Le lobbying de l'industrie du tabac a porté ses fruits en Suisse. Discret, mais efficace, il a contribué à ce que les lois sur le tabac y soient peu contraignantes, selon une étude subventionnée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) publiée hier. De son côté, l'Office fédéral de la santé publique ne se dit pas surpris par ces résultats.
Cette étude, intitulée «l'industrie du tabac et son influence sur la politique du tabac en Suisse couronnée de succès», a été réalisée par Chung-Yol Lee et Stanton Glantz, deux experts américains. Elle se fonde sur des documents confidentiels obtenus aux Etats-Unis suite à des procès intentés aux cigarettiers par des fumeurs souffrant de cancers.
Les auteurs constatent tout d'abord que «bien que la Suisse ait certains des programmes de santé les plus progressistes et innovateurs, la plupart de ceux qui défendent la santé publique sous-estiment le pouvoir et la force de l'industrie du tabac». Ils rappellent également que 10 000 personnes meurent chaque année à cause du tabac en Suisse et que la taxe sur le tabac y est la plus basse de l'Europe de l'Ouest.
Les lois qui concernent le tabac, le marketing et les ventes sont «faibles» et ont peu d'effets pratiques sur l'industrie du tabac. Enfin, il n'y a aucune véritable protection des non-fumeurs contre la fumée passive, que ce soit dans les endroits publics ou sur les lieux de travail.
Le lobby du tabac a été actif dans un grand nombre de domaines, soulignent les experts. De manière générale, il a consenti «un effort très important pour éviter la mise en uvre d'une législation anti-tabac efficace en Suisse». Toutefois, le lobbying des cigarettiers fut quasiment «invisible», puisqu'ils ont été souvent relayés par d'autres milieux, relèvent les auteurs. (...)
(Tribune de Genève du 12 janvier 2001)