique commencent à être identifiés et ce, dès la phase aiguë.

Conflit d’intérêts :

Les auteurs n’ont déclaré aucun conflit d’intérêts en relation avec cet article.

Financement :

La présente recherche a été soutenue par des bourses du Fonds national suisse pour la recherche scientifique (FNS) accordées à Julie Anne Peron (PI) et Frédéric Assal (Co-PI) dans le cadre du Programme national de recherche COVID-19 (PNR 78 ; bourse n° 407840_198438, RNP 78). Les financeurs n’ont eu aucun rôle dans la collecte des données, la discussion du contenu, la préparation du manuscrit ou la décision de publier.

Implications pratiques

• Actuellement, une accumulation d’observations suggère la persistance de troubles neurologiques et neuropsychologiques à long terme suivant une infection par le SARS-CoV-2.

• L’existence d’altérations cérébrales, ainsi que de différents phénotypes indépendants de la sévérité de l’infection en phase aiguë est mise en évidence, mais nécessite des études de réplications.

• Dans ce contexte, une prise en charge neuropsychologique et neurologique semble nécessaire pour objectiver les plaintes, mais également évaluer des patients n’en présentant pas.

Auteurs

Philippe Voruz

Laboratoire de neuropsychologie clinique et expérimentale, Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, Université de Genève
1211 Genève 4
philippe.voruz@unige.ch

Unité de neurologie cognitive, Service de neurologie, Hôpitaux universitaires de Genève
1211 Genève 14
philippe.voruz@unige.ch

Faculté de médecine, Université de Genève
1211 Genève 4
philippe.voruz@unige.ch

Isabele Jacot De Alcântara

Laboratoire de neuropsychologie clinique et expérimentale, Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, Université de Genève
1211 Genève 4
isabele.jacotdealcantara@unige.ch

Alexandre Cionca

Laboratoire de neuropsychologie clinique et expérimentale, Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, Université de Genève
1211 Genève 4
alexandre.cionca@unige.ch

Anthony Nuber-Champier

Laboratoire de neuropsychologie clinique et expérimentale, Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, Université de Genève
1211 Genève 4
anthony.nuber@unige.ch

Unité de neurologie cognitive, Service de neurologie, Hôpitaux universitaires de Genève
1211 Genève 14
anthony.nuber@unige.ch

Frédéric Assal

Service de neurologie, Département de neurosciences cliniques, Hôpitaux universitaires de Genève et Faculté de médecine, Université de Genève
1211 Genève 4
frederic.assal@hug.ch

Centre de la mémoire, Département de réhabilitation et gériatrie, Hôpitaux universitaires de Genève
1211 Genève 14
frederic.assal@hug.ch

Julie Anne Péron

Laboratoire de neuropsychologie clinique et expérimentale, Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, Université de Genève
1211 Genève 4
julie.peron@unige.ch

Unité de neurologie cognitive, Service de neurologie, Hôpitaux universitaires de Genève
1211 Genève 14
julie.peron@unige.ch