(...) Les réserves sont constituées à partir de primes payées par l'assuré : elles doivent donc être liées, pour le moins, au principe du libre passage d'une assurance à l'autre et non pas rester dans le patrimoine de la première assurance. Entre 1996 et 1998, Visana s'est délestée de 400 000 assurés. Les sommes des réserves (celles-ci dépassaient le taux des 15% prescrits) sont demeurées chez elle, alors que les assurances accueillant les nouveaux assurés étaient dans l'obligation de reconstituer de nouvelles réserves, toujours payées par les assurés, et, logiquement, augmentaient leurs primes.
Mais où sont donc passées les réserves des assurés Visana ? Elles se sont fondues dans les avoirs de la caisse-maladie pour être placées en commun avec les fonds de roulement provenant des paiements anticipés des primes. Les placements produisent des intérêts et subissent ensuite des dévaluations et des amortissements. Pour être précis, le total général des placements effectués pour l'ensemble des assureurs est passé de 7,9 milliards (1996) à 10,1 milliards (1998), à savoir une augmentation de la fortune de 2,2 milliards.
L'augmentation de ces milliards ne peut provenir que des excédents des sommes perçues dans le cadre des primes. Il est à relever que pour la même période, les placements ont subi des dévaluations de 2,6 milliards : il s'agit là d'une perte simulée que les assureurs compensent à partir des réserves. (...)René Vaudroz
(Le Temps du 29 janvier 2001)