Le cas du patient amputé par erreur de la fausse jambe vendredi à l'hôpital régional de Lugano suscite des questions sur la mauvaise ambiance de travail qui régnerait dans l'hôpital. Pour le secrétaire du Syndicat suisse des services publics (SSP) et député socialiste au Grand Conseil tessinois Raoul Ghisletta, cette tragique erreur n'est pas vraiment surprenante : «Depuis longtemps, à l'hôpital Civico, il existe un malaise» a-t-il déclaré hier. «Le personnel travaille à la chaîne, pratiquement chacun pour soi». (...)
La direction de l'hôpital, le Ministère public et le syndicat sont unanimes à déclarer que l'erreur ne doit pas retomber uniquement sur le chirurgien mais sur toute l'équipe qui a assisté à l'intervention : «Dans ce cas, nous n'enquêtons pas sur une seule personne», précise le procureur.
Le chirurgien qui a procédé à l'amputation s'est spontanément dénoncé sitôt sa faute constatée. La jambe droite, la bonne, a été amputée. (...)
Selon la Fédération des médecins suisses (FMH) et l'Organisation suisse des patients (OSP), il n'existe aucun antécédent du genre en Suisse. Toutefois la présidente de l'OSP, Margrit Kessler admet avoir entendu parler, «inofficiellement» d'une même erreur.
Après l'échange de médicaments qui avait provoqué la mort de deux nourrissons en décembre dernier à l'hôpital de l'Ile à Berne, l'OSP a demandé à la fédération qu'elle mette sur pied une centrale d'information pour les incidents médicaux.
Une banque nationale de données où les erreurs pourraient être signalées anonymement serait nécessaire. Il faudrait également une commission d'enquête qui puisse tirer un enseignement des erreurs commises.
Une telle banque sera préparée et elle devrait être opérationnelle dès mars ou avril prochain, confirme le président de la FMH, Hans Heinrich Brunner. Il se dit toutefois plus sceptique en ce qui concerne une commission.
(La Liberté du 16 janvier 2001)