L'âge maximum atteint avant de mourir augmente régulièrement de-
puis plus d'un siècle et ne semble pas devoir régresser, affirme John Wilmoth, démographe à l'Université de Californie Berkeley (Etats-Unis) (Lancet 2000 ; 356 : 1249). «Contrairement à ce qu'affirment de nom-
breux articles scientifiques, il n'existe pas de limite fixe à l'espérance de vie humaine», explique Wilmoth. «Les gens disent qu'il est possible d'étendre l'espérance de vie moyenne mais pas l'âge maximum car au bout du compte, on se heurte à une limite au-delà de laquelle il n'est pas possible d'augmenter l'espérance de vie à moins de modifier génétiquement l'organisme. Mais nous montrons qu'il est impossible de dire où se situe la frontière au-delà de laquelle personne ne peut vivre».
Wilmoth et ses collègues ont analysé les données démographiques nationales en Suède de 1861 à 1999, la plus longue série d'informations fiables sur les limites maximales qu'il est possible d'atteindre. Ils ont trouvé une augmentation de l'âge maximum d'un an toutes les deux décennies jusqu'à 1970, lorsque l'âge maximum était de 105 ans, puis une soudaine accélération d'une année toutes les décennies pour atteindre 108 ans dans les années 1990. L'ana-
lyse montre que l'augmentation de l'espérance de vie résulte des avancées de la médecine et de la santé publique qui ont eu lieu au cours du XXe siècle et non du fait de l'augmentation globale de la population. L'accélération dans les années 1970 est attribuable principalement à une baisse de la mortalité chez les personnes au-dessus de 70 ans (Science 2000 ; 289 : 2366-8).
«Les gens ont dit depuis longtemps que les humains ne peuvent pas vivre au-delà de l'âge de 120 ans, mais ce chiffre vient de nulle part», insiste Wilmoth. Il existe déjà le cas bien documenté de Jeanne Calment, qui est morte en 1997, à l'âge de 122 ans. Wilmoth déclare même qu'il ne serait pas surpris si le record du monde devait atteindre 125 ou 150 ans d'ici 2050 !J. Mirenowicz