Le coût de la santé par assuré a augmenté de 8% durant les neuf premiers mois de l'an 2000. Les pharmaciens, dont le montant total des factures a grimpé de 18,8%, sont les premiers bénéficiaires de cette hausse inquiétante. C'est ce que révèle un nouvel indice créé par le groupement des assureurs Cosama. Pour Vincent Claivaz, directeur de Cosama, «on va vers la catastrophe, puisque les coûts continuent de grimper plus vite que les primes». Il refuse toutefois de jeter la pierre aux pharmaciens. Ces derniers «ne sont pas responsables de cette hausse des coûts, même s'ils en bénéficient», affirme M. Claivaz. A quoi l'attribuer ? «A l'évolution de la médecine et de la science. On invente chaque année de nouveaux produits, plus efficaces mais aussi plus chers.» Et d'évoquer de puissantes pharmacopées contre la sclérose en plaques ou l'hépatite C.
Au deuxième rang des secteurs qui augmentent le plus, on retrouve les soins à domicile (+ 7,3%). Cette hausse résulte d'un choix politique, puisque l'on a favorisé ce secteur pour réaliser des économies dans les hôpitaux. Résultat : les coûts des hôpitaux sont restés stables (si l'on excepte la hausse dans les EMS : + 9%). L'explosion des soins à domicile entraîne à son tour une hausse dans les pharmacies, puisque les médicaments qui ne sont plus prescrits en hôpital doivent être achetés à l'extérieur.
La tendance à la hausse ne date pas d'hier. Déjà marquée en 1998 (+ 3,2%) et 1999 (+ 6,1%), elle est loin de s'inverser cette année. M. Claivaz estime qu'il est urgent de réfléchir au financement de notre système de santé. «Les caisses ne peuvent pas continuer de puiser dans leurs réserves.» (...)
Bernard Favre
(24 Heures du 10 janvier 2001)