Paris ; soir de ramadan ; ciel bleu et froid planant sur le Luxembourg et ses voisins immédiats que sont l'hôpital du Val-de-Grâce et l'Observatoire de Paris. Paris et sa centralisation des informations de la planète, Paris et son savoir-faire de toujours qui aide sinon à comprendre du moins à relativiser, à hiérarchiser. Paris et ses écrans médiatisés qui nous apprennent dans la nuit naissante que cinq personnes sont mortes de la fièvre d'Ebola au cours du premier week-end de décembre en Ouganda, portant le bilan de l'épidémie de cette fièvre hémorragique à 152 décès depuis qu'elle a éclaté dans ce pays à la mi-septembre, a indiqué, lundi 4 décembre, le ministère ougandais de la Santé. «Les infirmières et infirmiers ougandais qui travaillent dans les hôpitaux concernés ont réclamé au gouvernement le paiement d'une prime de risque, en invoquant le fait que douze d'entre eux étaient morts au contact des malades depuis le début de l'épidémie» souligne l'Agence France-Presse.
«Nous ne ferons rien pour demander aux infirmiers d'arrêter de travailler mais nous exigeons qu'ils soient parfaitement protégés contre le risque sur leur lieu de travail et nous demandons que ceux et celles qui travaillent au contact de patients infectés perçoivent une prime de risque», déclare la secrétaire générale du Conseil des infirmiers et sages-femmes ougandais, Rita Matte. Douze infirmiers et infirmières, dont trois stagiaires, sont morts depuis mi-septembre de la fièvre d'Ebola. Tous travaillaient à
l'hôpital de Lacor, dans le nord de l'Ouganda, où la majorité des malades a été admise. Le dernier bilan faisait état de 147 morts sur 376 personnes infectées par le virus, qui a affecté principalement le district de Gulu, dans le nord du pays.
Il y a quelques jours seulement, on apprenait qu'une équipe de chercheurs américains avait mis au point un vaccin protégeant les macaques contre cette
fièvre hémorragique. «L'immunisation obtenue sur ces primates devrait permettre de mieux comprendre le mécanisme de l'infection provoquée par le virus Ebola et de mettre au point une thérapie antivirale ainsi qu'un vaccin capable de protéger les humains contre ce virus et les agents infectieux des autres fièvres hémorragiques», expliquaient alors les chercheurs de l'Institut américain de la Santé (NIH) et du Centre de contrôle des maladies (CDC) d'Atlanta, dont les travaux étaient publiés dans les colonnes de Nature.
D'Alger, toujours ce soir : «Plus de 140 personnes ont été atteintes par la fièvre typhoïde dans la région de Tiaret (340 km à l'ouest d'Alger), a-t-on appris lundi de source officielle. La contamination de ces personnes a été confirmée par des analyses de laboratoire, alors que les hôpitaux de la région ont reçu, en dix jours, plus de 330 personnes présentant les symptômes de cette maladie. Une «commission nationale d'enquête» a été dépêchée d'Alger par le ministère algérien de la Santé pour déterminer les causes de cette épidémie, dont les premiers cas étaient apparus il y a près de deux mois. Toujours selon un responsable du ministère de la Santé, la majorité des cas enregistrés à Tiaret, dont 60% d'enfants, seraient dus à la pollution de la source de Aïn El-Djenane, au centre de la ville, qui a été fermée par les autorités. La typhoïde sévit à l'état endémique en Algérie du fait de la pollution de l'eau potable dans les villes, par des infiltrations d'eaux usées dans des canalisations vétustes ou construites sous des égouts par des entrepreneurs peu scrupuleux.
De France : la fromagerie de Len-
cloître (Vienne) a annoncé, vendredi 1er décembre, dans un communiqué, retirer de la vente l'ensemble des fromages «Chevrac» et «Palet Cremeux», fabriqués dans ses ateliers, après la mise en évidence de listeria dans ces produits. Par mesure de précaution, la société retire également de la vente l'ensemble des fromages «Chabichou du Poitou», fabriqués dans le même atelier, indique le communiqué. Ces fromages ont comme code F86-128-01 CEE pour le Chevrac et le Palet Cremeux et F86-128-01 CEE pour le Chabichou. La société recommande aux personnes qui détiendraient ces produits de ne pas les consommer et de les rapporter aux points de vente. A quelques milliers de kilomètres de Paris et de Lencloître, la fièvre de la vallée du Rift a, depuis le 11 septembre, fait 108 morts en Arabie Saoudite. Le ministère saoudien de la Santé vient aussi de préciser que 750 personnes, au total, ont contracté cette zoonose qui a par ailleurs tué plus d'une centaine de personnes au Yémen, pays limitrophe du royaume saoudien.
A Mourmansk (Russie), un cas suspect de décès des suites de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) aurait été enregistré en août dernier sans qu'il puisse être établi s'il s'agit d'un premier cas lié à la maladie de la vache folle.
Le cas concerne un marin de la flotte commerciale, âgé de
29 ans, décédé en août dernier. «Ce n'est pas le premier cas de MCJ en Russie», a souligné le médecin en chef de la région, Andreï Tcherniev, soulignant que la mala-
die pouvait avoir d'autres origines que la consommation de viande contaminée. «Mais le caractère exceptionnel de ce cas est le jeune âge du patient, alors que l'âge moyen des décès de cette maladie est beaucoup plus élevé» a souligné le Dr Tcherniev. «Si l'on admettait l'hypothèse d'une contamination par des produits alimentaires, il faudrait prendre en compte le fait que, s'agissant d'un marin, il a pu être contaminé à l'étranger», a, de son côté, souligné Svetlana Tchemakina, une porte-parole du centre épidémiologique régional de Mourmansk. A la mê-
me heure, la Grande-Bretagne précise qu'elle
a, depuis 1995, enregistré 87 cas de la variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob dont 31 ont été enregistrés en 2000. En France, le ministère de l'Agri-
culture annonce que, depuis le début de l'année 2000, 125 cas d'ESB ont déjà été diagnostiqués.
La Terre tourne, la nuit tombe mais, sur les frontières de l'anormal, les vigies de la surveillance épidémiologique ne s'endorment plus jamais.
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