Faire face au vieillissement :les stratégies européennes
J.-P. Michel
Rev Med Suisse
2000; volume -4.
20923
Résumé
En 1999, l'Europe comptait 728 millions d'habitants dont 14% avaient plus de 65 ans (tableau 1).1 Entre 1999 et 2050, les projections démographiques prévoient une augmentation majeure des populations âgées de plus de 65 ans et plus de 80 ans (tableau 2).2Pour faire face à ces bouleversements démographiques, les politiques de la santé mises en place dans les divers pays européens sont des plus diverses, en raison des particularités du système social de chacun des pays concernés.3 De plus, comme rapporté récemment dans une analyse publiée à Genève par les Nations unies, les recherches sur le vieillissement en Europe sont nombreuses, de qualité, mais effectuées à des niveaux fort variés et surtout sans aucune coordination, ce qui rend illusoire toute comparaison entre pays.4 Dans ce sens, beaucoup d'attentes existent vis-à-vis du 5e programme européen de recherche (1999-2002) intitulé «Augmenter la qualité de vie et favoriser les ressources naturelles», qui inclut d'intéressantes initiatives sur la recherche sur le viellissement, les maladies chroniques et le retentissement quotidien de ces pathologies.5 Ce programme va incontestablement stimuler la coordination des thèmes de recherches et des recueils de données entre les divers pays européens. Cependant, cette initiative est fort tardive compte tenu des rapides et immenses bouleversements (démographiques, sociaux, médicaux et économiques, etc.) provoqués par le vieillissement des populations européennes. Une agence européenne centralisée (sur le modèle du «National Institute of Aging» des Etats-Unis) et uniquement dévolue aux études des multiples implications du vieillissement est vainement espérée.Quoi qu'il en soit, les futures générations de gériatres académiques qui se préparent à franchir les frontières des pays européens recherchent avec avidité à élever tant leur savoir, que leurs savoir-être et savoir-faire. L'harmonisation des compétences et surtout des titres devient d'une cruelle actualité. Parmi les nombreuses initiatives éducationnelles, il faut relever l'European Academy for Medicine of Ageing, initiée par les gériatres suisses à l'Institut universitaire Kurt Boesch (Bramois, Valais). Il s'agit d'un cours résidentiel comportant quatre sessions d'une semaine réparties sur deux ans et dont le principal objectif est «to teach the future teachers in geriatrics».6 Pendant les six dernières années, plus de cent étudiants venant de quinze pays européens, plus l'Afrique du Sud, l'Argentine, le Brésil, Israël, le Liban, le Mexique, la Pologne, la Roumanie, l'Ukraine
ont activement participé à ces cours. Le succès est considérable puisque les 2/3 des participants ont obtenu une position académique de gériatrie dans leur pays respectif.7 Cette intéressante initiative supportée par l'Organisation mondiale de la santé, l'International Gerontological Association, les organisations gériatriques nationales, vient d'être officiellement reconnue comme la formation des futurs professeurs de gériatrie en Europe, par la nouvelle «European Community Geriatric Medicine Society».Ce sont les étudiants de ce cours, futurs professeurs francophones degériatrie, qui ont réalisé la plus grande partie de ce numéro spécial «géronto-logie».