Tous les mardis et vendredis de l'année, nombreux sont les médecins de Genève et des alentours qui se réunissent pour participer à une heure de formation postgraduée ou continue organisée par le Département de médecine interne. Parfois ésotériques, ou encore trop théoriques, certains exposés «manquent la cible» ; d'autres contribuent efficacement à la formation des praticiens ; quelques-uns enfin se donnent devant un auditoire particulièrement attentif et surtout silencieux : ce sont les «best of», comme on les appelle dans le «show business». Ces contributions excellent car elles interpellent, touchent, mar-quent ou aident, par la problématique posée, les solutions proposées, la méthodologie de discussion utilisée à mieux comprendre notre profession.Dans ce numéro de Médecine et Hygiène, nous vous présentons com-me nous l'avons fait auparavant quelques exemples de la série «best of» de 1999 : pas tous, bien évidemment. Cet éventail de contributions reflète bien la médecine interne actuelle, puisqu'il s'étend de problèmes méthodologiques de laboratoire jusqu'à l'interrogation sur la qualité du dialogue entre soignants et soignés. Toutes ces contributions, outre leur excellence, ont deux aspects additionnels en commun : elles sont orientées vers le patient ; elles utilisent une méthodologie objective, adaptée à la ques-tion, reproductible.Car c'est aussi cela la recherche d'excellence en médecine : en marge des luttes partisanes que nous vivons actuellement, des arguments politi-ques et économiques peu fondés ou stériles, des réorganisations proposées ou imposées, il s'agit de continuellement recentrer les problèmes, affiner la démarche, poser des objectifs réalisables, enfin réaliser un projet dont les résultats redeviendront point de jaillissement pour de nouvelles interrogations ; et centrer cet-te démarche sur une amélioration de la santé, individuelle et communautaire.Soutenue, la recherche d'excellence ? Guère plus. Les responsables économiques et politiques de la santé n'y voient apparem-ment guère qu'une tendan-ce élitiste, abstraite, voire utopique dans un système qui a tous les maux et qui doit respecter avant tout efficacité, efficience, normalisation et contrôle. Ils ont tendance à oublier que la Suisse s'est forgée une place internationale aussi grâce à sa recherche biomédicale de première qualité, que cette compétition ne se gagne pas par normalisation et contraintes, que celles-ci soient financières ou structurelles ; et qu'enfin, on ne peut que rationaliser ce qui existe, donc ce qui a été l'objet de création par les au-tres.Ringarde, la recherche d'excellence ? Dans le nouvel environnement économique international, nos «partenaires d'hier» dans le domaine scientifique ont compris l'enjeu et ont relancé la régate. A Genève et en Suisse, les voiles flottent au vent, indécises, alors que les médaillés d'hier regardent tristement leurs trophées. N'avons-nous pas de quoi être parmi les «best of» ? Pour cela, il faut poursuivre la quête de l'excellence, investir dans les jeunes talents, inventer la médecine de demain... Pour cela, il faut plus d'espace pour réflexion et créativité, du courage et de l'esprit d'innovation. Ces qualités-là auraient-elles quitté la Suisse ?